Le Munci épingle l'Unedic et le Syntec

Le Munci commente la dernière étude de l'Unedic sur l'emploi des cadres (menée sur 1,5 million d'entreprises avec seulement 20% de réponses). L'étude montre que 62,8% des entreprises interrogées anticipent des difficultés de recrutement de cadres informatiques, et 44,8% des difficultés pour les techniciens. Deux chiffres en hausse par rapport à 2006, de 6,8% pour les cadres et de 13,8% pour les non cadres. Cette apparente bonne nouvelle, annonciatrice de larges possibilités d'embauches, mérite pour le Munci d'être examinée de près. D'abord, en terme méthodologique, l'étude de l'Unedic est basée sur le déclaratif des entreprises interrogées en fin d'année dernière, tous secteurs confondus. Le Munci ne se prive pas de pointer certaines « bizarreries » de l'enquête. Dans les Hauts de Seine par exemple 82% des entreprises des Hauts de Seine sud anticipent des difficultés de recrutement de cadres informatiques, elles ne sont que 50% dans les Hauts de Seine centre. A Paris, le secteur Trocadéro est à 80%, celui de Montsouris à 32% dans l'anticipation de difficultés de recrutement. De telles différences ne sont guère explicables. Surtout, le syndicat en profite, sur le fond, pour contrer les arguments du Syntec sur le boom économique censé traduire le nombre de postes à pourvoir et les tensions en matière de recrutement. 90% des intentions d'embauches (35 641 sur 39 390) d'informaticiens sont dans le conseil et l'assistance. Traduction du Munci, le chiffre montre une montée de la précarisation. Les entreprises clientes font peser le recrutement sur les SSII, d'où une forme d'intérim de cadres informatiques et un recrutement, par l'élimination des cadres quarantenaires, assuré désormais par les SSII. Un rôle que les entreprises clientes ne veulent pas jouer. Le secteur offre même des salaires peu attractifs et souffre d'une mauvaise image de marque. Le tout étant lié aux yeux du Munci. Le syndicat, études après études, formule effectivement des remarques récurrentes : l'emploi des cadres informatiques se fait à 80% en Ile-de-France et dans 4 autres grandes régions, le secteur ne souhaite pas garder ses cadres au-delà de quarante ans, tout un pan de la profession n'est pas concerné par les recrutements : développeurs, techniciens systèmes, réseaux, administrateurs, soit les deux tiers de la population des cadres informatiques. C'est bien deux thèses qui s'affrontent : celle du Munci qui fait état d'une précarisation croissante du secteur et ne se laisse pas impressionner par les chiffres d'embauches annoncés, celle du Syntec qui valorise les formidables possibilités de recrutement offertes par le dynamisme de la profession.
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