Le chiffre d'affaires édition du Truffle 100 a progressé de 17,5% entre 2009 et 2010. Il retrouve et dépasse enfin son niveau de 2006. Il est vrai que le secteur a vécu une accalmie du côté des fusions/acquisitions l'an dernier : un seul éditeur d'importance a été racheté par un fonds américain. Cette industrie crée toujours des emplois R&D mais ne se sent pas assez soutenue.
Pour sa septième édition, le Truffle 100 des éditeurs français de logiciels repart enfin à la hausse de façon significative, après s'être vu ravir depuis 2006 quelques-unes de ses plus belles réussites (Business Objects, GL Trade, Ilog, Viveo). En 2010, ce Top 100 a enregistré une progression de 17,5% du chiffre d'affaires lié à l'édition de logiciels, à 4,7 milliards d'euros (contre 4 Md€ un an plus tôt). Le chiffre d'affaires total du Truffle 100 atteint 6,6 milliards, soit 10% de plus qu'en 2009.
« C'est une année de post-crise, on repasse enfin au-dessus de 2006 qui avait été jusqu'à présent la meilleure année [4,2 Md€] », commente Bernard-Louis Roques, directeur général et co-fondateur de Truffle Capital, en soulignant néanmoins que c'est normal pour cette industrie en croissance. Le bénéfice de ces sociétés reprend lui aussi des couleurs, en valeurs absolue et relative. Le résultat net du Top 100 s'est élevé à 543 M€ en 2010 contre 254 M€ en 2009. Et il a représenté en moyenne 6,6% du chiffre d'affaires du Truffle 100 contre 4,3% l'an dernier. « Mais, on ne retrouve pas le niveau des années 2004 à 2007, fait remarquer Bernard-Louis Roques. On en est encore loin, il n'y a pas lieu de crier victoire. » En 2007, le résultat net représentait en moyenne 11,4% du CA total.
Les éditeurs modèrent leurs dépenses R&D
Le secteur continue de créer des emplois qualifiés : un millier de plus sur ses activités de R&D en 2010, portant ses effectifs à 11 460 personnes sur ces fonctions. Au total, le Truffle 100 employait 57 490 personnes l'an dernier, soit presque 3 560 de plus qu'en 2009. « Toutefois, ce n'est pas massif compte tenu de la croissance, note Bernard-Louis Roques. Les éditeurs de logiciels ont été une industrie résiliente en période de crise. Mais, ils sont maintenant soucieux de ne pas accélérer les investissements en R&D ». Ces dépenses n'ont augmenté que de 1%. Le co-fondateur de la société de capital risque Truffle Capital fait remarquer que ces éditeurs ne se sentent pas vraiment soutenus par les hommes politiques.
Le Small Business Act (SBA) « à la française » appelé de leurs voeux depuis des années n'a toujours pas avancé [cela permettrait de réserver une partie des appels d'offres aux PME]. « Sur ce sujet, un Framework a été fait au niveau européen, mais c'est une coquille vide ». Il y a eu des débats sur le CIR (crédit impôt recherche) début 2010, puis à la fin de l'année, la réforme du statut de la JEI est venue pénaliser ces jeunes entreprises innovantes, ce qui ne favorisera pas les dépenses R&D. « Les éditeurs ne se sont pas sentis véritablement aidés. L'absence de débat sur un SBA qui existe depuis 1953 aux Etats-Unis, le fait que l'on parle d'un plan de relance mais que l'essentiel du grand emprunt ne soit pas facilement accessible aux PME... C'est hallucinant, alors qu'année après année, ils créent des emplois. »
Une industrie centralisée en Ile-de-France
Autre caractéristique de ce Truffle 100 français : 63 éditeurs se trouvent en Ile-de-France contre 59 en 2009. Derrière, la région Rhône-Alpes se maintient, mais avec 12 éditeurs seulement, dont le numéro 4, Cegid.
Les éditeurs qui entrent en bout de classement sont franciliens, pointe Bernard-Louis Roques en rappelant par ailleurs que les petits éditeurs croissent plus vite que les gros. « Si notion de cluster il y a, elle tend à démontrer que le cluster français est viable au niveau international ». Pourtant, Londres a dépassé l'Ile-de-France dans cette course. Les gros éditeurs croissent faiblement alors que d'autres en Europe sont beaucoup plus agressifs. « Au niveau européen, il y a en Allemagne un software cluster, le seul à être reconnu comme tel, ayant vocation à aider l'industrie locale du software », souligne Bernard-Louis Roques. « Il est soutenu par des fonds publics et privés : 80 millions d'euros de financement public auxquels s'ajoutent des financements privés avec des initiatives venant de SAP et de Software AG. Dans la région de Londres, il y a également les initiatives annoncées, en particulier la création d'une Silicon Valley. En France, il y a les pôles de compétitivité. Chacun veut avoir son pôle, mais seule l'Ile-de-France peut se battre au niveau international. »
Rachat par des Américains : accalmie temporaire
Cette année, la consolidation s'est stabilisée dans le haut du classement. Les rachats d'éditeurs français par des groupes étrangers ont été moins importants. Au total, le poids des rachats a pesé 45 M€ contre 55 M€ en 2009 et 371 M€ en 2008. Le numéro 19 du classement, EmailVision, a tout de même été racheté par le fonds américain Fransisco Partners. Mais Exalead, en revanche, a rejoint le Français Dassault Systèmes, ce qui a consolidé le Truffle 100. Il y a eu par ailleurs onze acquisitions. « Cette année d'accalmie, c'est très positif pour les éditeurs mais ce n'est pas une tendance, considère Bernard-Louis Roques. Cela peut reprendre car les éditeurs américains sont riches, ils ont beaucoup de cash. »
La part du progiciel métier reste prépondérante dans ce Top 100, mais les solutions technologiques prennent plus de place. « Le SaaS est encore embryonnaire en France, estime le co-fondateur de Truffle Capital qui voit en revanche, « en tant que venture capitalist, un « deal flow » [flux de dossiers présentés aux investisseurs] absolument phénoménal sur le mobile. Toutes les sociétés qui sont sous le radar évoluent dans la mobilité, les médias sociaux et sont des pure players SaaS. Il y a toute une vague qui progresse. Nous constatons une très forte différence entre cette année et l'an dernier, un nombre de projets beaucoup plus importants », confirme-t-il.
Le Truffle 100 dépasse son niveau de 2006
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