Emmanuel Brochard, vice-président et responsable du marché international de Microstrategy, évoque l'orientation IA de l'éditeur de BI. (Crédit Photo : DR)
Souvent médiatisé pour les multiples rachats de Bitcoin de ses dirigeants, Microstrategy reste un acteur important du décisionnel. Depuis plusieurs mois, la société a pris le virage de l'IA via un partenariat avec Microsoft et s'en explique.
« Réveiller la belle endormie », telle était la mission d'Emmanuel Brochard, vice-président et responsable du marché international de Microstrategy à son arrivée il y a 3 ans. A cette époque, « nous avions des clients satisfaits et un taux de renouvellement de 96%, ce qui est assez exceptionnel dans le secteur du logiciel. La technologie fonctionnait bien, mais nous avions complètement oublié d'intégrer de nouvelles compétences, notamment pour accompagner les clients vers le cloud et nous avions un manque d'innovation », reconnait le dirigeant.
La feuille de route a donc été de « reposer les bases d'un business croissants avec la mise en place de la solution IA sur l'offre BI où nous avons été précurseur », glisse-t-il. Par ailleurs, « des recrutements ont eu lieu avec des compétences cloud pour migrer les clients vers ce modèle et créer des partenariats », poursuit-il. Sur cette bascule vers le cloud, il souligne que « la moitié des clients ont migré vers le cloud avec une accélération depuis l'été 2023, car la solution IA est disponible uniquement sur le cloud ».
Une accélération sur l'IA
L'IA constitue, selon lui « un véritable levier de croissance » et le groupe a très tôt pris le virage de cette technologie. « Nous avons vu le démarrage de ChatGPT et nous nous sommes penchés dessus en janvier-février 2023, en mars nous avions une roadmap et en avril, des premiers prototypes ont été montrés à la conférence Microstrategy World. En juin, les premières preview sont sorties et en septembre une première série de produits étaient disponibles pour les clients », se remémore Henri-François Chadeisson, responsable des avant-ventes en Europe. Cette rapidité s'explique aussi par « un partenariat avec Microsoft pas uniquement sur Azure OpenAI, mais directement sur notre offre cloud sur Azure », reconnait-il.
Concrètement, Microstrategy a placé les fonctionnalités IA sous l'ombrelle « Auto », son assistant de GenAI avec différentes offres. La première est Answer, qui permet « à un collaborateur de poser une question dans un tableau de bord BI et à la data sous-jacente », explique Henri-François Chadeisson. Pour lui, il s'agit d'un vrai gain de productivité, « il est possible sur un tableau de bord incomplet ou qui a été défini à un instant T de poser des questions qui n'ont pas été prévues par les analystes et les développeurs notamment pour les populations opérationnelles comme les responsables de magasins ou d'équipes en call center ». Une autre fonction est « Auto Dashboard » capable d'automatiser la génération de tableau de bord. « Il peut être super créatif en lui donnant quelques idées et en lui demandant de faire un dashboard avec une analyse client par exemple. C'est intéressant pour éviter le syndrome de la page blanche », indique le responsable avant-vente « Il est également possible de poser une question précise à Auto, quasiment une spécification pour avoir tel dashboard avec tel graphique », complète-t-il. En soulignant, « l'importance de la couche de gouvernance qu'apporte Microstrategy et qui assure sécurité, cohérence et confiance dans le rendu d'Auto ». D'autres déclinaisons d'Auto existent autour de la génération de requêtes SQL et de la création de chatbot au sein de solutions comme SAP, Salesforce ou Workday.
Des PoC directement en production
En termes d'usage, « il y a beaucoup d'utilisation pour améliorer la productivité comme de l'analyse de fraudes en magasin ou l'analyse de performance en call center », observe Henri-François Chadeisson. Par contre, difficile d'en faire une offre verticalisée, « car les entreprises d'un même secteur n'ont pas les mêmes besoins ou cas d'usage sur l'IA conversationnelle », explique le responsable. De son côté, Emmanuel Brochard précise, « aujourd'hui, on apprend en marchant sur l'IA et on voit des cas d'usage se créer tous les jours chez nos clients ». Sur l'adoption et la monétisation, le dirigeant tempère en arguant « nous avons que 6 mois de recul. L'offre Auto a été lancée en septembre et nous la mettons à jour tous les trimestres ». Il avoue néanmoins que cela « n'est pas conséquent sur le chiffre d'affaires, même si nous avons beaucoup de PoC en cours ». La particularité est que « les pilotes se font en une ou deux semaines et directement en production », constate-t-il et « aujourd'hui, nous sommes dans une deuxième phase pour déployer massivement la solution d'IA ».
Les partenaires ne sont pas oubliés dans la vague IA, « nous passons beaucoup de temps avec eux et nous réalisons la plupart de ces pilotes ensemble », explique Henri-François Chadeisson. Cette orientation est assumée par Emmanuel Brochard, « avant Microstrategy travaillait un peu par nous-mêmes et nous avons construit notre écosystème, d'abord avec les trois hyperscalers Azure, AWS et Google, mais aussi les GSI au niveau mondial ou localisé comme Inetum ou Devoteam ». Il y a également des accords avec des éditeurs de data platform comme Snowflake, Databricks. Concernant l'IA, Microstrategy regarde au-delà de Microsoft, « nous avons des discussions avec les plus gros acteurs de l'IA et des hackathons sont en cours avec un travail sur la pertinence des réponses et l'expérience utilisateur ». Autre axe de démocratisation de l'IA, le lancement d'une offre d'essai baptisée « Auto Express » où l'utilisateur va pouvoir déployer ses tableaux de bord et utiliser l'IA pendant 30 jours à l'essai.
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