Arrivé aux commandes en mars 2022, le CEO de Nyriad Derek Dicker entend développer l'activité de l'entreprise en Europe. (Crédit S.L.)
Exploitant un système de fichiers parallèle adossé à une architecture hardware combinant CPU et GPU, Nyriad redéfinit la façon dont les données sont stockées dans le monde HPC et traditionnel.
Créé en 2015 en Nouvelle-Zélande par Alex St. John et Matthew Simmons et aujourd'hui officiellement basé à Austin au Texas, Nyriad repose sur la vision des deux fondateurs, qui entendaient exploiter des GPU pour accélérer les choses au-delà des usages graphiques grand public. Ils ont commencé par travailler sur le Square Kilometre Array (SKA), le plus grand radiotélescope jamais construit au monde, financé par plusieurs pays dont la Nouvelle Zélande, qui avait en charge la partie stockage informatique du projet. Avec un kilomètre carré d'antenne pointant vers le ciel, la quantité de données enregistrée était très élevée. C'était donc le premier point du projet. Le second est que le système de type HPC ne pouvait pas perdre de données. Il devait en outre fonctionner de manière cohérente sans interruption, être facile à fabriquer et relativement simple à installer, nous a expliqué le CEO de Nyriad, Derek Dicker, lors d'un IT Press Tour à Boulder, dans le Colorado. « Le système de stockage du projet Square Kilometre Array devait donc être efficace du point de vue technique, mais aussi du point de vue financier. L'équipe a relevé le défi et construit un système de stockage capable de répondre à ce type d'exigences ». L'architecture des systèmes RAID ne suffisait pas pour cette application particulière, Nyriad a donc développé une architecture de stockage avec un système de fichier parallèle avec erasure coding (un code de correction d'erreurs avec contrôle de la parité) et des GPU pour accélérer les accès, qui est finalement devenue la plateforme UltraIO commercialisée depuis 2020. Rappelons qu'un système de fichiers parallèle distribue les données sur plusieurs serveurs et permet un accès simultané aux fichiers. « Les caractéristiques de ce système sont similaires à ce que le Square Kilometre Array cherchait : un système haute performance, mais également très résistant capable de maintenir l'intégrité des données », nous a précisé le CEO.
De type bloc (mais sans déduplication), la plateforme UltraIO de Nyriad exploite donc contrôleurs CPU Intel pour gérer les I/O en lecture et des GPU Nvidia A6000 pour gérer l'erasure coding en écriture. Si le fournisseur intègre bien de la NVDimm dans ses baies (96 Go), elle ne fait pas office de cache et vient épauler la DRAM (192 Go). « Nous utilisons donc des baies accélérées par GPU ou un codage d'accélération GPU pour fournir une expérience haute performance très cohérente pour toutes nos charges de travail cibles. Cela signifie que, qu'il s'agisse d'un seul client, qui accède à des fichiers volumineux ou qu'il s'agisse de nombreux serveurs qui accèdent tous aux données simultanément, nous pouvons fournir autant de capacité que nécessaire pour une connexion donnée. Et toutes les performances sont disponibles pour ce serveur », indique le CEO. « Et un autre grand avantage de notre conception est que même si nous avons des lecteurs défaillants [disques durs ou SSD, pas de système hybride], nous pouvons délivrer 95 % des performances maximales sur l'ensemble du système ». Curieusement, le fournisseur n'a pas encore stratégie cloud : « Nous pouvons y aller, mais nous ne l'avons pas encore fait » précise le CEO. La proposition est aujourd'hui on premise, mais les prochains développements de Nyriad tournent autour d'un support natif du protocole S3 (avec Minio aujourd'hui).
Nyriad commercialise plusieurs baies avec des disques durs ou des SSD, mais pas de solution hybride. (Crédit S.L/)
Elargissement du marché initial
Après une spécialisation initiale dans le HPC, la compagnie a élargi son offre pour inclure les charges de travail multimédias (surveillance vidéo, plateforme d'apprentissage en ligne et audiovisuel), mais aussi celles de secteurs verticaux avec de la sauvegarde/restauration et de l'archivage. « En règle générale, les charges de travail que nous observons sur ces marchés utilisent des formats de fichiers très volumineux, souvent de nature séquentielle en termes de lectures et d'écritures. Et ce qui est intéressant, c'est que les droits ou l'ingestion dans les systèmes de stockage de ces marchés sont généralement aussi importants et parfois même plus importants dans les lectures réelles. Une expérience cohérente sur chacun de ces marchés est nécessaire et les temps d'arrêt ne sont vraiment pas une option », nous a expliqué le CEO.
L'entreprise compte une soixantaine d'employés dans le monde et la R&D représente environ 75% de cet effectif sur deux sites en Nouvelle-Zélande. Le reste de l'équipe - principalement commerciale - se trouve un peu partout aux États-Unis. Nyriad travaille aujourd'hui sur un plan d'expansion avec un partenaire de distribution exclusif totalement indirect (E4 en Europe) pour développer l'international et notamment l'Europe. L'OEM n'est pas encore acté, mais des discussions sont en cours. La société a levé à ce jour 63 millions de dollars, et une série B supplémentaire se profile avec une douzaine de millions engagés pour financer ses projets de développement. Le fournisseur met en avant un client en Europe, une université italienne pour accompagner ses ressources HPC.
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