Christian Bittebierre, Directeur Général d'Ingram Micro France et Vice Président d'Ingram Micro Europe :
Si Ingram Micro France a maintenu un niveau de croissance supérieur à 8% en 2007, le grossiste reconnaît que le premier trimestre 2008 a été décevant. Selon lui, cette contre-performance est d'abord due à la baisse des prix des matériels (- 15% d'avril 2007 à avril 2008) et à la montée en puissance du modèle économique initié par les opérateurs, à l'image du EEE PC d'Asus. Distributique.com : Quelle est la priorité d'Ingram Micro pour l'année 2008 ? Christian Bittebierre : L'objectif est de poursuivre notre développement sur les marchés à valeur ajoutée. Depuis le début de l'année, nous sommes ainsi le seul grossiste généraliste à distribuer les bases de données et les outils décisionnels Oracle. Dans le domaine du stockage, nous avons renforcé notre offre avec les solutions Hitachi Data System ; en matière de logiciels de sécurité pour PME, nous travaillons également avec Panda Software et Kaspersy et nous envisageons de nous renforcer dans les télécoms, avec Nortel par exemple, et sur des marchés verticaux tels que la santé, avec Philips Medical notamment. Ces évolutions nous conduisent évidemment à intégrer de nouvelles compétences, ce que nous faisons en formant nos salariés et en accueillant des spécialistes délégués par les fournisseurs concernés. C'est notamment le cas aujourd'hui avec Oracle. Par ailleurs, après deux ans, notre partenariat avec Xerox pour la distribution des copieurs vers ses concessionnaires apparaît comme un réel succès : notre part de marché est désormais de 50%. Distributique.com : La vente de PC peut-elle encore être rémunératrice pour les grossistes ? Christian Bittebierre : Disons plutôt que distribuer des PC est de plus en plus coûteux pour un logisticien. En ce qui nous concerne, les volumes continuent à progresser, de 20% à 40% selon les marques, mais les prix ont baissé de 15% en moyenne entre avril 2007 et avril 2008. Au-delà, on assiste à la montée en puissance d'un modèle économique initié par les opérateurs télécoms et relayé par certains constructeurs, comme Asus avec l'EEE PC. Concrètement, plus personne ne sait aujourd'hui combien coûte un téléphone portable. Et si l'on faisait un « micro-trottoir » en posant la question, je pense que la réponse serait dans la majorité des cas : « un téléphone portable coûte 1 euro ». Désormais, on voit poindre le même phénomène pour les micro-ordinateurs et la notion de valeur sur le marché des PC est menacée. Quoi qu'en disent les fournisseurs, le risque que les ventes d'ordinateurs portables soient en partie cannibalisées par les Internet devices est bel et bien réel. Distributique.com : Cela étant, vous avez enregistré une très forte croissance avec les enseignes de la grande distribution et les acteurs du e-commerce, notamment dans le domaine des PC : cette progression ne va-t-elle pas se poursuivre ? Christian Bittebierre : Elle va se poursuivre, mais elle est en partie volatile. Le phénomène concerne notamment les sites de vente en ligne et nous l'avons baptisé « la fusée à deux étages ». En d'autres termes, les grands grossistes peuvent être des rampes de lancement qui facilitent la mise en orbite de grands e-resellers, mais nous constatons que, une fois qu'ils ont atteint un certain niveau de chiffre d'affaires, certains d'entre eux cherchent à travailler en direct avec les fournisseurs. Par définition, nous perdons alors toute vue sur leur évolution. Quoi qu'il en soit, le canal « retail » au sens large représente de 35% à 40% de notre chiffre d'affaires. Distributique.com : Les chiffres d'affaires des grands grossistes ont peu progressé en 2007. Compte tenu du contexte économique international, peut-on s'attendre à des décroissances en 2008 ? Christian Bittebierre : C'est une éventualité. Nous ne pouvons pas être optimistes pour l'année 2008, car nous sommes face à une situation de crise. Le coup d'arrêt a pour nous été très sensible dès décembre 2007. Depuis, nous constatons des situations de surstocks et il n'y a pas cette année de produit accélérateur des ventes, comme Vista a pu l'être l'an dernier. Cette perspective nous incite logiquement à réduire tous les coûts qui peuvent l'être et à proposer de nouveaux services aux revendeurs. La généralisation des échanges électroniques avec nos clients fait partie des moyens de réduire les coûts et, d'ores et déjà, de 65% à 70% des commandes sont passées via Internet ou en EDI. Distributique.com : Votre événement majeur, le Showcase, va-t-il être maintenu dans la même configuration que l'an dernier, à savoir sur 3 jours avec une dernière journée ouverte aux clients finaux ? Christian Bittebierre : La formule va être maintenue et renforcée. Nous renouvelons le principe des 3 journées et de l'ouverture aux utilisateurs professionnels le dernier jour. Pour cette 16ème édition, nous souhaitons encore élargir l'écho du Showcase en couvrant la manifestation avec des retransmissions sur 20 écrans répartis dans le salon, par ailleurs consultables sur un site dédié. Avec nos 120 partenaires exposants et sur une surface de plus de 7 000 mètres carrés, nous pensons accueillir cette année entre 3 000 et 4 000 visiteurs. Au-delà du Showcase, nous confortons également l'Agora, qui aura lieu cette année à la fois à Paris, le 19 juin, et à Lyon, le 12 juin. Ces deux journées d'ateliers techniques accueilleront de 400 à 600 personnes.
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