Appelant la Commission européenne à réagir, la Cispe s'insurge contre les modifications apportées par Broadcom aux licences VMware.
L'association Cloud Infrastructure Services Providers in Europe (Cispe) estime que la viabilité économique de nombreux services cloud utilisés par les clients en Europe est menacée par « des hausses de prix massives et injustifiables, le regroupement des produits, la modification de la base de facturation ».
La Cloud Infrastructure Services Providers in Europe (Cispe), une association européenne défendant les intérêts des fournisseursde services cloud, a vivement critiqué la réponse de Broadcom aux préoccupations concernant les changements de licence qu'elle a imposés sur le marché. Début avril, suite aux questions posées par les régulateurs antitrust de l'UE et certainses entreprises au sujet de l'acquisition du fournisseur de solutions de virtualisation par le géant de la technologie, le CEO de Broadcom Hock Tan avait annoncé des changements dans les conditions de licence de VMware, notamment des réductions de prix et de nouvelles dispositions permettant aux clients de transférer leurs charges de travail des centres de données privés vers les fournisseurs de cloud et entre les différents services cloud. En outre, VMware avait présenté un plan de transition complet pour l'adoption d'un modèle par abonnement.
La Cispe a rejeté ces changements au motif que les prix n'avaient pas réellement diminué et a accusé Broadcom d'essayer de masquer les principaux points du litige. Dans un communiqué, l'association a déclaré que la viabilité économique de nombreux services cloud utilisés par des clients en Europe était menacée par « des hausses de prix massives et injustifiables, le regroupement de produits, la modification de la base de facturation et l'imposition de conditions de licence logicielle injustes qui limitent le choix et verrouillent les clients et les partenaires ». Cette décision intervient alors que Forrester Research indique que, en raison des hausses de prix, de la détérioration de l'assistance et des abonnements obligatoires à des offres logicielles groupées, jusqu'à 20 % des entreprises clientes de VMware pourraient se tourner vers d'autres fournisseurs de machines virtuelles.
Pratiques anti-cloud
La Cispe précise que le problème ne vient pas du modèle de licence par abonnement lui-même, mais le fait que Broadcom exclut des modèles flexibles de paiement à l'usage qui aident les clients et les fournisseurs à adapter les ressources à la demande. « Les nouvelles conditions de Broadcom vont à l'encontre de ce principe et sont essentiellement anti-cloud, car elles obligent les partenaires à s'engager et à payer à l'avance pour une capacité de virtualisation dont ils n'auront peut-être jamais besoin », a déclaré l'organisme professionnel. La Cispe fait remarquer qu'en vertu de ces conditions, au lieu de proposer un modèle de paiement à l'usage basé sur l'utilisation réelle, une pratique courante pour l'infrastructure cloud qui était celle de VMware, les clients sont désormais obligés de s'engager à l'avance pour une capacité de trois ans, basée sur l'utilisation potentielle du nombre de coeurs par serveur.
Parmi les membres de la Cispe figurent AWS et plusieurs autres fournisseurs comme Aruba et Anexia. « Pour nous, c'est comme si on nous disait que le stimulateur cardiaque dont nous dépendons pour rester en vie va soudainement coûter plusieurs fois plus cher », a déclaré Alexander Windbichler, CEO d'Anexia, dans le communiqué de la Cispe. « Oui, nous pouvons le changer, mais il faut pour cela trouver une alternative, programmer une opération et prendre en compte un temps de repos et de réadaptation nécessaires à la récupération. Tout cela demande du temps et des ressources, ce qui ne nous est pas offert. Nous demandons une pause pour examiner nos options et des solutions de rechange viables qui permettront à notre entreprise de prospérer ».
En réponse à ces accusations, un porte-parole de Broadcom a déclaré que « les solutions robustes de Broadcom et de VMware offraient davantage de choix et permettaient aux entreprises de toutes sortes d'accélérer l'innovation et de relever leurs défis technologiques les plus complexes ». Ajoutant : « Notre offre simplifiée à un prix considérablement réduit répond aux commentaires des clients et vise à faciliter la gestion transparente de la charge de travail. Nous sommes ouverts au dialogue et à la collaboration avec nos clients et nos partenaires afin de nous assurer que nos efforts restent en phase avec leurs attentes et leurs objectifs ».
Une discrimination des clients ?
La Cispe a également reproché à Broadcom de dicter les besoins des clients et d'insister sur le fait que les nouveaux prix sont plus bas, malgré les preuves concrètes du contraire. Selon l'association européenne, des changements tels que les offres groupées, le passage d'une tarification basée sur la mémoire à une tarification basée sur le coeur, et le retrait de certains produits populaires ont conduit à une augmentation significative des prix, avec des tarifs augmentant de 6, 10, voire jusqu'à 12 fois, contrairement aux affirmations sur la réduction des coûts. La Cispe a demandé à la Commission européenne et à d'autres autorités de régulation d'ouvrir des enquêtes formelles sur les pratiques des fournisseurs de logiciels dominantes, qu'elle accuse de pratiques déloyales en matière de licences pour manipuler la dynamique du marché en leur faveur. « Nous avons été témoins d'un comportement similaire de la part de Microsoft, et maintenant de Broadcom », a déclaré la CISPE. « La capacité de ces fournisseurs dominants à faire de la discrimination en choisissant qui peut ou ne peut pas obtenir de licence pour leurs logiciels est une forme flagrante de distorsion du marché ».
Rejet de l'offre de sécurité « zero-day »
Broadcom a également annoncé qu'elle offrirait un accès gratuit aux correctifs de sécurité « zero-day » pour les versions prises en charge de vSphere, et qu'elle prévoyait d'étendre cette offre à d'autres produits VMware au fil du temps. Toutefois, la Cispe a aussi rejeté ce geste et l'a critiqué pour ses limites. L'assocaition a qualifié d'inadéquate la poursuite de la prise en charge des correctifs « zero-day » pour les détenteurs de licences perpétuelles existantes, estimant que la simple promesse de corriger les failles logicielles critiques à condition que les clients adoptent le nouveau modèle d'abonnement s'apparente à des pratiques qui relève de l'exploitation.
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