A l'occasion de Hacking 2017, les acteurs français du numérique ont souhaité confronter les candidats à la présidentielle. Face à leurs doléances, ces derniers ont surtout déballé leurs programmes économiques sans pour autant beaucoup creuser sur les aspects intrinsèques du numérique.
Les représentants français du numérique veulent « hacker » la présidentielle. A cet effet le Syntec Numérique, Croissance Plus, France Digitale et l'Acsel ont invité mardi 28 mars les candidats - ou leurs représentants - à venir répondre à leurs question et leur interrogations lors de Hacking 2017. « J'ai été un membre fondateur des Pigeons. Aujourd'hui, je suis toujours inquiet quant au cadre dans lequel évoluent aujourd'hui les entreprises du numérique », a déclaré Olivier Mathiot, co-président de France Digitale en ouverture de l'événement qui se tenait au théâtre des variétés.
Et au regard des impressions partagées par les différents acteurs français du numérique appelés à témoigner sur leurs préoccupations avant l'entrée en scène des politiques, il y a de quoi. Benoît Thieulin, directeur de l'innovation d'Open et entrepreneur fait remarquer que chaque candidat a coché la case du numérique dans son programme sans pour autant que le sujet n'ai été abordé lors des récents débats. « Le problème c'est que le numérique est encore vu comme un secteur alors qu'aujourd'hui c'est un phénomène de transformation globale de la société », estime le dirigeant.
La politique pas numérique
Marie Eklande, co-fondatrice de Daphni et, entre autres, vice-présidente de France Digitale poursuit en rappelant que les outils numériques sont aujourd'hui utilisés par l'ensemble de la société. « Pour autant, les politiques n'ont toujours pas adopté une vision globale à son sujet. Il faut définir un cadre social autour du numérique », appelle-t-elle. Et ce n'est pas la seule requête qui a pu être faite à l'attention des candidats. Beaucoup d'acteurs du numérique ont défilé, et c'était souvent les même demandes qui ressortaient.
« Quand vous jouez au Monopoly, vous ne souhaitez pas que les règles changent en milieu de partie. Dans l'entreprise c'est pareil. Nous ne pouvons pas établir des stratégie fiables si les règles financières et sociales changent tous les quatre matins », déclare Bertrand Diard de Tech in France, salué par l'auditoire. Il est rejoint par Alexandre Malsch, le fondateur de Melty qui appuie en outre sur le fait que les règles doivent être les mêmes pour tout le monde, taclant au passage les géants étrangers amateur d'optimisation fiscale. D'autres demandent aussi de simplifier l'investissement et l'actionnariat.
Emmanuel Macron toujours pragmatique
Face à ses requêtes, les politiques n'ont pas tous su apporter des réponses concrètes. Et c'est Emmanuel Macron, seul candidat présent en personne, qui a ouvert le bal en déroulant les mesures qu'il avait déjà annoncées, notamment sur la simplification de l'emploi. Il a mis en avant sa réforme de l'ISF qui permettrait d'en sortir tout ce qui permet de favoriser la croissance des entreprise. Idem pour les dividendes. Il est également revenu sur sa volonté de rendre plus simple la fiscalité du capital en instaurant un prélèvement fiscal unique sur les investissements pour les rendre plus attrayants.
Sur le numérique en lui même, il a tenté d'apporté des réponses plus concrètes, notamment en évoquant son enseignement à l'école via des cours de code ou l'instauration de filière digitales dans la formation continue. « Je crois qu'aujourd'hui le numérique peut devenir un outil démocratique. Il faut que ce dernier investisse le débat républicain et aide aussi les citoyens à le faire », a conclut le candidat d'En Marche.
François Fillon mise sur les baisse de charge pour plus de marge
Du côté du FN, c'est Philippe Murer qui représentait Marine Le Pen. Là encore, il est surtout revenu sur les mesures phares annoncées dans le programme de sa présidente sur le monde de l'entreprise, notamment la suppression du RSI pour les indépendants et beaucoup de protectionnisme pour les entreprises françaises, notamment face aux Gafa. Il a aussi été question d'investissements massifs dans les entreprises, financés notamment en dégageant des fonds des assurances vie (2% soit 32 milliards d'euros). Ces fonds serviront notamment à renforcer les capital risqueurs français.
Pour François Fillon, c'est Hervé Novelli qui a joué le porte parole. Comme le FN, le candidat des Républicains souhaite taxer l'assurance vie, mais à hauteur de 3% (40 milliards d'euros), pour financer la croissance des entreprises. A cela, il faut aussi ajouter les 10 milliards d'économies sur l'impôt des entreprise promis par le candidat. L'ancien secrétaire d'État chargé des Entreprises et du Commerce extérieur met également en avant un vaste plan de développement du très haut débit afin d'améliorer la couverture nationale. Il souhaite aussi accélérer la digitalisation des TPE et PME qu'il juge, à juste titre, pas encore en phase avec la transformation numérique. Il ne précise toutefois pas comment.
Jean-Luc Mélenchon : intégrer la transformation numérique dans la transformation écologique
De l'autre côté de l'échiquier politique, c'est Enora Naour qui a représenté Jean-Luc Mélenchon. Pour le candidat de la France insoumise il faut repenser le modèle économique du numérique et l'inclure directement dans la transformation écologique du pays. Enora Naour a également appuyé sur la lutte contre l'évasion fiscale. « Si nous faisons en sorte que chaque entreprise étrangère paye correctement ses impôts en France, nous pourrons les baisser de 25% », assure la porte parole. Jean-Luc Mélenchon souhaite également favoriser les investissements de la banque de France dans les start-up « afin qu'elle soient moins dépendantes des business angels ».
Vous l'aurez compris, les candidats se sont surtout contentés de détailler les mesures qu'ils avaient déjà annoncées sur les aspects économiques en les introduisant dans un contexte numérique et en les agrémentant juste de mesures bien spécifiques. Pas de quoi renverser la table donc.
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