Vendre quand tout va bien ?
C'est vrai pour le secteur IT comme pour tous les autres : les chefs d'entreprise devraient envisager une cession lorsque tout va bien et qu'ils sont suffisamment jeunes pour assurer la transition pendant plusieurs années. Inutile de préciser que c'est généralement le contraire qui se passe.
L'enjeu concerne tout d'abord la valorisation de l'entreprise. Il existe en la matière de nombreuses formules de calcul, mais celle qu'utilise DL Software est l'une des plus utilisées : « Nous multiplions le résultat d'exploitation normatif par x, si possible sur la moyenne de plusieurs années, et nous y ajoutons l'excédent de trésorerie », résume Patrick Lemaire. En suivant cette formule mathématique, on comprend la mauvaise surprise des entrepreneurs du négoce informatique qui découvrent que leur entreprise ne vaut... rien.
Chers et indispensables avocats
« Les acheteurs ne doivent pas être les seuls à être proactifs, explique Myriam Ibghy, avocate spécialisée du rapprochement des entreprises au sein du cabinet parisien Iteanu. Le cédant doit avant tout vérifier que son dossier est « propre », sachant que les acquéreurs potentiels feront de toute façon un audit ». Le plus souvent, les mauvaises surprises concernent la garantie de l'actif et du passif, les engagements du bail commercial ou la propriété intellectuelle, notamment lorsqu'il s'agit de prestations intellectuelles et de développement de logiciels.
« Cet audit préventif ne sert pas uniquement à vérifier que tout est en règle, poursuit Myriam Ibghy ; le cédant doit penser à rendre son entreprise « sexy » et à envisager plusieurs scénarios, depuis la cession du fond de commerce jusqu'à la cession de titres et à l'augmentation de capital ».
Depuis le 1er janvier 2007, les cédants qui partent à la retraite bénéficient d'un avantage fiscal important : l'exonération des plus-values. Encore faut-il vérifier que ces plus-values existent. « Comme les informations sur une entreprise en vente vont nécessairement circuler, il est indispensable de faire signer une lettre de confidentialité à tous ceux qui ont accès au dossier », précise Myriam Ibghy.
Qu'il s'agisse des cabinets spécialisés, des avocats ou des acquéreurs eux-mêmes, tout le monde est d'accord : on ne valorise plus une entreprise en étudiant son potentiel mais en analysant son historique, et donc ses résultats. « Les cédants ne doivent pas oublier qu'ils doivent être aussi bien informés que les acquéreurs potentiels, prévient Myriam Ibghy. Une cession demande à la fois du droit des affaires, du droit social et du droit des marques ».
En d'autres termes, préparer la cession de son entreprise ne peut pas être « gratuit ». Et plus on approche de la soixantaine, plus cela devient cher et difficile...
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