La guerre des tarifs douaniers pourrait s'étendre aux services IT

Ursula Van der Leyen, présidente de la Commission européenne, veut une riposte graduée face aux annonces de Donald Trump, mais plusieurs Etats membres souhaitent taxer les services numériques américains en représailles. (Crédit Photo : DR)

Ursula Van der Leyen, présidente de la Commission européenne, veut une riposte graduée face aux annonces de Donald Trump, mais plusieurs Etats membres souhaitent taxer les services numériques américains en représailles. (Crédit Photo : DR)

Après les annonces de Donald Trump sur les hausses des droits de douane de produits importés de plusieurs pays, l'Union européenne envisage en représailles de taxer les services numériques.

Le coup de massue est tombé mercredi soir avec l'annonce par le président américain de son plan relevant les droits de douane pour plusieurs pays et régions sur les produits entrants aux Etats-Unis. De base, il augmente les tarifs douaniers de 10% à partir du 5 avril et certains se voient infliger des hausses plus importantes. C'est le cas de l'Union européenne, dont les produits exportés vers les US seront taxés à 20%, mais aussi de la Chine (34%). Ces mesures entrent en vigueur à partir du 9 avril prochain.

Les semi-conducteurs épargnés par la hausse des tarifs douaniers La Maison Blanche a donné des détails sur les produits concernés par ces taxes. Sur la partie IT, les spécialistes des semi-conducteurs peuvent souffler ; ils ne sont pas concernés par les hausses des droits de douane. Donald Trump avait pourtant évoqué, en février, des hausses de 25% sur le secteur. Cependant, les taxes attendues sur la Chine pourraient, selon des experts, avoir un impact sur les entreprises spécialisées dans les puces, les PC et les serveurs. Le CEO de Nvidia a indiqué récemment sa volonté de relocaliser la réalisation des puces aux Etats-Unis, face à la montée de droits de douane, tout en précisanrt qu'il s'attendait à peu d'impact à court terme.

Un exemple suivi par HP, qui a décidé de recentrer sa production de PC aux Etats-Unis. Les constructeurs Apple et Dell devraient être aussi touchés par ce choc douanier en assemblant des composants et du matériel provenant de différents pays taxés (Chine, Thaïlande, Vietnam, Inde,...). De son côté, TSMC a révélé en mars dernier une rallonge de ses investissements sur le sol américain. Néanmoins, une récente étude d'IDC a montré que ces évolutions tarifaires vont impacter le marché des PC et des tablettes. Le cabinet d'étude mise sur une croissance de 3,7 % pour les ventes mondiales de PC en 2025 et sur un recul de 20 % sur le marché des tablettes. En tout cas, les annonces de Donald Trump ont perturbé les bourses mondiales et le cours des actions de plusieurs sociétés américaines a été chahuté.  

L'UE prête à riposter sur les services numériques américains En imposant une taxe de 20% sur les produits européens, le vieux continent se déclare prêt à riposter. Ursula Van Der Leyen, la présidente de la Commission européenne, veut encore croire à la possibilité d'une négociation avec l'administration américaine pour infléchir ses décisions. Nonobstant, la responsable a travaillé avec les Etats membres sur des contre-mesures. La porte-parole du Gouvernement français, Sophie Privas, a évoqué chez RTL une double réponse, une première liée à la hausse des taxes sur l'acier et l'aluminium et une seconde « qui sera probablement prête à la fin du mois d'avril sur l'ensemble des produits et des services ». Parmi ces services, ceux du numérique « qui aujourd'hui ne sont pas taxés et qui pourraient l'être ». Une hypothèse que partage le ministre allemand de l'Economie, Robert Habeck, en parlant même de la mise en place d'un impôt sur la « tech ». Pour mémoire, l'UE avait suspendu en 2021 un projet de redevance sur le numérique ; celui-ci pourrait se voir relancé.

Les principaux perdants de cette guerre commerciale devraient être les utilisateurs finaux, consommateurs et entreprises. Les fournisseurs américains de services numériques (cloud, messagerie, bureautique, applications métiers...) répercuteront probablement les hausses ou les taxes décidées par l'UE sur leurs grilles tarifaires. La période semble donc propice pour se réinterroger sur la relation et de la dépendance aux solutions IT américaines. Stéphane Fermigier, fondateur et président d'Abilian et co-fondateur du CNLL, nous expliquait récemment, « la question de fond est la manière dont les entreprises et les gouvernements européens peuvent et doivent s'adapter à ce nouvel environnement ». Il ajoutait : « la question des droits de douane s'inscrit dans cette réflexion plus large, mais elle n'en est qu'un des aspects ». Reste à savoir maintenant si tous les pays européens seront solidaires des contre-mesures à adopter. En matière de services IT, un pays comme l'Irlande, qui concentre (pour des raisons fiscales) la plupart des sièges européens des grands acteurs américains de l'IT, serait très impacté par ces mesures de rétorsion.

s'abonner
aux newsletters

suivez-nous

Publicité

Derniers Dossiers

Publicité