En 2010, des contraintes portant sur les FCPI ont amené à devoir investir rapidement. En 2011, les nouveaux FCPI disposaient de moins d'argent pour un besoin qui va croissant. « La chaîne alimentaire de l'industrie du logiciel ne fonctionne plus comme elle devrait le faire », estime Bernard-Louis Roques. « Donc, les sociétés réalisant moins de 19 millions d'euros de chiffres d'affaires peinent et ne peuvent pas s'internationaliser ».
Les petits éditeurs de logiciels commencent souvent par se financer avec les fonds propres des fondateurs et de leurs proches et quelquefois avec l'aide de leurs premiers clients, rappelle le fondateur de Truffle Capital. Ils réunissent quelques millions d'euros. « Puis il faut commencer à industrialiser, investir dans le marketing et embaucher. Ces étapes sont difficiles et c'est là qu'interviennent les fonds, entre 500 000 euros et 5 millions d'euros. Cette partie de la chaîne est rompue et la régénérescence du Truffle 100 pose aujourd'hui problème », avertit Bernard-Louis Roques. Il rappelle qu'auparavant, les petites sociétés se développaient plus vite que les grosses. « Là, la tendance s'est inversée ». Les gros rachètent les petits qui, eux, ne peuvent pas prendre de poids.
Disposer d'une industrie du logiciel indépendante
Ce n'est pas à cause de la crise de 2008 car le marché s'est assaini. « C'est vraiment un problème de financement », pointe le responsable. « Cela a été raboté à un point très pénalisant pour ces sociétés. Tout est arrivé en même temps. C'est même inquiétant ».
Quelles solutions ? Il faut prendre conscience des vertus de l'industrie du logiciel en France et de l'importance de disposer d'une industrie nationale pour être indépendant et ne pas dépendre des logiciels créés ailleurs. « Et nous créons aussi les emplois de demain », insiste Bernard-Louis Roques. « Il faut favoriser l'éclosion de nouvelles sociétés. Il y a des mesures simples à prendre, dont le SBA (Small Business Act) demandé par les petites sociétés ». Aujourd'hui, certains candidats à la présidentielle en parlent, mais ce sont des promesses électorales. Il faudrait, estime-t-il un décideur qui alloue ces questions à un ministère particulier avec des objectifs à réaliser. Il s'agit juste de réallouer des commandes aux PME et les donneurs d'ordre y gagneront. « Sinon, on casse l'outil en rabotant. Et on se retrouve paradoxalement avec des incitations fiscales plus intéressantes pour l'outre mer que pour l'innovation ». On ne peut pas se satisfaire de chiffres engageants à regarder. Le secteur du logiciel est une industrie dynamique qui doit croître. La France est au 5e rang dans le monde en matière de logiciel. On ne peut pas s'en satisfaire. Nous devrions être au 3e rang. Dans les industries de demain, nous tenons à peine notre rang au regard du nombre d'ingénieurs que nous avons ».
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