Thierry Fautré, Président, Siemens Financial Services France L'expression "credit crunch" (resserrement du crédit) est actuellement sur toutes les lèvres dans les milieux financiers. Depuis quelques mois, nous avons constaté que de nombreux revendeurs commençaient à craindre l'impact potentiel de cette crise sur le secteur du crédit aux entreprises. Ils ont probablement l'impression qu'en tant que société de financement d'actifs, nous allons augmenter nos taux et resserrer nos critères d'accès au crédit comme l'ont déjà fait plusieurs grandes banques internationales. Mais cela ne fait que mettre en exergue plusieurs fausses idées sur la différence entre le financement bancaire et le financement d'actifs. A ce propos, j'encourage les revendeurs à passer en revue la pertinence de leurs sources de financement et d'inciter leurs clients à faire de même. Permettez-moi de m'expliquer. Il est indéniable que l'accès au crédit est en train de se resserrer dans l'eurozone , et cela en dépit du fait que, d'après les derniers indicateurs composites avancés de l'Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE), la confiance des entreprises est en baisse sensible au Royaume-Uni, en Espagne, en Italie et aux Etats-Unis, mais semble bien se maintenir en France et en Allemagne. En confirmation de cette tendance, l'indice INSEE du moral des industriels français est passé de 107 en février à 109 en mars, son niveau le plus haut de l'année. Le message semble être que la France ne va pas être frappée de plein fouet par le "credit crunch", mais que les entreprises vont probablement faire face à un resserrement du crédit durant cette période sensible. Je tiens néanmoins à clarifier que ce resserrement touche uniquement l'accès au crédit bancaire ordinaire. Le problème est qu'avec les conditions de crédits attractives de ces dernières années, de nombreuses entreprises françaises sont devenues trop dépendantes du crédit bancaire et n'ont pas suffisamment diversifié leurs sources de crédits de manière à y inclure d'autres modes de financement comme la location. En 2006, par exemple, guère plus de 10% des actifs étaient loués en France, par rapport à environ 22% au Royaume-Uni. Dans cette conjoncture économique défavorable, la possibilité de verser un loyer mensuel fixe et prévisible dans le cadre d'un contrat de financement locatif, couplée à une durée de contrat pouvant atteindre 5 ans (bien plus longue que la plupart des prêts bancaires) peut s'avérer extrêmement attractive pour les clients des revendeurs cherchant à acquérir des biens d'équipement essentiels à leur activité. Le financement locatif permet à l'entreprise de préserver ses fonds de roulement et de consacrer le crédit bancaire à des fins plus adaptées. Quelles que soient les circonstances économiques, l'option locative présente de nombreux avantages (disponibilité immédiate de l'actif sans en être propriétaire, possibilité de faire évoluer les équipements et d'incorporer les avancées technologiques) par rapport au financement bancaire, qui est souvent accompagné d'une documentation complexe, de restrictions contractuelles et même du versement d'un acompte. De surcroît, si les revendeurs craignent que leurs clients commencent à retarder leurs décisions d'achat en raison de leurs problèmes de crédit, n'est-il pas dans leur intérêt d'offrir un financement locatif plus proactif afin de faciliter et d'accélérer leurs ventes? Il s'agit-là d'une option que les revendeurs devraient adopter avec ou sans le resserrement du crédit, car elle présente de nombreux avantages pour leur processus de vente. Par exemple, la vente en financement locatif permet au revendeur de surmonter les contraintes budgétaires du client tout en lui offrant un contrat 'global' incorporant les services et la maintenance, ce qui lui permet de nouer des relations à long terme plus étroites avec le client. En résumé, les revendeurs devraient envisager la diversification de leurs sources de financement, et encourager leurs clients à faire davantage appel à des techniques autres que le crédit bancaire, comme le financement locatif. En cette période de resserrement du crédit, nous anticipons un engouement croissant pour le financement d'actifs qui permet de répartir les risques, de diversifier les sources de crédit et de protéger les entreprises du ralentissement économique actuel. Contre toutes les attentes, le "credit crunch" pourrait bien avoir un effet positif : encourager les entreprises à améliorer l'efficacité de leurs investissements.
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