Arnaud Pézeron, le directeur de la communication de TomTom France, fait le point sur le marché en difficulté du GPS autonome et la réaction de l'entreprise pour enrayer ce recul.
Distributique.com : Les différents rapports de cabinets d'études et les résultats financiers des fabricants montrent que l'âge d'or des GPS autonomes (PND) est terminé. Quelle est la situation du marché français d'après les chiffres dont vous avez connaissance ?
Arnaud Pézeron : Entre 2004 et 2008, le marché a connu des croissances annuelles à deux chiffres. Entre 2006 et 2008, on peut même dire que le GPS autonome était la coqueluche de l'Electronique Grand Public. Aujourd'hui, la situation s'est effectivement dégradée puisque les ventes de GPS autonomes ont reculé de 11% à 2,2 millions d'unités en France en 2010. C'est une accélération de la tendance constatée en 2009 où les ventes avaient connu une légère décroissance.
Distributique.com : Quelles sont, pour vous, les raisons qui orientent le marché à la baisse ?
Arnaud Pézeron : Il y a plusieurs explications. La première tient au fait que le segment des GPS autonomes est entré dans une phase plateau telle qu'en a connu l'industrie informatique. Dit autrement, il y a eu un équipement massif de ceux qui ont vu l'intérêt du GPS entre 2006 et 2008, ce qui a permis d'atteindre un taux d'équipement des foyers de 50% aujourd'hui. Il faut maintenant passer un nouveau cap qui consiste à prouver au reste de la population l'intérêt d'utiliser un GPS. Les réticents sont par exemple les petits rouleurs qui effectuent le même trajet quotidien et n'ont donc, à priori, pas besoin d'être assistés dans leur navigation.
Parmi les autres causes de décroissance du marché des GPS autonomes, ont peut citer le contexte économique qui a amené certains consommateurs à reporter leurs achats. Enfin, il faut aussi tenir compte de la concurrence d'autres plates-formes telles que les GPS embarqués dans les véhicules et les smartphones. A l'heure actuelle, ces derniers concentrent 6% des usages de systèmes de navigation, et cette part va progresser.
Distributique.com : comment réagit un fabricant comme TomTom face à la baisse des ventes de GPS autonomes ?
Arnaud Pézeron : Nous avons une stratégie sur deux axes, le premier consistant à accompagner la navigation sur toutes les plates-formes matérielles. De fait, nous licencions notre technologies et nos cartes et nous travaillons avec les fabricants automobiles pour concevoir leurs systèmes de navigation embarqués. C'est une collaboration que menons par exemple avec Renault. Dans la même logique, nous commercialisations une version de notre logiciel pour iPhone que nous vendons à des centaines de milliers d'exemplaires par an. Nous proposerons ultérieurement l'équivalent pour Android. Ce premier pan de notre stratégie permet à TomTom de se diversifier et de limiter l'impact financier de la baisse des ventes de GPS autonomes sur son bilan.
En ce qui concerne notre action directe sur le marché des systèmes de navigation autonomes, elle consiste à miser sur l'évolution de notre portefeuille produits vers les GPS connectés. Cette nouvelle génération de GPS, que nous proposons depuis janvier 2009, embarquent sa propre connexion 3G pour délivrer de nouveaux services aux utilisateurs, notamment l'information trafic en temps réel. Selon nous, ce type de fonction est de nature à amener le public qui n'est pas convaincu par les fonctions de navigation classiques à s'équiper. Car, même lorsque vous effectuez un trajet court ou habituel, il existe un véritable intérêt à connaître l'état de la circulation. Pour le moment, nous sommes sur une notion de temps réel mais, à termes, notre but est de pouvoir fournir également une information prédictive.
Distributique.com : Comment TomTom commercialisent-ils ces nouveaux services ?
Arnaud Pézeron : Les acheteurs d'un GPS connecté TomTom bénéficient d'un an d'usage gratuit de nos services. Au delà de cette période, ils ont la possibilité de renouveler leurs abonnements pour un an à moins de 5 € par mois. Initialement, nous ne proposions qu'une période d'utilisation gratuite de trois mois. Le tarif était ensuite de 10 € par mois. Nous avons fini par changer notre fusil d'épaule car nous nous sommes aperçus que cette formule intéressait surtout les gros rouleurs. Nous attendons le mois de juin prochain pour mesurer le taux de réabonnement à nos services puisque cela fera un an que nous avons lancé notre nouvelle politique d'abonnement.
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