Les entreprises adoptent les nouveaux outils collaboratifs

La croissance impressionnante de Slack reflète sa position de pionnier du logiciel collaboratif en mode Saas.

La croissance impressionnante de Slack reflète sa position de pionnier du logiciel collaboratif en mode Saas.

Depuis plusieurs années, l'utilisation des logiciels de collaboration s'est démocratisée au sein de l'entreprise. Ils font maintenant partie intégrante de l'organisation du travail.

Alors que Slack, Microsoft Teams, et d'autres sont maintenant bien connus de nombreuses entreprises, les responsables informatiques veulent maintenant déployer une nouvelle génération d'outils de collaboration à l'échelle de l'ensemble de leurs organisations. Objectif : augmenter la productivité et connecter des équipes disparates. En 2017, les logiciels collaboratifs séduisent de plus en plus d'entreprises. Slack - créée par Stewart Butterfield en août 2013 - a lancé sa version entreprise en premier, suivi par Microsoft qui a récemment déployé Teams pour remplacer Skype for Business et offrir une solution collaborative en groupe aux abonnés Office 365.

De nombreux autres fournisseurs ont voulu surfer sur la vague créée par Slack en lançant leurs propres offres alors même que Cisco Spark et Facebook Workplace perfectionnent leurs plates-formes existantes. « La collaboration est tendance et va le rester » prévoit Wayne Kurtzman, directeur de la recherche chez IDC. « Les plates-formes collaboratives pourraient bousculer le numérique. Elles sont fondées sur les ressources humaines, utilisent de nouvelles mesures comportementales et affectent positivement les KPI d'entreprises standards. » Le marché devient compétitif à mesure que les entreprises investissent dans les logiciels pour relier leurs salariés.

Le centre de la productivité de l'entreprise

Ce qui émerge avec ces logiciels est qu'ils deviennent rapidement le centre de la productivité de l'entreprise. Selon Irwin Lazar, vice-président et directeur des services chez Nemertes Research, cette tendance se reflète dans la stratégie de divers fournisseurs de solutions de communications unifiées. Par exemple, Microsoft prévoit de supprimer progressivement Skype for business, pour faire de Teams son principal outil de communication. Ring Central a également acquis le logiciel Glip dans le même but.

« Là où les applications de collaboration d'équipe étaient considérées comme un complément, vous commencez à voir beaucoup d'applications qui s'y rattachent », note le vice-président de Nemertes Research. Grâce aux progrès dans le partage d'écran, la vidéoconférence est aussi un des gros travaux des logiciels d'équipes. « Le changement le plus important en 2018  sera de pouvoir basculer entre la messagerie, le partage de pièces jointes et une conférence de groupe où il est possible de faire des partages d'écran et d'intégrer des tiers à la conversation beaucoup plus facilement » indique Richard Edwards, directeur des services et analyste chez Freeform Dynamics.

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Selon Irwin Lazar, vice-président et directeur des services chez Nemertes Research, Microsoft Teams a le gros avantage d'intégrer la solution Office 365.

La plupart des entreprises utilisent ces outils en silos entre les équipes, sans trop planifier qui utilise quoi. Un groupe de développeurs va utiliser un outil, par exemple Slack, quand le service marketing se servira d'un autre. Cela devrait changer à mesure que ce genre de logiciel se démocratisera, imposant aux DSI d'adopter une approche plus réfléchie autour de  ces déploiements. « Pendant mes conversations avec les directeurs informatiques, j'entends qu'ils commencent à réfléchir un peu plus activement et souhaitent programmer le déploiement de ces applications d'ici deux ans » indique Richard Edwards.

