Après la grave crise de 2003, les grossistes ont retrouvé en 2005 une situation économique moins tendue. Mais de nombreuses défaillances montrent que ce secteur n'est pas totalement sorti de l'ornière.
L'année 2005 ne fut pas facile pour tout le monde. Une bonne quarantaine d'entreprises ont mis la clé sous la porte ou ont été rachetées, telles que Pluscom, Softway, Widget France, Ideal Vision ou Lodinaccess. C'est sans doute le secteur de l'assemblage qui aura payé le plus lourd tribut. Un taux de croissance malgré tout enviable Cependant, malgré ce nombre impressionnant de faillites et de rachats, la profession a affiché en 2005 un taux de croissance moyen de 5,5 %. Cela s'explique par des situations très contrastées où certains domaines d'activité ont tiré leur épingle du jeu. Ainsi, le monde des consommables s'est essentiellement distingué grâce à l'excellente performance d'UFP, qui a enregistré, selon son Dg Alain Benchetrit, une progression de plus de 30 % sur le marché français. Avec une croissance au niveau européen de seulement 10 % (la société ne nous a pas communiqué son CA français), Dexxon Data Media n'a pu que s'incliner. Les grossistes à valeur ajoutée ont eux aussi connu semble-t-il une année en demi-teinte. Les principaux (Azlan, Logix, Best'Ware, Westcon et Distrilogie) ont refusé de nous communiquer leur chiffre d'affaires 2005. Cacheraient-ils une année en berne? En parallèle, le milieu a enregistré l'an passé le rachat de Softway par ITWay et de mauvais résultats pour la filiale française de l'italien Algol. On assiste également à une évolution de la répartition des activités. Ainsi, si les dix principaux grossistes à valeur ajoutée concentrent près des 7/10 du business, de petites structures fourbissent leurs armes, avec des compétences et des fournisseurs qu'on ne trouve pas chez les leaders, à l'instar de Voiceway, d'Hermitage Solutions ou de Graph' Image. «On constate une surdistribution sur les produits leaders, avec pour corollaire un tassement des marges et une perte d'intérêt commercial des intégrateurs pour ces marques. Ce qui ouvre une porte pour des produits novateurs», explique Olivier Breittmayer, Dg de Techniland Systèmes. Les dix plus gros généralistes ont encore pris du poids Seule catégorie à s'en sortir gagnant, celle des grands généralistes, qui ont connu en 2005 une année correcte. Ainsi, les dix plus grands grossistes généralistes ont renforcé leur poids en passant entre 2002 et 2005 de 87 à 89 % du marché. La plus belle progression est à mettre au crédit d'UFP Hardware qui, bien que créé en 2003, pèse déjà 125 millions d'euros. Toutefois Alberto Gabaï, le Pdg de Tech Data France, estime qu'en fait certaines conditions manquent pour réaliser de meilleures progressions: «Les organismes financiers limitent les encours des revendeurs, alors même que ces derniers seraient prêts à conclure plus de ventes. En outre, les volumes de stockage sont insuffisants par rapport au nombre de références dont nous pouvons disposer.» Sans compter que, avec la baisse continue des prix, les généralistes doivent écouler toujours plus de produits pour augmenter leur chiffre d'affaires, et donc rentabiliser leur activité. Un souci de plus en plus aigu pour les petits grossistes et qui a ainsi conduit Kalidis à la fermeture en milieu d'année dernière. La solution? Il faudrait peut-être la rechercher du côté du Danemark ou de l'Italie. Le premier affiche un nombre impressionnant de petits distributeurs compte tenu de la taille du pays (de l'ordre de 150), mais la plupart sont spécialisés sur un nombre restreint de marques. Peu de surdistribution, donc une guerre tarifaire réduite et des marges et une rentabilité préservées. En Italie, où l'on compte également une multitude de grossistes (entre 350 et 400), ceux-ci se concentrent, quelle que soit leur activité, sur des zones géographiques précises au sein desquelles ils créent des réseaux de revendeurs exclusifs. Fournisseurs ou clients: l'avenir de la distribution passera-t-il donc par une plus grande fidélité?
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