Faut-il y voir une simple coïncidence ou l'application au monde de l'entreprise du principe des vases communicants ? Quelques semaines après avoir dévoilé les détails d'un vaste plan de licenciements, touchant les pays occidentaux et portant sur la suppression d'environ treize mille emplois, IBM pourrait procéder au recrutement de quatorze mille salariés en Inde avant la fin 2005. C'est ce qu'indique un rapport interne transmis au New York Times par le syndicat américain Washington Alliance of Technology. Le document, daté d'avril 2005, classé confidentiel et intitulé «India 2002 to 2005», dévoile l'évolution du nombre de salariés de Big Blue en Inde. Ils étaient ainsi 6 070 en 2002, 8 855 en 2003, 24 150 en 2004 et devraient atteindre 38 196 en 2005. Soit une augmentation de 503% en trois ans. Les résultats trimestriels d'IBM publiés en mars avaient refroidi les analystes, malgré un bénéfice de 1,4 Md$ en hausse de 2,9%, en faisant apparaître un recul des ventes en Europe de l'Ouest alors que les revenus affichaient une progression à deux chiffres en Asie-Pacifique. Il n'en fallait pas plus au directeur financier, Mark Loughridge, pour affirmer : «La Chine, la Russie, l'Inde et le Brésil croissent de 18% au premier trimestre, à plus de 1 Md$. On va continuer à investir dans ces régions pour mieux pénétrer ces marchés importants.» Il n'en fallait pas non plus davantage au groupe pour présenter un vaste plan de restructuration touchant les zones à croissance moindre. Si IBM n'a pas officiellement commenté les chiffres publiés par le New York Times, le groupe a néanmoins apporté quelques précisions par l'intermédiaire de son vice-président, Richard Moffat, interrogé dans les colonnes du journal américain. Celui-ci a indiqué que les embauches massives de Big Blue en Inde répondaient, avant tout, à un déplacement au plus près des clients, ainsi qu'à une recherche de main d'oeuvre qualifiée : «Les personnes qui disent que c'est simplement une question de coûts salariaux se trompent. Il s'agit avant tout de compétences.» (sic) Pourtant, il serait illusoire de ne pas considérer les substantielles économies que devrait réaliser le groupe : quand un programmeur américain émarge à 75 000 $ par an, son homologue indien gagne cinq fois moins.
IBM embauche autant en Inde quil licencie dans le reste du monde
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