La 3G, un secteur en plein essor

La forte croissance, en 2005, des revenus liés aux abonnements data confirme que le haut débit mobile constitue une opportunité pour tous les acteurs capables de proposer autour des services à valeur ajoutée.

Selon le cabinet Cesmo, 96 % des grandes entreprises sont dotées de téléphones mobiles (un salarié sur deux) et 53 % utilisent déjà des smartphones (3 % des employés). Mieux : cette étude réalisée sur un panel de 378 sociétés montre que plus des deux tiers d'entre elles souhaitent déployer des applications mobiles en 2006. Une intention motivée par le développement des réseaux Edge et UMTS. « La 3G par rapport au GPRS, c'est le jour et la nuit ! » s'exclame Stéphane Vinazza, gérant du groupe Synox, un intégrateur de solutions mobiles. Nous n'avons jamais vendu beaucoup d'abonnements GPRS, alors que nous sommes partenaires data de Bouygues Telecom depuis 2001. De fait, la mobilité haut débit n'a vraiment décollé que l'an dernier.» À cette époque, les opérateurs ont commencé à offrir une couverture UMTS digne de ce nom dans les grandes villes et à compléter leur maillage, dans les zones non couvertes, avec la technologie Edge. Ainsi SFR et Orange proposent-ils des débits de 350 Kbit/s dans les régions urbaines et de 150 Kbit/s dans les zones Edge. Quant à Bouygues Telecom, il devrait entamer d'ici à 2007 le déploiement d'un réseau HSDPA, une technologie qui procure des débits de 3 à 4 Mbit/s. Un décollage des ventes d'abonnements data que confirme Nathalie Martin, directrice des ventes entreprises d'Avenir Telecom. L'atout des services à valeur ajoutée « Les ventes d'abonnements data ont représenté environ 10 % de notre activité entreprises en 2005, et nous devrions écouler deux fois plus de cartes 3G cette année, indique-t-elle. Parallèlement, la vente de BlackBerry connaît une forte progression car ces terminaux, naguère réservés aux cadres dirigeants, se démocratisent. Du coup, une bonne part de notre croissance de 2006 devrait se faire sur le marché des données. » Mais, pour séduire les entreprises, opérateurs et distributeurs ne jouent pas seulement la carte des débits. Ils misent aussi - et surtout - sur les services à valeur ajoutée, en proposant notamment des solutions pour les aider à mieux gérer leurs flottes de terminaux mobiles. Ainsi,SFR propose depuis octobre dernier un service similaire à l'offre Flotte On-line d'Orange, pour l'instant réservé à ses abonnés voix. « Aux entreprises qui n'ont pas les ressources pour gérer elles-mêmes leur parc de téléphones, nous offrons des services incluant le renouvellement de leurs téléphones, ainsi que le blocage ou le déblocage de cartes SIM, pour 5 E par mois et par ligne, précise Pierre-Yves Rallet, directeur marketing et partenariats de SFR Entreprises. Nous les aidons aussi à optimiser leur facture en leur signalant les lignes utilisées ou non et en inventoriant leur parc. » L'opérateur devrait en outre lancer au cours de ce semestre-ci une offre baptisée Service Data pour simplifier le déploiement d'applications mobiles. « Nous proposerons des prestations d'installation, de déploiement, et une hot-line utilisateurs, détaille Pierre-Yves Rallet. Nous irons jusqu'à administrer des serveurs de messagerie BlackBerry, mais nous n'avons pas vocation à remplacer SFR Global Services. C'est pourquoi ces services seront assurés via des partenaires. » Les opérateurs à la manoeuvre L'opérateur, qui ambitionne de tirer de ces services 20 % de son CA entreprises d'ici à 2008, encourage ainsi les intégrateurs et les distributeurs à investir ce marché. Il cite à ce propos le cas d'Econocom, qui s'est emparé dès 2004 de Signal Service, premier distributeur SFR Entreprises, puis, en 2005, de la société toulousaine JCA Entreprise, deux sociétés spécialisées dans la téléphonie mobile. « En rachetant ces acteurs, nous voulions créer pour nos clients un guichet unique capable de proposer les offres d'abonnement des opérateurs, la fourniture des terminaux, l'intégration de systèmes et la gestion de projets », commente Luc Jacob, directeur de la branche télécoms d'Econocom. Si l'activité mobile n'a représenté que 5 % des ventes d'Econocom en 2005, le revendeur prévoit une croissance de 30 à 35 % de ce secteur cette année. « On assistera à un boom des applications associant mobilité et informatique, prédit Luc Jacob. Chez Inmac-Wstore, on fait le même pari. « La carte PCMCIA est devenue l'accessoire indispensable de l'ordinateur portable, soutient Roland Tripard, Dg adjoint d'Inmac-Wstore. C'est pourquoi nous avons noué un partenariat avec Orange en septembre dernier pour distribuer ses offres voix et data Business Everywhere. Et nous annoncerons bientôt un accord avec un deuxième opérateur. » Autre exemple d'acteur venu de l'informatique pour investir le champ de la mobilité : le groupe Synox, qui propose des solutions encore plus pointues. « Nous installons des solutions mobiles complexes, comme l'accès à des serveurs de messagerie BlackBerry, et nous proposons des offres d'accès distant et des tunnels RPV pour sécuriser ces accès, détaille Stéphane Vinazza, gérant de la société. Nous développons aussi des solutions à la demande, comme cette application de réclamations pour une société HLM qui permet aux gardiens d'immeuble d'enregistrer via un PDA les doléances des locataires. » Pour leur part, les distributeurs téléphoniques traditionnels, à l'instar de The Phone House, sont contraints de s'adapter à la nouvelle donne. Ce qui les conduit à lancer de nouveaux services et à faire évoluer leurs habitudes. « La montée en puissance des services data induit un changement d'interlocuteur chez nos clients, note Christophe Lefort, directeur de The Phone House Entreprises. Nous traitons maintenant avec les DSI pour la négociation des contrats. Et, au-delà de la vente des matériels, nos clients attendent de nous une expertise. C'est pourquoi nous envisageons de nous rapprocher d'intégrateurs issus du monde de la data, au besoin par une fusion. » Des investissements très lourds Toutefois, il faut garder à l'esprit que le ticket d'entrée sur ce marché est assez élevé, tant pour les distributeurs issus des télécoms que pour ceux venus de l'informatique. « Car, explique Pierre-Yves Rallet, ces derniers doivent recruter des profils de spécialistes capables de conseiller leurs clients sur les architectures réseaux et les applications mobiles. » Cela exige des investissements qui sont hors de portée des petits distributeurs, juge-t-il. Une situation qui devrait accélérer encore la concentration du marché et favoriser les rapprochements entre distributeurs informatiques et téléphoniques.

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