Bernard Ourghanlian (à gauche), directeur technique et sécurité de Microsoft France, et Nicolas Petit, directeur marketing & opérations, lors de la conférence de rentrée de la filiale, par Skype for Business. (crédit : D.R.)
Dans l'Hexagone, 10% de la base installée de Microsoft a déjà migré sous Windows 10, a indiqué la filiale française à l'occasion de sa conférence de rentrée. Du côté des entreprises, le service Windows Update for Business permettra à chacune d'adapter la migration à son rythme ; 50 d'entre elles sont en cours d'adoption de l'OS.
Tenue cette année via Skype for Business, l'habituelle conférence de rentrée de Microsoft France a largement abordé l'accueil fait à Windows 10, arrivé le 29 juillet, sans omettre les polémiques sur la collecte des données personnelles suscitées par la dernière mouture de l'OS. Alain Crozier, DG de la filiale française, a livré quelques chiffres avant de laisser son équipe dirigeante répondre au fil de l'eau aux questions sur l'adoption de l'OS en entreprise, la progression des services cloud ou encore celle des tablettes Surface 3/Pro 3 et de Windows Phone. En un mois, 75 millions d'installations de Windows 10 ont été faites dans le grand public (soit une trentaine d'installations chaque seconde). Comparé à Windows 8, le rythme de la mise en place a été 10 fois plus rapide. Il est vrai que le système d'exploitation est cette fois gratuit (comme pour les dernières versions de l'OS X d'Apple) pour les utilisateurs de Windows 7 et 8, ce qui encourage à le télécharger. Une bonne chose quand on veut limiter la fragmentation de son OS.
Les entreprises ont également commencé à migrer, évidemment plus prudemment. Sur ce marché, Alain Crozier a indiqué 1,5 million d'utilisateurs sous le nouvel OS, en rappelant que Microsoft visait le milliard de terminaux sous Windows 10 dans le monde. En France, l'OS s'est installé à la cadence de 100 000 PC par jour, soit 3 millions en un mois. Près de 10% de la base installée a migré, a précisé Marc Jalabert, directeur de la division grand public. Alain Crozier a également donné quelques chiffres sur le cloud. L'objectif de Microsoft est d'atteindre les 20 Md$ sur ce marché d'ici 2018. Pour l'instant, son chiffre d'affaires cloud atteint 8 Md$ sur une tendance annualisée, avec un millier de clients gagnés par jour, 50 millions d'utilisateurs d'Office 365 dans le monde et la base installée de CRM Online multipliée par 2,5 en un an.
Un point sur la protection de la vie privée
Evidemment, tous ceux qui ont pré-réservé leur OS n'ont pas encore été servis, notamment en France. « Les mises à jour ont lieu par vagues successives, à rythme soutenu », a expliqué Nicolas Petit, directeur marketing & opérations. La charge sur le réseau est importante et Microsoft prend aussi le temps de s'assurer que les machines candidates sont véritablement compatibles. Du côté des OEM et des pilotes, dont certains manquent bien sûr à l'appel, plus de 90 000 configurations ont été faites depuis l'origine, a précisé Marc Jalabert, indiquant qu'on voyait arriver chez la plupart des OEM des machines préinstallées avec Windows 10. « Cela va se généraliser jusqu'à la période de Noël », a-t-il ajouté.
Marc Mossé, directeur des affaires publiques et juridiques de la filiale française, est de son côté revenu sur la protection de la vie privée intégrée à Windows 10, l'approche Privacy by Design (censée inclure une protection par défaut), qui a défrayé la chronique cet été, Microsoft ayant été accusé de collecter abusivement les données de ses utilisateurs. Le responsable juridique soutient que ces procédures ont été mises en place d'une façon transparente et que les utilisateurs gardent le contrôle sur leurs données, en décidant ce qu'ils veulent communiquer ou non. « Il y avait auparavant 26 documents sur les règles applicables, il n'y en a maintenant qu'un seul. Nous avons fait ce choix pour que les utilisateurs connaissent leurs droits », a-t-il défendu. « Nous avons fait tout un travail en amont pour que les utilisateurs puissent le paramétrer en 3 clics », a-t-il ajouté en rappelant que la CNIL avait aussi donné des guidelines pour le faire et que Microsoft était en procès contre le gouvernement américain parce qu'il refusait de donner accès aux données de ses clients. Enfin, il a assuré que les données liées aux contenus des utilisateurs n'étaient pas exploitées à des fins de ciblage publicitaire.
