Fred Voccola, CEO de Kaseya : « Dans chacune des entreprises que nous avons rachetées, nous avons considérablement augmenté les ressources financières et les investissements dans les produits, la R&D, le support et les capacités de back-office pour la satisfaction client. » Crédit photo : D.R.
Fred Voccola, le CEO de Kaseya, promet que le rachat de Datto va permettre aux MSP d'avoir accès à de meilleurs tarifs et à de produits bénéficiant de de budgets de développement augmentés.
Quand elle a été officialisée en avril dernier, la décision de Kaseya d'acquérir Datto a surpris de nombreux MSP. L'opération à 6,2 Md$ devrait être finalisée dans le courant du second semestre 2022. Selon Fred Voccola, le CEO de Kaseya, elle permettra aux clients de bénéficier de solutions plus fonctionnelles, innovantes et intégrées. Néanmoins, les MSP sont en droit de s'inquiéter des conséquences que la transaction pourrait avoir sur Datto - comme le met en évidence la création de goodbyedatto.com -, si l'on considère l'historique de Kaseya en matière de rachats, notamment celui d'IT Glue, les problèmes de sécurité que l'éditeur a récemment connus et la façon dont il en a géré les retombées.
Rien d'étonnant donc, à ce que les MSP surveillent attentivement la situation, pour comprendre comment les véritables intentions de Kaseya se concrétiseront et affecteront des domaines clés comme le développement et le support produit ainsi que l'engagement envers les partenaires. L'alignement des cultures des deux entreprises apparaît lui aussi comme un autre facteur important dans leur rapprochement.
12 rachats réalisés depuis 2015
Le nombre de rachats effectués par Kaseya est assez phénoménal. Rien qu'à compter de 2015, année de prise de fonctions de Fred Voccola, pas moins de 12 opérations de croissance externe ont permis à l'éditeur d'enrichir sa plate-forme d'ITSM (gestion des services informatiques) IT Complete. Dans une interview donnée à nos confrères d'ARN, le CEO a déclaré, que sous sa direction, les éditeurs acquis par Kaseya ont conservé une identité intacte.
« Dans chaque entreprise que nous avons rachetée, nous avons considérablement augmenté les ressources financières et les investissements dans les produits, la R&D, le support et les capacités de back-office pour la satisfaction client », a-t-il ajouté. Et de poursuivre : « Nous n'avons jamais procédé à des licenciements massifs ou fermé des bureaux. Ce n'est pas pour cela que nous acquérons des entreprises. Nous avons toujours rendu les produits de chacune de celles que nous avons achetées plus abordables après la transaction. »
Le dirigeant comprend néanmoins que les partenaires et les clients puissent exprimer des craintes, puisque le rachat de Datto par Kaseya constitue en lui-même un changement. « Mais nous n'éliminons pas à 100 % les produits, nous n'éliminons pas la marque Datto. Il n'est pas prévu de fermer ou de changer la culture Datto », assure-t-il.
Certains produits en doublon vont perdurer
En pratique, cela signifie notamment que certains produits des catalogues de Datto et Kaseya positionnés dans les mêmes catégories continueront d'être édités. Une stratégie destinée à ne pas se fâcher avec les MSP et dont le coût n'est pas négligeable : « pour qu'une entreprise comme Kaseya continue de progresser, elle pourrait avoir besoin de 100 à 300 ingénieurs supplémentaires pour maintenir et investir dans plusieurs produits - PSA (automatisation des services professionnels), RMM (surveillance et gestion à distance) et sauvegarde. Cela représente peut-être 15 à 25 M$ par an », détaille Fred Voccola. Pour replacer cet investissement dans son contexte, il faut préciser que Kaseya et Datto pèsent 2 Md$ de chiffre d'affaires pour 800 M$ d'EBITDA.
Concernant la façon dont le nouvel ensemble sera structuré, aucun détail n'a en encore été fourni. Le CEO de Kaseya fait néanmoins savoir que les cas des entreprises déjà rachetées par l'éditeur fournissent de bons repères sur la façon dont les choses vont prendre forme. « Sur les 60 membres exécutifs de Kaseya, 40 sont issus d'acquisitions que nous avons réalisées, précise-t-il. Nous n'achetons pas d'entreprises pour les casser. Nous le faisons parce que nous voulons obtenir ce qui les rend excellentes. Datto est une entreprise formidable avec des collaborateurs formidables, et Rob Rae [Ndlr : vice-président principal du développement commercial] en est une des illustrations. Nous serions fous si nous ne proposions pas de postes à ces talents. »
Promouvoir les contrats de trois ans pour contrer l'inflation
Concernant les prix des solutions, le dirigeant de Kaseya se veut aussi rassurant. Il précise que plutôt que d'augmenter les prix des produits des entreprises dont il s'empare, l'éditeur a plutôt coutume de les rendre plus abordables. Actuellement, Kaseya propose des contrats d'un, deux et trois ans, Voccola déclarant que même l'offre d'un an est toujours moins chère que celle de ses concurrents. L'éditeur incite toutefois ses clients à signer des contrats de trois ans. « Il y a plusieurs raisons pour lesquelles nous faisons cela. D'une part, pour que nos clients puissent bénéficier des meilleurs prix au cours des trois prochaines années, à un moment où l'inflation est devenue un sujet de préoccupation. Deuxièmement, si notre produit est 30 % moins cher à l'année que ceux de nos concurrents et que les prix des logiciels augmentent de 10 % par an, nous sommes toujours 60 % moins chers au bout de trois ans. »
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