Les entreprises vont couper leurs dépenses IT en 2020 pour restaurer leurs marges. (Crédit evertonpestana/Pixabay)
Selon le cabinet d'études américain Gartner, en 2020, les dépenses pour les systèmes de datacenters seront les plus impactées.
Si, en janvier, Gartner avait prévu que les dépenses IT mondiales atteindraient 3,9 milliards de dollars en 2020, en augmentation de 3,4 % par rapport à 2019, cette semaine, le cabinet d'études a déclaré qu'en 2020, les dépenses IT dans le monde devraient atteindre 3 400 milliards de dollars, en baisse de 8 % par rapport à l'année précédente. C'est l'un des impacts de la pandémie de Covid-19.
Selon ces nouvelles prévisions, tous les segments du marché, depuis le logiciel d'entreprise jusqu'aux services de communication, connaîtront un déclin en 2020, les baisses de dépenses plus fortes étant attendues dans les appareils et les systèmes de datacenters. « Les DSI cherchent désormais à optimiser les coûts urgents, ce qui signifie que les investissements seront minimisés et limités d'abord aux opérations qui permettent de maintenir l'activité, ce qui sera la première priorité pour la plupart des entreprises en 2020 », a déclaré John-David Lovelock, éminent vice-président de la recherche chez Gartner. « La reprise ne ressemblera pas à des scénarios précédents, car les forces à l'origine de cette récession créeront des chocs tant du côté de l'offre que de la demande, à mesures que les restrictions sanitaires, sociales et commerciales s'atténueront. La reprise exige un changement de mentalité de la part des entreprises. Il n'y aura pas de sursaut. Il faut une remise à plat pour aller de l'avant ».
Accompagner l'essor du télétravail
Heureusement, les conclusions du rapport de Gartner ne sont pas aussi sombres que cela. En effet, Gartner indique que le travail à distance va se développer et que les services clouds publics, en croissance de 19 % cette année, donnent une tonalité positive à ces prévisions. Les secteurs de la téléphonie et de la messagerie cloud ainsi que celui des conférences clouds verront leurs dépenses augmenter respectivement de 8,9 et 24,3 %. « En 2020, certains projets de transformation à plus long terme basés sur le cloud pourraient être mis en veilleuse, mais les niveaux de dépenses globales pour le cloud que Gartner prévoyait pour 2023 et 2024 seront atteints dès 2022 », a déclaré M. Lovelock.
Une autre enquête réalisée ce mois-ci par Gartner auprès de 161 cadres de la finance a montré que 24 % d'entre eux prévoyaient de dépenser davantage pour l'automatisation des processus robotisés (RPA), 20 % pour les technologies ERP basées sur le cloud et 19 % pour les analyses avancées. « Le Covid-19 a obligé les entreprises à modifier leurs habitudes de travail du jour au lendemain. Beaucoup d'entre elles opèrent désormais à distance, avec moins de personnel pour exécuter les processus critiques et sous une très forte pression des coûts. Les entreprises ont dû basculer plus rapidement dans le « cloud », automatiser davantage leurs processus et se tourner vers de technologies analytiques avancées pour planifier efficacement dans cet environnement », a déclaré Alexander Bant, vice-président de la recherche pour Gartner Finance Practice.
Des investissements prêts pour l'après Covid-19, selon Cisco
Les conclusions de Gartner sont confirmées par de grands acteurs du secteur comme Cisco, Arista, Juniper et d'autres qui ont récemment évalué l'impact du Covid-19 sur leurs revenus. Par exemple, Cisco a déclaré cette semaine que son chiffre d'affaires pour le troisième trimestre avait baissé de 8 % par rapport à l'année dernière, à 12 milliards de dollars. L'équipementier a également prévu une baisse supplémentaire de ses revenus de 8,5 % à 11,5 % pour le prochain trimestre. Chuck Robbins, le CEO de Cisco, pense que, malgré les conditions actuelles, les clients continueront d'investir dans plusieurs domaines. Il a notamment cité l'éducation, en prévision de la reprise des cours à l'automne. « Comme me l'a confié l'un des responsables de l'un des plus grands systèmes éducatifs des États-Unis, en mars dernier, ils ont utilisé toutes les ressources possibles pour connecter les élèves à distance, mais ils doivent désormais prendre du recul et mettre en place l'architecture robuste à long terme dont ils ont réellement besoin, et nous travaillons avec eux pour y parvenir », a déclaré M. Robbins. « La télésanté est aussi enfin sur les rails et cela va changer pour toujours ». Comme pour les écoles, le CEO de Cisco pense que le secteur de la santé se prépare à créer une infrastructure plus robuste pour la télésanté digne de ce nom, et mettre fin aux bricolages des derniers mois ». M. Robbins a ajouté que les entreprises pharmaceutiques et les fabricants de médicaments « cherchaient à renforcer leurs infrastructures pour la recherche, notamment leurs cyber-infrastructures pour des raisons évidentes ».
« Il y a donc beaucoup de bonnes nouvelles, mais il y a aussi des industries en pleine crise. Selon moi, celles-ci ne feront pas d'investissements importants tant que nous n'aurons pas dépassé cette période », a déclaré M. Robbins. Ce dernier a également déclaré que beaucoup de clients de Cisco, qui n'étaient pas directement pris dans la tourmente de la crise, voulaient moderniser leurs équipements. « Pour eux, la pandémie fait l'effet d'un signal d'alarme qui les incite à moderniser leurs infrastructures ». Certains CEO se sont promis de ne plus jamais être aussi mal préparés à un évènement de ce genre. « En prévision d'une éventuelle seconde vague à l'automne, beaucoup voudront certainement travailler sur ces problématiques, dès maintenant ».
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