Microsoft, toujours invisible sur le marché des mobiles 1 an après le rachat de Nokia

Satya Nadelle, CEO de Microsoft, et Stephen Elop, vice-président exécutif de Microsoft Devices Group, l'année dernière à l'occasion de l'annonce du rapprochement. (crédit : D.R.)

Satya Nadelle, CEO de Microsoft, et Stephen Elop, vice-président exécutif de Microsoft Devices Group, l'année dernière à l'occasion de l'annonce du rapprochement. (crédit : D.R.)

Microsoft comptait beaucoup sur le rachat des activités terminaux de Nokia - pour 7,2 milliards de dollars - pour doper sa présence sur le marché des smartphones. Un an après, les difficultés sont toujours là même si la firme de Redmond fonde beaucoup d'espoir dans Windows 10 pour donner un coup d'accélérateur à son activité mobile.

C'était un mariage d'intérêts pour deux géants IT dont les succès passés ne les avaient pas aidés sur le bouillant marché des smartphones. Un an plus tard, il est difficile de dire que l'acquisition de l'activité terminaux mobiles de Nokia par Microsoft a produit les résultats escomptés par ses partisans. Après une acquisition de 7,2 milliards de dollars (5,44 milliards d'euros), les smartphones Windows Phone Lumia évoluent encore dans les limbes du marché (2,8 % dans le monde selon Gartner).

Mais Microsoft ne jette pas l'éponge et fonde beaucoup d'espoirs sur Windows 10 pour relancer son business mobile. Le prochain OS de Redmond est censé créer un écosystème où les utilisateurs pourront facilement évoluer entre postes de travail, tablettes et smartphones. L'aventure de Microsoft dans le smartphone a été mise sous le feu des projecteurs la semaine dernière, lorsque le CEO Satya Nadella a fait savoir à l'occasion des résultats trimestriels du groupe que les coûts liés aux terminaux doivent être encore baissé avant l'arrivée de Windows 10. Cependant, le CEO de Microsoft a également révélé que Microsoft a vendu plus de Lumia au cours du trimestre écoulé que l'année dernière (8,6 millions de terminaux, en hausse de 18%).

Atteindre 10% dans les OS mobiles pour continuer à exister

Il y a eu beaucoup de spéculation autour du fait que Satya Nadella n'a jamais été un grand fan du rapprochement avec Nokia, ficelé par son prédécesseur, Steve Ballmer. Mais il semble que le nouveau CEO lui a redonné de l'élan en pariant, du moins maintenant, que cette acquisition peut atteindre son objectif, à savoir celui de faire de Microsoft un acteur crédible sur le marché des OS mobiles et des smartphones pour en découdre avec des acteurs comme Apple, Google et Samsung. Le challenge apparaît de taille car jusqu'à présent Microsoft vend beaucoup moins de terminaux. En tout cas pas assez pour que les fabricants parient sur son OS, sachant que les apps Windows Phone n'attirent toujours pas les développeurs. Un effet d'attente liée à l'arrivée prochaine de Win 10. La part de marché de Windows Phone reste inférieure à 3%, en dépit du coup de boost de l'activité Lumia. Or, afin de sécuriser le futur de ce système d'exploitation, Microsoft a besoin d'accroître sa part de marché à 10%, selon Ben Wood, directeur de la recherche à CCS Insight. « Dans nos prévisions, nous ne voyons pas Microsoft atteindre un tel niveau dans les trois prochaines années, ce qui souligne l'ampleur du challenge auquel Microsoft doit faire face », a indiqué Ben Wood. Sachant que le déclin des livraisons de téléphones basiques (feature phones) de Nokia, que Microsoft a également racheté, complique la situation.

Un challenge difficile à relever dans le haut de gamme

Microsoft se concentre frénétiquement sur le lancement de smartphones accessibles, incluant les modèles de Lumia 430, 535, 640 et 640 XL, dont les tarifs varient entre 70 et 200 dollars sans abonnement. Cette stratégie fait sens sur le papier parce que le segment d'entrée de gamme croît plus rapidement que d'autres parties du marché des smartphones. Aussi, les clients dans les marchés émergents, cibles de ces terminaux, ne sont pas aussi attachés à des marques de smartphones, des interfaces utilisateurs et des écosystèmes, que leurs homologues américains et européens. Mais la compétition dans ce segment est féroce et Microsoft doit faire face à une multitude de smartphones Android (Xiaomi, OnePlus, Alcatel, Huawei, Lenovo...) Quand au haut de hamme, c'est une autre histoire. L'arrivée de modèles de ce type sous Windows 10 est bien prévue mais il sera difficile pour la firme de Redmond de se faire une place sur ce segment face à la domination d'Apple et de Samsung, selon Christophe François, vice-président de la stratégie et du développement business d'Orange. « Vous devez être persévarant et investir beaucoup afin  d'établir une position solide. Mais il est clair qu'avec ses ambitions, Microsoft a une carte à jouer ».

Des partenaires en renfort 

Afin de doper significativement les ventes de Windows Phone, Microsoft a donc besoin de signer avec des grands partenaires pour vendre des millions de terminaux chaque trimestre. Le vendeur chinois Xiaomi a récemment annoncé que certains utilisateurs de ses smartphones Android seront en mesure de testerWindows Phone 10 en l'installant sur leurs propres téléphones. Avec Xiaomi à ses cotés, Microsoft va bénéficier du succès d'une société devenue l'un des plus grands constructeurs de smartphones, bien qu'elle ne vende pas encore ses produits en Europe et aux Etats-Unis. Un plus petit vendeur a également parié sur Windows Phone, Blu Products originaire de Floride. Et bien que son CEO, Samuel Ohev-Zion soit très critique au sujet de l'acquisition de Nokia, il fonde de grands espoirs dans Windows 10 et sa capacité attendue à attirer plus d'utilisateurs et de développeurs. Selon lui, la firme de Redmond fait également les choses comme il faut d'un point de vue du développement logiciel avec la possibilité de concevoir des apps universelles pour PC, tablettes, smartphones et Xbox. Quoi qu'il en soit, en Finlande de nombreuses familles ne vont certainement pas célébrer l'anniversaire du rachat de Nokia mobilesa, ce dernier ayant été suivi de plusieurs milliers de suppressions d'emplois au sein de l'ancienne gloire du téléphone. A l'époque, le ministre des Finances Finlandais, Antti Rinne, évoquait même une trahison de Microsoft faite au pays.

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