Marché de la maison connectée : tout reste à faire pour les distributeurs français

L'arrivée de Nest en France n'a pas crée l'effet de locomotive espéré par le cabinet d'étude Context. (Crédit D.R)

L'arrivée de Nest en France n'a pas crée l'effet de locomotive espéré par le cabinet d'étude Context. (Crédit D.R)

La seconde édition de l'étude « Smart Home » de Context montre que ce marché va exploser dans les années à venir. Pourtant, les consommateurs sont très peu informés sur l'offre de produits et de services disponibles, même s'ils estiment majoritairement que leur maison sera connectée d'ici les trois prochaines années.


Pour ceux qui en douteraient encore, le marché des objets connectés, et plus particulièrement celui de la maison intelligente, a de beaux jours devant lui. D'après le cabinet Context, 30 millions de foyers européens seront entrés dans l'ère de la domotique 2.0 d'ici 2019, année ou 6 Md€ auront été consacrés à leur équipement. Avec 350 000 nouveaux logements construits tous les ans, la France ne devrait pas être en reste. Pourtant, seulement 13% des consommateurs interrogés dans l'Hexagone (sur un total de 2500 provenant aussi d'Allemagne, Italie, Espagne et Royaume-Uni) affirment comprendre l'intérêt de la maison connectée. Une situation qui s'explique par un cruel manque de notoriété du concept. Plus qu'ailleurs en Europe, les français ont besoin d'être mieux informés et accompagnés dans l'installation de ces produits.

Compréhension progressive du produit

Seulement 30% des français (contre 34% des européens) disent voir l'intérêt de disposer de plus de connectivité entre les appareils dans leur domicile. Ils sont aussi 70% à se déclarer peu ou jamais informés et estiment que ce sont les canaux de distribution qui sont leur première source de renseignement. Problème, ils ne sont que 11% des sondés à juger bonne la communication des revendeurs autour des objets connectés pour la maison. Adam Simon, le directeur en charge de la grande distribution chez Context, estime néanmoins que « s'il reste des obstacles à surmonter sur la manière dont les distributeurs expliquent le concept aux consommateurs et sur la façon dont les fabricants commercialisent leurs produits, de plus en plus d'européens cherchent à en savoir plus sur la maison connectée ». Selon lui, les comportements évoluent vite. « Nous constatons moins de freins à l'achat qu'il y a 6 mois », précise-t-il.

Pour s'équiper, les consommateurs français plébiscitent majoritairement Amazon (87%) et Carrefour (69%). Suivi par l'opérateur télécoms SFR (64%) et le distributeur spécialisé Darty (62%). Et même si les objets connectés pour la maison sont souvent en lien avec la consommation énergétique, seuls 60% des français pensent à EDF pour s'équiper. Suivent Orange (59%), Leroy Merlin (26%) et le grand magasin Printemps (17%). L'analyste estime que les distributeurs ont donc une carte à jouer en misant sur la pédagogie : 57% des français interrogés désirent en savoir plus sur ces produits.

Adoption étape par étape

« Il ne faut pas croire que les consommateurs vont renouveler tout leur équipement du jour en lendemain. Ils vont commencer par un produit qui devra prouver son utilité avant d'en tester d'autres », commente Adam Simon. En effet, 20,8% des personnes interrogées se disent intéressés par l'achat d'un objet connecté (60% dépenseraient jusqu'à 250€) pour leur maison dans l'année 2016, 3% souhaitent en acquérir au moins deux. Rappelons qu'une maison est « connectée » lorsqu'au moins deux objets communiquent entre eux pour automatiser des processus. A ce jour, le terme « maison connecté » évoque en priorité une « TV intelligente » pour 57% des français ou un compteur électrique intelligent (48%), un thermostat intelligent (46%), une prise électrique intelligente (34%) ou bien encore un système d'alarme intelligent (28%).

Par ailleurs, ces objets ne sont pas liés entre eux dans l'esprit des utilisateurs, alors que dans l'esprit de Context le fait de pouvoir les contrôler à partir d'un seul et unique point est un élément central pour favoriser l'adoption de leurs usages. « Nous espérions que le lancement de Nest (filiale d'Apple) en France puisse servir de locomotive mais ça n'est pas encore le cas ». Les utilisateurs plébiscitent majoritairement l'offre Home de SFR (10,2%) et Smarthings de Samsung (10,5%). Nest ne séduit que 6,2% des sondés et Echo d'Amazon, qui a pourtant fait couler beaucoup d'encre, est évoqué par seulement 4,2% des personnes.

La sécurité : premier levier de croissance

Loin devant les autres, la sécurité (80%) est la source principale de problèmes et d'inquiétudes à laquelle les répondants sont confrontés avec leur domicile lorsqu'ils s'absentent. Pourtant, ils ne sont que 9% à avoir entendu parler de caméras IP. « La maison connectée répond à de vrais besoins mais les consommateurs ne sont même pas au courant que ces solutions existent », explique l'analyste Adam Simon. La France est le pays où les particuliers se sentent le moins en sécurité chez eux, selon Context. Certainement influencés par les récents attentats, 38,8% français indiquent que leur priorité est de sécuriser leur domicile. La moitié des personnes interrogées s'inquiètent, par exemple, du fait que l'on puisse remarquer de l'extérieur que leur domicile est vide. 38,4% des sondés voudraient que les objets connectés préparent la maison avant la nuit (température, éclairage, fermeture des stores...) ; 29,4% voudraient que leur maison connectée les aide à préparer leur domicile lors de l'arrivée des occupants ; 18,6% pensent, notamment au préchauffage automatique du four pour préparer le dîner et 18 ,2% souhaitent que l'accessibilité au divertissement soit améliorée.

Un nouveau budget service

Les données collectées par ces objets créent de nouveaux services. Pour en bénéficier, 74% des participants à l'étude de Context se disent prêt à dépenser 15€ par mois. En tête des attentes (33,8%), l'intervention d'une agence de sécurité en cas d'alerte l'emporte sans surprise. Mais 23,2% des français interrogés souhaiteraient transmettre leurs données de santé en temps réel à leur médecin et 17,2% sont prêts à payer un abonnement pour que leur assurance intervienne en cas d'incident signalé par un objet connecté. Enfin, 16,8% voudraient que leur matériel électroménager communique avec les fabricants afin d'anticiper les pannes.

Pour assurer ces services, ils font majoritairement confiance à une société d'énergie, suivi par les opérateurs, les distributeurs spécialisés (grande chaîne), les grandes chaînes de bricolage et enfin, une boutique locale spécialisé dans l'installation de technologies.

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