
Digital Realty s'est engagé à ce que chacun de ces centres de données en Europe atteigne un PUE max de 1.30 à l'horizon 2030, indique Fabrice Coquio de Digital Realty. (Crédit D.R.)
LMI : La directive DEE est entrée en vigueur en 2024 concerne désormais les datacenters, quel est l'impact pour Digital Reality ? Que devez-vous fournir exactement comme informations ?
Fabrice Coquio : Avant tout, cette nouvelle version de la Directive efficacité énergétique (DEE) a pour objectif une réduction de la consommation électrique européenne (ndlr : 1,3% sur la période 2024-2025 ; 1,5% sur la période 2026-2027 ; 1,9% sur la période 2028-2030). Cette directive fait également pour la 1ère fois mention spécifiquement de l'industrie des datacenters : elle vise à mettre en place via son article 12 un système de déclaration des principaux indicateurs de performance énergétique pour les centres de données. Ces indicateurs concernant naturellement nos bâtiments, nos consommations électriques, de froid, mais également des informations sur les données de connectivité et de stockage. Cette approche européenne présente donc un avantage certain pour nos clients internationaux en évitant les multiples déclarations dans chaque pays, dans des formats différents. Mais, il est aussi également important de vérifier la bonne articulation avec les dispositifs de reporting locaux déjà existants, comme celui de l'ARCEP pour la France. Enfin, plus spécifiquement aux acteurs de colocation, comme Digital Realty, nous n'avons pas contractuellement accès à certaines données appartenant à nos clients (ndlr : les indicateurs de l'annexe II.2 liés au stockage des données - ICT capacity for servers « Cserv » et ICT capacity for storage equipment « Cstor »), aussi il est important de tenir compte et préciser le cadre de ce reporting en fonction de la réalité industrielle et économique de cette filière.
D'après vous, le DEE va-t-elle évoluer vers plus d'exigences suite à cette récolte d'informations ?
C'est l'objectif : gagner en transparence sur les performances des datacenters et pouvoir les comparer entre eux : les datacenters les plus exemplaires en profiteront au dépend des autres ; cela suppose une certaine assise financière pour financer les coûts d'investissements nécessaires pour mettre à niveau des anciens datacenters, tous les acteurs ne seront pas en mesure de réaliser ces investissements. Il apparait évident que cette 1ère collecte d'information n'est qu'un premier pas pour les datacenters vers plus d'exigences en matière d'efficacité énergétique, peut-être dans la prochaine version... Cependant, à l'instar de Digital Realty, certains acteurs se sont déjà engagés vers plus d'efficacité énergétique : en étant signataire du Carbon Neutral Data Center Pact, Digital Realty s'est engagé à ce que chacun de ces centres de données en Europe atteigne un PUE max de 1.30 à l'horizon 2030. En 2023, le PUE de la moyenne nationale française des datacenters est de 1.57, à comparer au PUE de 1,38 pour Digital Realty.
Par quel outillage récoltez-vous ces informations ? Et cette directive va-t-elle vous contraindre à revoir la conception de certains de vos datacenters ?
Ces informations sont collectées au moyen de capteurs et de compteurs à chaque étape, remontées en BMS (Building Monitoring System) et agrégées sur une plateforme officielle dédié qui nous permet une vision globale de la situation énergétique de notre parc de centre de données (aux échelles de la France et de l'Europe). Concernant la deuxième question, cela va dans le sens d'une plus grande transparence, et permet de faire le tri entre des datacenters efficients ou non, en ce sens nous percevons cet exercice davantage comme une opportunité que comme une contrainte.
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