Accueil mitigé pour les chartes Syntec/Cigref

(02/04/04) - Du bon mais aussi du mauvais, voire du très mauvais. Ainsi pourrait-on synthétiser l'accueil réservé par les sociétés de services et les intégrateurs aux quatre chartes que viennent de leur présenter conjointement le Syntec Informatique* et le Cigref**, résultat de leurs engagements de l'an passé. Quatre guides de bonne conduite parmi lesquels deux traitent des métiers de l'ingénierie et de l'intégration de système, ainsi que de l'infogérance et de la tierce maintenance applicative (lire encadré). Ces documents qui devraient être repris dans les conditions générales des contrats, voire acquérir un caractère obligatoire sous formes de textes juridiques réglementant la profession, ont pour objectif d'apporter des réponses à certaines dérives jugées comme telles par les prestataires et les clients. « Les échecs des projets sont souvent dus à une mauvaise définition de leur périmètre et des moyens à mettre en oeuvre », confirme Luc de Chammard, le pdg de Neurones Informatique. « Ou à un manque de transparence », renchérit Yann Samama-Tier, le dg des SSII lyonnaises Oevo et Operon. Globalement, les prestataires se félicitent du travail accompli par le Syntec et le Cigref. « C'est un bon cadre de référence », estime Jacques Bénichou, directeur marcom et alliances & partenaires chez Getronics. « Cela professionnalise les relations entre clients et prestataires », poursuit-on chez Neurones. Même écho chez Nextiraone. Et Franklin Brousse, avocat spécialiste du droit en informatique, d'ajouter que l'image des SSII et des intégrateurs ayant parfois été décrédibilisée par les mauvaises pratiques, ces chartes vont permettre de restaurer une certaine confiance dans ce métier. Dans le détail, la systématisation de tableaux de bords pour gérer les imprévus inhérents à tous projets et empêcher les glissements de budgets est appréciée ainsi que les définitions claires des métiers. Pierre Créau, le dg France de Nextiraone admet d'ailleurs comme d'autres qu'il va lui falloir revoir les termes utilisés jusque là pour présenter ses offres. Autre point positif relevé : la sensibilisation des clients à la notion de changements. Dominique Tessier, le dg France de Telindus remarque ainsi que lorsqu'un « client voit l'impact d'un projet sur son entreprise, il prend très vite en compte des éléments comme la formation ou l'évolution de son organisation ». Toutefois, les prestataires émettent aussi des réserves, notamment sur l'accompagnement du changement en matière de ressources humaines qu'ils n'estiment pas encore suffisamment développé. Yann Samama-Tier de Oevo juge en outre l'adéquation des certifications qualité entre les deux parties difficilement conciliable avec la réalité : « On sait bien que c'est souvent le plus labellisé qui doit s'adapter à l'autre », explique-t-il. Autre sujet décrié : les chartes ne tiennent pas compte de l'intervention d'un tiers, par exemple de la direction des achats dont les contraintes de budget sont à prendre en compte dès le départ sous peine de perturbations. Pire. Dans la profession, on glisse même que lorsqu'elles vont être incluses aux contrats, ces chartes vont devenir par trop rigides. Beaucoup de prestataires se demandent combien d'entreprises auront alors la maturité et la capacité de les appliquer réellement.

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