Un déploiement à plusieurs vitesses en entreprise
Du côté des entreprises, le service Windows Update for Business, annoncé au printemps, les laissera déterminer la vitesse avec laquelle elles vont déployer Windows 10, en permettant qu'une partie des utilisateurs le fasse beaucoup plus rapidement, a pointé Bernard Ourghanlian, directeur technique et sécurité de Microsoft France. A sa suite, Nicolas Petit, a rappelé que 200 entreprises avaient participé au programme Windows Insider au niveau mondial pour tester Windows 10 en avance de phase. Et qu'il y avait en France 50 entreprises en cours d'adoption de l'OS, grands comptes et PME, parmi lesquelles Bouygues Construction. Après une période de flottement autour des mises à jour qui doivent se succéder de façon soutenue, Microsoft a rectifié le tir : « Nous allons documenter de manière systématique ce qui se trouvera dans les mises à jour », a confirmé Bernard Ourghanlian, reconnaissant que l'éditeur modifiait les évolutions de son OS en fonction des commentaires des clients. De son côté, Nicolas Petit a rappelé que le programme Windows Insider se poursuivait et que deux nouvelles builds avaient déjà été livrées.
Attirer les développeurs Android et iOS
L'équipe française a par ailleurs été interpelée sur le nombre de logiciels disponibles sur Windows Store. « Le store est plus jeune que d'autres, mais il compte 673 000 applications et nous travaillons activement pour rendre la vie plus facile aux développeurs », a plaidé Nicolas Gaume, directeur de la division développeurs. La filiale française a notamment tenu la semaine dernière une conférence autour de Windows Bridge pour Android (projet Astoria) qui doit permettre aux développeurs de réutiliser leur code Android pour des apps Windows. « Il y aura aussi un certain nombre d'opportunités sur d'autres devices comme Hololens. » Microsoft veut montrer aux développeurs des mondes Apple et Android l'intérêt de travailler avec lui. « Depuis la conférence Build, beaucoup nous recontactent, que nous avions perdu de vue », a confié Nicolas Gaume, avant d'être épinglé sur la qualité de certaines applications du store qui laisse à désirer. « C'est le problème de tous les stores, nous allons essayer d'être plus efficaces ». Sur Windows Phone, Thierry Amarger, directeur de la partie Mobile Device chez Microsoft France, annonce 12,6% de marché sur juillet selon le cabinet Kantar, en France. « Sur les entreprises, la dynamique est encore meilleure, selon lui, avec des références comme Accenture ou Henkel. La version mobile de Windows 10 Mobile arrive à l'automne. Les curieux qui ne craignent pas de planter leur terminal peuvent toujours tester les préversions sur Lumia puisqu'il existe aussi un programme Windows Insider pour l'OS mobile.
Plus de partenaires pour la tablette Surface
Le cas de Bing a également été abordé. La gratuité de Windows 10 va aussi constituer un moyen d'augmenter ses parts. Le moteur de recherche de Microsoft aurait atteint cet été en France une part de marché de 10% avec le réseau Yahoo Bing Network. C'est une étape significative qui s'est produite avant le lancement de Windows 10. A la suite de partenariats, Bing va de plus en plus être intégré à des services, déjà via Siri, Orange Mobile ou Amazon. L'assistant Cortana utilise Bing comme moteur d'inférence et, par ailleurs, des API permettent aux développeurs de l'intégrer dans des applications d'entreprise pour faire des recherches dans le SI interne et sur le web.
Sur le marché des tablettes, la Surface a rencontré un vrai succès en France, a assuré Marc Jalabert, sans préciser de chiffres de vente. Alain Bernard, directeur de la division PME, a ajouté que, du côté entreprises, elles ont été à 50% vendues en PME, en signalant aussi l'ouverture du réseau de distribution qui compte déjà plus de 150 partenaires traditionnels. « Il va donc y avoir une accélération ». Parmi les utilisateurs figurent déjà LVMH, Nexity ou encore M6. Du côté des smartphones, sur un portefeuille de produits plus restreint et sur certains segments, « nous allons essayer de sortir des produits qui amènent de la différentiation », a ajouté Thierry Amarger. « Nous gardons toutes nos capacités de R&D et de production sur la gamme Lumia », a de son côté souligné Marc Jalabert. Des annonces sur les produits mobiles seront faites à l'automne par Satya Nadella. Les rumeurs parlent d'une Surface Pro 4 et d'un Lumia haut de gamme.
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