Les marques de consommables d'origine rejoignent enfin les remanufactureurs pour dénoncer la prolifération sur le marché français de consommables contrefaits produits en Chine. Tandis que celles-ci communiquent par la voix de leur syndicat, le SFIB, des remanufactureurs se sont constitués en association et préparent des dossiers en vue d'attaquer en justice des importateurs peu scrupuleux.
La menace que font peser les cartouches et les toners chinois contrefaits sur le marché français des consommables d'impression ne s'est pas éloignée, loin s'en faut. Craignant d'être confrontés à la déferlante de ces produits neufs à bas prix, que connaissent, par exemple, l'Italie et l'Espagne, les marques et les fabricants de consommables remanufacturés (ou compatibles n'enfreignant pas les droits des brevets) s'organisent. Jusqu'ici peu disertes sur le phénomène, en tous cas en France, les premières commencent à dénoncer la prolifération des cartouches clonées et à mettre en garde revendeurs et acheteurs sur les risques juridiques qu'ils encourent. Leur action de communication est coordonnée par le SFIB (Syndicat de l'industrie des technologies de l'information) auquel adhèrent notamment HP, Brother et Lexmark. De leur côté, les fabricants de consommables remanufacturés se sont regroupés au sein de l'association FRC (France Cartouche Réemploi) qu'ils ont créée en mai 2012. Relais français de L'ETIRA (association européenne des fabricants de toners et de cartouches d'encre remanufacturés), elle a pour mission de lutter contre les consommables contrefaits dans l'Hexagone. Elle regroupe en son sein des sociétés telles qu'Armor, Cycaldis, Innotec ou encore Emape.
Jusqu'à 30% de clones dans des collectes de produits usagés
Bien qu'il soit difficile de connaître le taux de pénétration des clones chinois sur le marché français, une donnée permet de s'en faire une idée. « Certains acteurs qui assurent la collecte de consommables usagers récupèrent 30% de clones », indique Charles Neuman, le PDG de Polypore, une société également membre de l'association FRC. Pour ce qui est de sa propre entreprise, l'homme affirme que 10% des 30 000 cartouches qu'elle récupère chaque mois sont contrefaits. « Il y a deux ans, nous n'en récupérions pas », ajoute-t-il.
Pour les remanufactureurs, la mobilisation des fabricants de consommables d'origine présents en France est une bonne nouvelle. Juridiquement, ils sont en effet les seuls à pouvoir attaquer les distributeurs de clones pour commerce de produits violant leurs droits de propriété intellectuelle. Les remanufactureurs, eux, ne peuvent saisir la justice qu'en dénonçant une concurrence déloyale ou une tromperie sur la marchandise lorsque les produits contrefaits arborent la mention « remanufacturés ». Pour le moment, toutefois, ni les marques d'origines ni les remanufactureurs n'ont encore traîné de contrevenants devant un tribunal français. Aux Etats-Unis, pourtant, les actions en justice des premières ont permis de quasiment éradiquer les clones chinois. Mais en Europe, la tâche s'avère plus ardue. L'union étant composée de différents pays, les fabricants devraient attaquer dans chacun d'entre eux. De fait, en France, l'heure en est encore à l'étude des dossiers. « Nous avons déjà identifié nommément les importateurs de produits contrefaits dans notre pays. Nous rassemblons des données solides avant d'attaquer », explique Charles Neuman pour le compte de l'association FCR. Du côté du SFIB, on n'indique pas si un travail de ce type est en préparation chez un ou plusieurs adhérents. « Les fabricants sont vigilants et nous ne permettrons pas que des produits illégaux servent dans nos imprimantes », prévient toutefois Patrick Bariol, le directeur des consommables chez Lexmark France et porte-parole du SFIB sur les problématiques liées à ces produits.
Du rôle des clients dans la diffusion des clones
La première bataille contre les clones chinois sur le marché français se livre donc sur le terrain de la communication. L'un des objectifs des fabricants est de sensibiliser les clients, et en particulier les grands donneurs d'ordre, qui encouragent parfois indirectement les revendeurs à commercialiser des produits clonés. « Les grands clients veulent de plus en plus d'alternatives aux consommables des grands marques. Dans certains appels d'offres, il est demandé aux soumissionnaires de proposer jusqu'à quatre gamme de prix de consommables. Les revendeurs doivent donc aller chercher les produits les moins chers pour satisfaire les clients en proposant parfois des clones pour répondre dans toutes les colonnes », regrette Patrick Bariol.(...)
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