Pat Gelsinger, CEO de VMWare, au coté de Jean-Pierre Brulard, seniort VP en charge de la zone Europe.
Depuis les rachats de Carbon Black et AVI Networks, la sécurité est devenue une entité stratégique chez VMware qui avait déjà bien réussi la digestion de Nicira Networks avec le lancement de NSX désormais doté de fonctions microsegmentation, de low balancing, firewall et enfin détection d'intrusion. Le tout dans un monde de plus en plus multicloud.
Trois mois après l'édition américaine de VMworld 2019, VMware a invité ses clients et partenaires à la déclinaison européenne de sa convention. Près de 13 000 personnes (dont 800 Français cette année contre 670 l'an dernier) vont donc arpenter durant quatre jours (du 4 au 7 novembre) les longs couloirs du centre de congrès Fira de Barcelone. Si certaines annonces de la keynote de Pat Gelsinger, le CEO de VMware, rattrapaient celles d'août dernier avec les modules Built, Run, Manage, Connect et Security, cette édition européenne a été l'occasion de découvrir les initiatives Maestro dans la domaine des télécoms, Galleon pour la customisation du catalogue Bitnami à destination des environnements multi-cloud, des fonctions de sécurité additionnels dans NSX (détection d'intrusion), Cloud Native Master Services pour aider les partenaires à travailler avec Kubernetes, et un éclaircissement bienvenue de sa stratégie multicloud avec les supports de Microsoft Azure et Google Cloud.
Comme l'a expliqué Pat Gelsinger durant sa keynote, « nous redéfinissons ce qui est du domaine du possible avec un impact plus grand qu'auparavant ». Et l'un des domaines appelé à considérablement grossir chez VMware se trouve sur le segment des télécoms. Le Project Maestro entend accompagner les opérateurs aux prises avec leur déploiement 5G. « Une révolution des nouveaux services pour l'industrie, la grande distribution, les villes connectées, le monde de la santé mais également les finances et la gestion de l'énergie », a assuré le dirigeant. Et, lors d'un entretien, ce dernier nous a confirmé que cette révolution arrivera dans les 2 ans. « Si la 4G/LTE est dominé par les usages grand public, nous espérons que la 5G sera dominé par les services fournis par les opérateurs aux entreprises [...] Il y a aujourd'hui un réel intérêt pour le faible latence de la 5G ».
Toujours plus proche des telcos
Dans le cadre du Project Maestro, le fournisseur californien met en avant un Telco Cloud Orchestrator, afin d'aider les opérateurs à accélérer leur agilité opérationnelle multicloud et apporter plus rapidement sur le marché des fonctionnalités et services réseau mieux adaptés aux besoins des clouds (public, privé, hybride et même edge). « Grâce à cette solution d'orchestration cloud first, les opérateurs et fournisseurs de services cloud seront en mesure de créer et d'automatiser des services réseau couvrant une plus grande variété de formats de fonctions réseau, permettant l'interopérabilité et l'optimisation de leurs opérations sur toutes les couches de l'architecture NFV et Telco cloud », explique l'éditeur dans un communiqué de presse.
Une collaboration a déjà été engagée avec Vodafone pour aider l'opérateur à construire son coeur de réseau 5G. Millicom, un opérateur luxembourgeois qui travaille beaucoup en Afrique et en Amérique du Sud (50 millions de clients dans le monde), est également de la partie. D'autres initiatives sont également engagées avec British Telecom et d'autres seront annoncées un peu plus tard. « Des centaines sont à venir », nous a précisé le CEO. « Nous comptons bien aider les opérateurs à mieux orchestrer les services frontaux entre l'edge computing et leur coeur de réseau ».
Lors de sa Keynote, le CEO de VMware a également présenté le project Galleon qui ambitionne de proposer aux entreprises des catalogues de services et d'applications du type de ceux que fournit Bitnami aux opérateurs. Racheté en mai dernier par VMware, Bitnami permet d'exploiter un catalogue épuré et mis à jour avec des applications testées et fiables , nous a expliqué lors d'un point presse Eric Marin, directeur technique de VMware France. « Avec le Project Galleon, nous fournissons l'ensemble de la supply chain applicative. Il suffit de prendre une app de la poser quelque part et de la lancer ».
La sécurité se muscle
La sécurité était aussi à l'honneur à Barcelone avec des fonctions additionnelles greffées à NSX. La plateforme de virtualisation réseau héritée de Nicira Networks reçoit une brique attendue par le Top20 des clients de VMware : le déploiement multisites avec NSX avec le support du disaster recovery. Ce sont les clients de la fédération NSX - les grandes banques et les assurances - qui réclamaient cette fonctionnalité pour notamment répondre à des contraintes réglementaires. Second fonction de sécurité dévoilée NSX Distributed IDS/IPS qui vient compléter le firewall intégré à l'hyperviseur du fournisseur. NSX Distributed IDS/IPS permettra aux entreprises de renforcer la sécurité des applications hébergées dans les clouds privés et publics. L'idée est de réduire les problèmes de perte de temps avec les alertes liées à de faux positifs (en limitant les signature aux serveurs utilisés (Nginx ou Tomcat) et mieux prendre en compte les architectures du marché lorsque que les sondes travaillent à la détection d'intrusion sur le réseau. Le produit sera disponible dans les 2 à 3 mois.
Comme ses concurrents directs, VMware parle de plus en plus de multicloud : privé, public ou hybride. Si un gros travail d'intégration a été réalisé avec AWS depuis la cession de vCloud Air à OVH en avril 2017, l'offre VMC (VMware Cloud) sur AWS n'était pas transposable d'un coup de souris sur Azure et GCP. Les plateformes IaaS - et les technologies bare-metal - de Microsoft et Google Cloud sont est très différentes de celle d'AWS. Si le travail de portage et d'intégration a été assuré par la société CloudSimple, elle n'est pas encore au niveau de celle réalisée sur AWS même si les clients de VMware pourront porter leurs charges de travail sur les plaques géographiques des fournisseurs qui les intéressent. « On est vraiment en route vers le multicloud », nous a assuré Eric Marin. « L'offre est portée par CloudSimple et Microsoft Azure d'un coté, et CloudSimple et Google Cloud de l'autre ». Il y a juste 1,5 an de retard sur l'offre VMWare sur AWS qui a déjà récupéré le support de la base de données RDS et du cloud hybride ItaaS (IT as a Service ) Outposts. Dix-sept régions AWS sont disponibles pour VMC sur AWS, trois sur Azure (l'Europe devrait se muscler dans les prochains mois et peut être même ma France si la demande est là) et enfin une sur Google Cloud. Nutanix est aujourd'hui dans une problématique similaire avec une offre consistante sur AWS, une présence sur IBM des actions à lancer sur Azure et GCP. Si la route du multicloud s'avére plus longue que prévue ce sont bien les exigences des clients qui détermineront les calendriers de chacun.
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