Février - « Apple m'étrangle, mais je suis encore vivant »

Ce slogan, « Apple m'étrangle, mais je suis encore vivant », était repris ce jeudi midi devant l'Apple Store Opéra à Paris. Repris par quelques dizaines de salariés des Apple Premium Reseller(APR)  parisiens, une manif, une vraie, de salariés français qui se sentent menacés par la politique de distribution du géant américain.

Il ne suffit pas d'avoir une fabuleuse image de marque mondiale, des résultats financiers faramineux et des produits capables de tenir tous les rivaux à distance. Apple en est la preuve. Derrière la réussite planétaire, un grain de sable s'est glissé, il est français, c'est la distribution.

La firme à la pomme passe par quatre canaux : ses APR, son site de vente en ligne, les grandes surfaces, ses propres magasins (les Apple Store). Au lieu de faire cohabiter ces quatre réseaux, d'organiser le multi-canal, Apple semble étrangler ses APR. La preuve ? Quand sort la dernière version de l'iPhone, ils ne sont jamais approvisionnés. « Et quand nous réalisons dans les magasins des démonstrations de logiciels, le client doit passer par le site pour les acheter, nous ne pouvons pas le proposer aux clients» nous explique une porte-parole du collectif « Pomme de discorde ».

C'est ce collectif qui a organisé la manifestation à l'Opéra. Un collectif regroupant 200 salariés. Venus essentiellement de la région parisienne et des magasins de la société eBizcuss qui possède 8 de ses 9 magasins en Ile-de-France. Des salariés de la Fnac les auraient également rejoints. Pourquoi des salariés de distributeurs sont-ils aussi inquiets et mobilisés ? Ils estiment que les APR, et donc leurs emplois, sont en danger de mort.

Apple attaqué en référé

Le cas d'eBizcuss est pour le moins conflictuel. La société a attaqué Apple en référé, au mois de novembre dernier, pour être enfin livrée. Elle l'a été il y a quelques jours. N'ayant plus d'encours chez son grossiste, elle a du payer « au cul du camion ». Cet APR (comme tous les APR de France) voit ses clients s'enfuir, faute d'approvisionnement, elle estime et ses salariés écoeurés également, que la faute en revient à Apple. La situation est d'autant plus vitale qu'eBizcuss est cotée en bourse. Non seulement ses résultats commerciaux chutent, mais sa valorisation également.

eBizcuss est donc lancé dans un processus judiciaire qui peut aller crescendo. Si la situation ne s'améliore pas, elle peut saisir l'Autorité de la concurrence pour abus de position dominante, saisir la DGCCRF pour concurrence déloyale, aller au civil pour détournement de clientèle. Trois échéances lourdes. Lundi dernier, eBizcuss avait demandé une suspension de cotation invoquant ses difficultés avec Apple « qui ne sont pas sans incidence sur la situation financière d'eBizcuss.com, les partenaires financiers ayant fait connaître leur inquiétude sur l'avenir du canal Apple Premium Reseller ».

Le problème de la Fnac est différent. Apparemment, la Fnac et Apple entretiennent les meilleures relations. Mais la politique de la Fnac est basée sur des remises qu'Apple suit de près en s'alignant. Parallèlement, Apple contrôle les vendeurs de la Fnac par des « clients mystères », chaque vendeur est suivi et noté avec une précision extrême. Une pression de moins en moins supportée. D'où la présence de quelques salariés à la manifestation du collectif « Pomme de discorde ».





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