Les cybermarchands ont à nouveau démontré en fin d'année leur capacité à proposer des prix imbattables, quelquefois inférieurs aux prix affichés par les grossistes. Sont-ils délibérément avantagés par les fournisseurs ?
La question peut paraître simple : comment expliquer aux revendeurs informatiques que les grands sites de e-commerce proposent des prix inférieurs à leurs prix d'achat chez leurs grossistes traditionnels ? En fait, la question n'a rien de simple et les précautions oratoires des professionnels interrogés au cours de notre enquête confirment que la désignation du « responsable » est très complexe. Pour procéder dans l'ordre, le plus simple est de commencer par le début de la chaîne qui va de l'usine au client final. En l'occurrence, il ne fait de doute pour personne que les principaux responsables de cette aberration (par rapport aux principes de la concurrence) sont bien les constructeurs. « Toutes les marques apportent les mêmes réponses sur ce sujet, explique un consultant spécialisé : elles affirment que les prix accordés aux e-commerçants sont définis par les divisions retail, qui ne communiqueraient pas ces prix aux divisions en charge du marché professionnel. D'une part, ce n'est pas crédible ; d'autre part, chacun sait que, aujourd'hui plus que jamais, la priorité est de faire tourner les usines et de vider les étagères. Les conflits de canaux deviennent un problème secondaire ». Les constructeurs rejettent toute responsabilité Côté constructeurs, on s'offusque de cette mise en cause. Selon eux, ces écarts de prix n'ont qu'une explication : les acteurs du e-commerce sont de « meilleurs acheteurs ». « Les conditions sont les mêmes pour tout le monde et il est faux de dire que le e-commerce est systématiquement le moins cher, estime Alain Kergoat, Directeur Marketing de Toshiba France. Les différences de prix sont généralement liées au fait qu'ils savent acheter, stocker et revendre en masse des produits en fin de vie. » En d'autres termes, il ne s'agirait pas d'une volonté délibérée des constructeurs de favoriser ce canal de distribution. Le e-commerce est dans son rôle Dans ce contexte, la tentation est grande de faire porter le chapeau aux acteurs du e-commerce. Avec une décennie de recul, on peut toutefois se demander ce qu'on leur reproche, finalement. Depuis quand le fait d'être un bon négociateur est-il devenu une tare ? « Les sites de e-commerce ont rapidement compris qu'ils devaient se focaliser sur l'achat. Ils ont recruté les meilleurs acheteurs et savent s'approvisionner à l'échelle européenne, ce qui est aujourd'hui complètement légal », précise le consultant en marketing qui s'exprimait déjà au début de cette enquête. Autrement dit, il estime que la responsabilité de ces décalages de prix est partagée par les fournisseurs, d'une part, et par les grossistes, d'autre part, qui ne mutualisent pas leurs achats à l'échelle européenne ou mondiale. « Chercher à désigner un responsable ne sert à rien, répond René-Luc Caillaud, Directeur Général d'ETC Métrologie. Les e-commerçants jouent en fait le rôle que jouaient auparavant les grandes chaînes de revendeurs : ils sont capables de stocker de façon importante. C'est cela qui explique leur capacité à obtenir des cotations spéciales sur des produits qui approchent de leur fin de vie ». Vers de nouvelles filières d'achat
Suivez-nous