Les entreprises se rendent compte qu'elles commencent à récolter les bénéfices de la mise en relation des équipes et facilitent le partage d'informations et d'idées. « C'est beaucoup plus intuitif et adapté aux besoins des travailleurs mobiles » selon Irwin Lazar. « Le fait de pouvoir converser dans un espace réservé à un sujet spécifique, plutôt que d'avoir tout dans votre boîte de réception, est une bien meilleure façon de travailler. »

Slack, le pionnier

La croissance impressionnante de Slack reflète sa position de pionnier du logiciel collaboratif en ligne. En septembre dernier, l'entreprise a annoncé avoir plus de six millions d'utilisateurs actifs, soit cinq millions de plus qu'en janvier. Son chiffre d'affaires s'élève à 200 M$ et Slack a aussi augmenté le nombre de ses abonnés premium. 50 000 équipes utilisent la version payante, contre 38 000 en janvier ; 2 millions d'utilisateurs uniques ont choisi le premium contre 1,5 en début d'année.

Un peu plus tôt cette année, Slack a décidé de s'attaquer aux grands comptes avec une version dédiée sa solution, Enterprise Grid. Elle comprend des contrôles de sécurité avancés et des fonctions utilisateurs et administratives pour un nombre illimité d'espaces de travail. Elle est conçue pour prendre en charge les déploiements dans des entreprises comptant des dizaines de milliers d'employés avec des espaces de travail distincts mais connectés.

Mais ce pionnier doit faire face à la myriade de logiciels concurrents qui se développent et qui copient de nombreuses fonctions de son interface. Du côté des éditeurs français, plus confidentiels, on trouve Wimi, Azendoo ou encore iAdvize. Mais Microsoft Teams, mis à disposition en mars dernier, aurait les meilleures références pour essayer d'être le « Slack-killer ». Cependant, l'application comporte beaucoup de faiblesses comparée à Slack. Son interface est, en l'occurrence, bien plus complexe et difficile à prendre en main. En revanche, elle a pour atout d'intégrer la solution Office 365 de Microsoft.

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Facebook continue de développer sa solution Worplace, dont l'approche collaborative est différente de celle de Teams et Slack.

« La dynamique du marché que nous avons constaté l'année dernière est que Microsoft a eu une réelle impulsion » constate Irwin Lazar, « pour la simple raison que le pourcentage d'entreprises qui utilisent Office 365 est très élevé. Etant donné que Teams est gratuit pour les entreprises possédant une licence Office 365 E3 ou E5, il est compliqué pour Slack de dire à ses clients de payer pour Enterprise Grid. » Selon le vice-président de Nemertes Research, les entreprises réfléchissent à deux points principaux : elles calculent le coût d'un tel service et se rendent compte que les équipes pourront travailler en temps réel et à plusieurs sur un document Office 365. « On peut donc en même temps éditer un document, échanger des messages ; et s'il faut discuter en direct, un simple lien cliquable nous permet d'ouvrir un canal vocal entre nous » indique Irwin Lazar. Ce dernier estime que cette non-connexion avec Office est le principal défaut des autres logiciels collaboratifs du marché. Mais Slack reste tout de même le leader.

Google arrive sur le marché

De gros poissons vont intégrer le secteur ou se renforcer en 2018. Google va lancer son logiciel collaboratif cette année en coupant sa plate-forme Hangouts en deux. Meet est un outil de vidéoconférence dédié tandis que Chat intègre les fameux Hangouts et des liens avec les logiciels de la G Suite. « Si Google poursuit ses projets avec Hangouts Chat et intègre cela avec ses Drive d'équipes, cela pourrait constituer une solide offre d'interface collaborative », estime Larry Cannell, directeur de la recherche chez Gartner. « Mais en ce moment, je pense que Google est quelque peu en retard sur le marché en ce qui concerne la collaboration en équipe. »

Facebook, qui a une approche quelque peu différente de la collaboration avec Workplace, continue son évolution. Un an après son lancement officiel, il est utilisé par 30 000 entreprises comme Walmart ou la compagnie aérienne Virgin Atlantic. Face à cette pléthore d'offres de logiciels collaboratifs, les entreprises peuvent avoir des difficultés à trouver la bonne plate-forme. « Beaucoup d'éditeurs se concentrent déjà sur des caractéristiques qui leur permettront de se différencier des autres » explique Wayne Kurtzman. « Celui qui propose la meilleure fonctionnalité peut changer tous les mois. Il faut donc que les entreprises cherchent un logiciel qui corresponde au mieux à leurs besoins. »

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