Cinq ans après l'échec de leur première tentative de fusion, Lucent et Alcatel on réentamé des pourparlers en vue d'un mariage amical. La fusion, si elle aboutit, donnerait naissance à un géant capable de rivaliser avec Cisco.
Alcatel et Lucent ont confirmé aujourd'hui dans un communiqué lapidaire qu'ils ont entamé des discussions de fusion. L'opération amicale, si elle se confirmait, se ferait au cours du marché et serait un mariage «entre égaux». Alcatel a réalisé un CA de 13,1 Md€ en 2005 et un profit de 930 M€. Lucent de son côté a réalisé un CA de 9,4 Md$ (env. 7,76 Md€) et un bénéfice de 1,2 Md$ (env. 991 M€). Ce n'est pas la première fois qu'Alcatel et Lucent envisagent un mariage. En 2001, déjà, les deux sociétés avaient mené de longues négociations près de Paris, dans le château des Mesnuls (aujourd'hui propriété de Thales) avec pour but de mener une fusion entre égaux. Mais les négociations avaient connu une fin catastrophique le 29 mai 2001 sur la question du contrôle du conseil d'administration, Alcatel désirant contrôler 8 sièges sur 14. 5 ans plus tard, Lucent et Alcatel ont considérablement maigri et sont toujours face au même constat: Alcatel reste un nain outre-Atlantique tandis que Lucent reste un acteur de second rang en Europe. Un mariage entre les deux société ferait donc sens, dans la mesure où il y a peu de recouvrements entre les activités géographiques des deux sociétés. Il pourrait aussi permettre aux deux sociétés de mutualiser leur R&D sur des secteurs clés comme les coeurs de réseaux optique, les réseaux mobiles. Enfin, il permettrait à Lucent de remettre les pieds sur le marché de la téléphonie IP d'entreprise d'où il est largement absent depuis le spin-off d'Avaya. Autre atout, le mariage entre les deux sociétés permettrait à la nouvelle entité de faire jeu égal avec Cisco en termes de chiffre d'affaires mais aussi de distancer Nortel. Il permettrait aussi aux deux sociétés de mieux lutter face à la montée en puissance de nouveaux concurrents comme les chinois Huawei Technologies et ZTE. Reste maintenant à éviter les conflits qui ont fait achopper la négociation de 2001. Du côté français, Serge Tchuruk est toujours présent tandis que du côté américain c'est Patricia Russo qui mènera les négociations. Gageons qu'elle écoutera avec intérêt l'avis d'Henri Schacht, le CEO de Lucent en 2001 qui est toujours membre du comité de direction de l'équipementier américain...
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