La datation du sinistre est désormais connue : il a débuté début février avec un changement simultané des critères de « scoring » chez les assureurs crédit (tous ensemble, quel hasard...). Résultat, plus de 1 000 revendeurs auraient perdu tout ou partie de leur encours en moins de 3 semaines. On vient donc de dégoupiller une redoutable grenade sur les marchés IT en exonérant les artificiers (les assureurs crédit) de toute responsabilité.
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En arrivant à son bureau le lundi 16 février 2009, Alain Cadot, dirigeant du grossiste aquitain Actual Systèmes, a été surpris de trouver plusieurs dizaines de télécopies envoyées par la Société Française d'Assurance Crédit (SFAC), dont 45 résiliations d'encours. Le premier réflexe du grossiste a été de contacter les revendeurs concernés, lesquels ont généralement appris la nouvelle à cette occasion.
Dans un premier temps, la SFAC a expliqué que l'incident était dû à une erreur logicielle mais, le vendredi suivant, les revendeurs n'avaient toujours pas récupéré leur encours.
La première question que l'on pouvait se poser est simple : si 45 revendeurs sont concernés dans le seul département de la Gironde, combien le sont à l'échelle du pays ?
Probablement plus de 1 000 revendeurs privés d'encours
René-Luc Caillaud n'est pas seulement Directeur Général d'ETC, le troisième grossiste informatique en France en termes de chiffre d'affaires, il est également Président du Syndicat des grossistes Informatique. Lui aussi a constaté un brusque durcissement des assureurs crédit depuis début février. « S'il y a eu 1 000 résiliations d'encours, ce ne serait pas étonnant, mais il y a surtout eu de très nombreuses réductions d'encours ». Le Président du syndicat professionnel voudrait agir très vite, mais la réunion entre les grossistes, les assureurs crédit et les médiateurs mandatés par le gouvernement n'aura probablement lieu qu'à la mi-mars, dans près d'un mois. D'ici là, plusieurs centaines de revendeurs auront probablement été placés en redressement judiciaire.
Qui est responsable de la catastrophe ?
« C'est une véritable catastrophe pour le marché IT », fulmine Christian Bittebierre, Vice Président Europe d'Ingram Micro. Chez ce grand grossiste généraliste - le deuxième en France derrière Tech Data et devant ETC - on ne cache pas que l'activité sur certains comptes a été divisée par 5 en janvier et février. « La situation devient absurde, souligne Christian Bittebierre : là où il y a des encours, il n'y a plus de business, et là où il y a du business, il n'y a plus d'encours ! ». Ingram Micro ne peut pas être soupçonné de pointer du doigt la SFAC, puisqu'il ne travaille pas avec cet assureur crédit.
Il n'empêche que tous les témoignages concordent pour désigner la SFAC comme celui qui vient mettre de l'huile sur le feu.
Pour la SFAC, le reproche est injustifié
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