Les organisations du numérique se sont regroupées, à travers le Collectif du numérique, pour présenter une position commune aux différents candidats. Visiblement, ces candidats ne les écoutent pas, le numérique n'est toujours pas leur priorité, des obstacles de fond se révèlent avant une éventuelle percée du numérique.
Après les propositions des candidats, synthétisées dans le précédent volet, un rappel de tout ce qui empêche le sujet numérique d'être pris en compte par les décideurs politiques.
Faut-il un ministère à part entière ?
A question simple, réponse compliquée. Le gouvernement actuel a lui même évolué. Au départ, il était doté d'un secrétariat d'Etat à l'économie numérique avec Eric Besson puis Nathalie Kosciusko-Morizet comme titulaires. Le 1er très impliqué, avec un plan Très haut débit et un livre programme, la seconde ... plus lointaine. Ensuite, le gouvernement a rattaché le numérique à l'industrie (un ministère délégué) avant, dernière version, d'en faire un ministère entier, industrie et économie numérique, rattaché à Bercy. Eric Besson en est l'actif titulaire.
L'Avicca, Association regroupant les collectivités locales actives dans le déploiement du Très haut débit, vient de rappeler son attachement à un ministère plein chargé du numérique.
En fait le problème est beaucoup plus complexe. Au moins pour trois raisons.
D'abord, beaucoup de sujets numériques resteront autonomes dans leur ministère. L'Education nationale ne permettra jamais d'immixtion dans son territoire, sur ce sujet comme sur d'autres, des voix s'élèvent systématiquement pour dénoncer le privé derrière toute évolution numérique.
Ensuite, certains sujets relèvent de l'interministériel, soit de Matignon, soit de Bercy, c'est le cas des grands progiciels destinés à la refonte de la comptabilité et de la gestion des ministères, derrière eux la recherche d'économies est le premier objectif. C'est le cas aussi du grand emprunt.
Enfin, comme le souligne Fleur Pelerin, il faut penser avant tout à diffuser la culture numérique au sommet de l'Etat, c'est pour elle plus important que la création ou le maintien d'un ministère du numérique. A quand un e-Président de la République ? Dans 40 ans, répond un brin provocateur Pierre-José Billotte, le président de Eurocloud, le temps qu'une nouvelle génération arrive au manettes !
Les politiques comprennent-ils le numérique ?
Au cours de son bref passage au secrétariat d'Etat à l'économie numérique (elle avait été mise là, comme on met quelqu'un au placard) Nathalie Kosciusko-Morizet a pourtant débuté la mise en place de formations pour les parlementaires. Idée délicate à manier mais très utile, si les hommes politiques maîtrisent les outils numériques, ils seront plus favorables au sujet de l'économie numérique.
Trop d'entre eux confondent par exemple l'envoi et la réception de SMS avec la maîtrise de ces outils. Mais combien disposent et utilisent d'outils de pilotages dans leur collectivité locale ? Combien maîtrisent les réseaux sociaux et les outils collaboratifs ?
Quand verront nous des conseils des ministres avec des postes informatiques, la visio conférence, une vidéo interne ? C'est le cas en Lituanie.
En fait, le numérique contredit la grande culture administrative française pyramidale, basée sur l'utilisation de notes internes, leur circulation et la validation de ces notes. Utiliser les outils numériques revient à limiter et contredire les usages traditionnels.
Les goulets d'étranglement
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