Plusieurs entreprises, dont Lenovo, Asus et la division Xbox de Microsoft, se sont déjà engagées à intégrer Horizon OS de Meta dans leurs casques AR/VR. (Crédit photo : Meta)
Cette initiative renforce les positions, déjà fortes, de Meta sur le marché de l'AR/VR, tout en permettant aux fournisseurs de casques de se concentrer sur le développement du matériel plutôt que sur celui des logiciels. Lenovo et Asus font déjà partie des entreprises qui construisent des casques fonctionnant avec l'OS Horizon de Meta.
Afin d'encourager une adoption plus large de la réalité mixte, Meta prévoit de céder sous licence l'OS de ses casques Quest à des fabricants tiers. « L'ouverture de l'OS Horizon, utilisé dans les appareils Quest, devrait faciliter l'accès au marché des fabricants de matériel qui cherchent à créer de nouveaux produits », a déclaré Meta. Les développeurs de logiciels pourront aussi vendre leurs applications de réalité mixte à un public plus large dans la boutique d'applications Horizon de Meta (anciennement Quest Store). « Le nombre et le type d'appareils pouvant exécuter leurs applications seront beaucoup plus vastes, et les fabricants d'appareils pourront cibler davantage d'utilisateurs, comme ce fut le cas avec les PC et les smartphones », a déclaré Meta dans un billet de blog. Selon les analystes, en ouvrant son écosystème, Meta peut renforcer sa position dominante sur le marché de l'AR/VR, tout en réduisant la barrière à l'entrée pour les fabricants de matériel. « Meta a tout intérêt à diversifier son écosystème matériel et à faire de Meta Horizon OS le système d'exploitation standard des casques de réalité mixte », a déclaré Will McKeon-White, analyste principal chez Forrester. « Jusque-là, Meta était dépendant des ventes d'Oculus, et cette ouverture dissocie leur système d'exploitation des casques et du matériel ».
L'OS et ses utilisateurs potentiels
« Basé sur une version modifiée du système d'exploitation Android de Google, Horizon OS de Meta est le fruit d'une décennie de travail pour construire des produits de réalité virtuelle et mixte », a déclaré l'entreprise. Ces dernières années, Meta a dépensé des milliards de dollars pour créer des appareils comme le Quest 3 et le Quest Pro. Elle a notamment ajouté des fonctionnalités comme le Pass Through pour l'envoi du flux vidéo en temps réel aux écrans situés à l'intérieur du casque de réalité virtuelle, le suivi « inside-out » qui suit les mouvements et la position de l'utilisateur, et les ancrages spatiaux qui permettent de fixer des objets numériques dans l'espace physique. Plusieurs entreprises, dont Lenovo, Asus et la division Xbox de Microsoft, se sont déjà engagées à intégrer Horizon OS dans leurs matériels. Asus et Xbox se concentreront sur les jeux, tandis que Lenovo, déjà associé à Meta pour produire l'Oculus Rift S, développera des casques destinés à la « productivité, à l'apprentissage et au développement », comme l'a indiqué Meta. « Il faudra peut-être attendre quelques années avant que les appareils ne soient disponibles », a déclaré Mark Zuckerberg, CEO de Meta, dans un message vidéo publié lundi sur Instagram. En ouvrant son système d'exploitation à d'autres acteurs du marché, Meta « s'inspire de la stratégie de Google », a déclaré Ramon Llamas, directeur de recherche chez IDC, en référence au positionnement d'Android sur les marchés des smartphones et des smartwatches. « Google a créé la plateforme et un certain nombre de fournisseurs l'ont utilisée », a-t-il ajouté, en faisant remarquer que le matériel de Google est en concurrence avec des partenaires comme Samsung et d'autres qui s'appuient sur Android. Comme pour Android sur les smartphones, l'accès à un écosystème logiciel préexistant peut fortement intéresser les fournisseurs de casques de réalité mixte, en particulier à un stade précoce du marché où la demande reste faible.
Moins d'obstacles pour les fabricants de matériel
« La création d'un casque de réalité mixte est un défi technique important pour les fabricants de matériel », a rappelé M. Llamas, et la nécessité de créer également le logiciel sous-jacent aggrave le problème. « Surtout si vous êtes un petit acteur, c'est un obstacle considérable à franchir », a-t-il déclaré. Certains de ces problèmes sont toutefois en passe d'être résolus. Les fabricants de casques peuvent désormais obtenir des puces VR spécialisées auprès de Qualcomm, avec une plateforme logicielle disponible auprès de Meta. « C'est une proposition de valeur attrayante, qui va simplifier les choses pour de nombreuses entreprises », a ajouté M. Llamas. Un écosystème plus mature pourrait favoriser l'adoption par les clients. « En intégrant le système d'exploitation Horizon de Meta, les fournisseurs de matériel pourraient plus facilement convaincre les clients qu'ils disposent des applications et de l'écosystème nécessaires pour soutenir leur produit », a expliqué Anshel Sag, analyste principal chez Moor Insights and Strategy. Malgré les avantages potentiels, les fournisseurs de matériel doivent se demander si le partenariat avec Meta est la bonne stratégie. « Reste à voir qui d'autre montera à bord de ce train », a-t-il poursuivi. « Il y a beaucoup d'avantages, mais il faut faire preuve de toute la diligence requise et s'assurer que c'est le meilleur choix possible ».
Concurrence Apple-Google
Selon les données d'IDC, avec à son actif plus de 60 % des volumes globaux de casques vendus au quatrième trimestre 2023, Meta est l'acteur dominant du marché de l'AR/VR. C'est une part g d'un marché qui demeure relativement petit, IDC prévoyant que 9,7 millions d'équipements seront commercialisés dans le monde cette année.
Bien que la demande en appareils de réalité mixte n'ait pas encore décollé, Meta doit faire face à une concurrence active sur plusieurs fronts. Le lancement du vasque Vision Pro d'Apple en début d'année l'oppose à un nouveau rival, bien que le coûteux équipement d'Apple ne devrait se vendre qu'à quelques centaines de milliers d'exemplaires cette année. Google devrait également fournir L'OS du casque de réalité mixte de Samsung, dont le lancement est prévu dans le courant de l'année. Si Google est le principal concurrent de l'écosystème mobile d'Apple avec Android, l'étendue de ses ambitions sur le marché de la réalité virtuelle n'est pas encore claire à ce stade.
Meta, qui a réalisé le plus gros investissement dans les technologies de réalité mixte ces dernières années, a l'avantage de s'être lancé le premier, a déclaré M. Sag, avec une bibliothèque d'applications 3D relativement solide par rapport à Google et Apple ; ces deux derniers partent en effet de zéro avec leurs propres efforts en matière de logiciels.
La décision de donner accès à son système d'exploitation pourrait donc constituer un autre atout pour l'avenir. « Meta a une longueur d'avance... Ouvrir son écosystème et faciliter le développement vont représenter un défi supplémentaire pour Apple et Google, et profitera en fin de compte à tout le monde, avec une plus grande concurrence entre les écosystèmes », a déclaré M. Sag.
Pour les utilisateurs d'appareils de réalité mixte, l'intensification de la concurrence sur le marché devrait être une bonne nouvelle. « Le véritable gagnant dans tout cela sera l'utilisateur final », a déclaré M. Llamas. « Initialement, les retombés profiteront au grand public, et ce sera ensuite le tour des utilisateurs professionnels. »
Suivez-nous