
« Les entreprises nous demandent effectivement de les conseiller sur les meilleures technologies à mettre en place dans chaque cas précis d'un site avec ses prérequis », assure Séverine Hanauer de Vertiv. (Crédit Vertiv)
Comme nous le mentionnions précédemment, avec la DEE, l'exploitant d'un datacenter dont la puissance nominale est d'au moins 500 kW est tenu de rendre publique ses données de performance énergétique, parmi lesquelles on trouve ainsi la consommation d'énergie, le PUE, l'utilisation d'énergies renouvelables, etc. Et pour faciliter cette récolte des données, des acteurs comme Vertiv et Schneider Electric mettent en oeuvre plusieurs outils. « Déjà, les systèmes de gestion des infrastructures de centres de données (DCIM) permettent de surveiller en temps réel la consommation d'énergie et d'identifier les zones d'inefficacité de l'IT », souligne Alison Matte, responsable du développement durable et du marketing Ecostruxure IT de Schneider Electric, et d'ajouter : « Quant aux logiciels de gestion de l'énergie du batiment (site BMS, EPMS, EBO), ils fournissent des analyses détaillées sur l'utilisation de l'énergie, permettant aux opérateurs de prendre des décisions éclairées pour améliorer l'efficacité ». En complément de cet outillage, les gestionnaires de datacenters et les entreprises concernées recherchent auprès de leurs prestataires et fournisseurs des conseils pour les aider à analyser leurs performances énergétiques et à mettre en oeuvre des stratégies d'amélioration. « Les entreprises nous demandent effectivement de les conseiller sur les meilleures technologies à mettre en place dans chaque cas précis d'un site avec ses prérequis (location du site et contraintes environnementales, domaine d'application, flexibilité de l'installation, redondance attendue, etc.) », indique Séverine Hanauer, directrice segment stratégique télécom et déploiement edge chez Vertiv pour l'Europe du Sud. C'est d'ailleurs dans cette optique de réduire la consommation énergétique et donc le PUE du site client que Vertiv et Schneider Electric font évoluer leurs gammes d'équipements. Par exemple, Schneider Electric a récemment annoncé sa nouvelle gamme d'onduleurs Galaxy VXL de 500 à 1250 kW. Avec une empreinte au sol de seulement 1,2 m2, l'onduleur Galaxy VXL présente un encombrement inférieur de 52 % à la moyenne du secteur, avec un accès total par l'avant et sans dégagement à l'arrière, ce qui permet une optimisation de la puissance et de l'espace. Son format compact permet de réduire l'utilisation de matières premières et son efficacité (jusqu'à 99 % d'efficacité en mode eConversion et jusqu'à 97,5 % en mode double conversion) permet de réduire les factures d'électricité. Ces nouveaux équipements plus performants influent sur les données récoltées pour la DEE. A cette nouvelle génération de matériels, Schneider Electric met aussi en avant des solutions d'automatisation des processus de gestion de l'énergie, lesquelles aident à optimiser la consommation en ajustant les ressources en fonction de la demande. De son côté, Vertiv accompagne même les opérateurs et les entreprises dans leurs subventions d'investissement d'installations techniques et IT toujours plus performante qu'ils peuvent obtenir des pouvoirs publics : « Pour que ces entreprises et gestionnaires de datacenters puissent obtenir des subventions, le client peut soumettre des fiches CEE (certificats d'économie d'énergie) en fonction des catégories d'équipements. Pour certains produits, ces fiches CEE existent depuis des années (confinement d'allées dans les datacenters par exemple), d'autres sont plus récentes (UPS/ASI) ou voir même encore en cours d'étude par l'ADEME et l'ATEE (pour certaines technologies de refroidissement notamment). Depuis déjà plusieurs années, Vertiv accompagne ses clients dans l'établissement de ces fiches CEE », détaille Séverine Hanauer.
La chaleur résiduelle pour chauffer d'autres bâtiments
Concernant, l'exploitation de la chaleur résiduelle pour les datacenters de 1mW et plus, là aussi les initiatives se multiplient pour les opérateurs de datacenters. Par exemple, Equinix a mis en oeuvre un programme de récupération de chaleur dans ses centres de données, principalement en Europe selon Nicolas Divin, directeur du développement et de la stratégie chez Equinix France. « Depuis plus d'une décennie, Equinix récupère et exporte la chaleur générée par l'infrastructure IT de ses clients pour bénéficier aux communautés locales, réduisant ainsi l'utilisation d'énergie et améliorant l'efficacité énergétique. Trois exemples, à Paris (pour le PA10), la chaleur récupérée de notre site est utilisée pour chauffer la piscine Olympique de St Denis et une serre sur site qui fournit de la nourriture à des épiceries solidaires et associations, servant ainsi 1 600 personnes dans la communauté. Toujours près de paris, l'entreprise a conclu un partenariat avec Engie Solutions et la ville de Meudon pour la mise en place d'un système de récupération de chaleur. (https://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-equinix-inaugure-son-datacenter-pa13x-a-meudon-95986.html) L'énergie thermique produite par les serveurs sera injectée dans le réseau de chauffage urbain, contribuant ainsi à la réduction de la consommation d'énergies fossiles locales. Enfin, à Helsinki en Finlande, Equinix collabore avec une entreprise de services publics locale pour utiliser la chaleur exportée de son centre de données, évitant ainsi jusqu'à 4 000 tonnes de CO2 par an, soit l'équivalent du retrait d'environ 3 000 voitures de la route ». Toutefois, l'exploitation de la chaleur résiduelle n'est pas toujours aussi simple comme en témoigne Damien Desanti, le dirigeant de l'opérateur français de datacenter Phocea DC à Marseille dans la partie 4 de notre dossier. En effet, des investissements dans des équipements intermédiaires importants doivent parfois être effectués par les collectivités pour profiter de cette chaleur résiduelle, ces investissements interviennent souvent sur des programmes neufs comme la construction de nouveaux logements aux alentours du datacenter en question mais peu sur de l'existant ou de l'ancien.
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