Les clients d'Amen s’organisent, les salariés s'attendent au pire

Alors que 90 % des salariés français de l'hébergeur Web Amen sont toujours en grève, c'est au tour des clients de faire entendre leur voix. Irrités par le mutisme de la direction d'Amen et par l'absence totale de support technique, c'est par l'intermédiaire d'un forum de discussion qu'utilisateurs et revendeurs ont décidé de s'exprimer. Dominik Fusina, l'initiateur de cette démarche, indique ainsi : « Nous sommes plus qu'agacés par la situation. La direction n'a jamais souhaité dialoguer avec nous. Tous les messages laissés sur le forum officiel d'Amen sont effacés dès lors qu'ils touchent à notre mécontentement ; c'est pourquoi nous avons créé notre propre espace de discussion. » Dans une lettre ouverte adressée à Dick Theunissen, le président d'Amen, les clients évoquent l'éventualité d'une saisine du tribunal de grande instance de Paris. Ce que confirme Dominik Fusina : « Amen n'a certes jamais brillé par son humanisme, mais s'ils ne veulent pas être transparents et si, lundi 2 mai, nous n'obtenons pas de réponse aux multiples appels que nous avons lancés, nous nous tournerons vers la justice mardi ou mercredi. » Quant aux grévistes, ils semblent résignés. L'un d'eux confie ainsi : « Le rachat par Claranet devait être signé le 23 avril. Rien n'a été fait, et rien ne nous a été dit. On ne réclame que peu de choses, simplement un peu de considération. Que l'on nous dise que l'on est virés, au moins on sera fixés. » Tout comme les clients, les salariés sont acculés, face à une direction mutique : d'un côté, Claranet ne veut pas se prononcer sur les revendications des grévistes tant qu'un accord n'a pas été signé ; de l'autre, ViaNetworks, qui détient (encore) Amen, indique aux employés que l'heure n'est pas à leurs requêtes. Les grévistes indiquent pourtant être prêts à reprendre le travail « demain, voire ce soir, si seulement les revendications étaient ne serait-ce qu'abordées ». En attendant une décision sur le devenir de l'hébergeur, c'est une « guerre d'intox », selon les paroles d'un salarié, qui se joue entre la direction et le personnel. Dans les hautes sphères, on affirme que tout va bien : « Il y a des clients contrariés, certes, mais d'autres sont contents. L'accord va se faire, le service client est assuré (*) », précise ainsi le service de communication. Une communication un peu laconique quand il s'agit d'aborder les menaces de poursuites proférées contre les salariés, qui, sur leur site Internet, indiquent que le chiffre d'affaires a chuté de 20 % entre le 4 et le 18 avril et que le nombre de demandes traitées par le service technique a été divisé par quatre au cours de la même période. Des chiffres que conteste la direction. En interne, cette dernière indique que les grévistes diffusent de fausses informations. Une éventuelle issue pourrait être trouvée ce week-end (30 avril - 1er mai), date limite laissée à Claranet, l'hébergeur britannique, pour faire part de sa décision. D'ici là, des ébauches de dialogue semblent se dessiner entre les grévistes et les clients. « Nous partageons les mêmes intérêts », précisent ainsi les deux groupes, qui, s'ils ne se sont pas encore parlé, indiquent, chacun de leur côté, désirer ardemment rompre le silence. (*) Le service client n'a pas pu être joint par la rédaction.

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