Les 100 premiers éditeurs français ont cumulé 14,5 Md€ de revenus en 2022

Dans le palmarès de 2022 du Truffle 100, Cegid et Murex prennent les 2e et 3e places faisant chuter Sopra Steria à la 4e position. (Crédit : Truffle 100)

Dans le palmarès de 2022 du Truffle 100, Cegid et Murex prennent les 2e et 3e places faisant chuter Sopra Steria à la 4e position. (Crédit : Truffle 100)

Le classement annuel des éditeurs de logiciel publié par Truffle Capital montre la bonne santé du secteur. Sopra Steria est toutefois éjecté du podium, remplacé par Cegid (2e) et Murex (3e). Les investissements en R&D et les recrutements se poursuivent, malgré les tensions économiques et géopolitiques qui règnent.

Dans un contexte macroéconomique tendu, de nombreux secteurs ont du mal à sortir la tête de l'eau. À contre-courant, celui de l'édition logicielle est plutôt en forme, comme le montre le Truffle 100, le classement des 100 premiers éditeurs français de logiciels réalisé par Truffle Capital et CXP. En 2022, les revenus cumulés de ces fournisseurs ont progressé de 15 % d'une année sur l'autre, soit 5 points de plus que la progression moyenne du palmarès sur 15 ans. Pour la première fois, ils dépassent ainsi les 25 Md€, dont 14,5 Md € (+14,2 %) proviennent purement de l'édition. Cette forte progression démontre un retour de la croissance du secteur au niveau d'avant-crise. Pour parvenir à ce niveau, le secteur a notamment procédé à la hausse des tarifs afin de ne pas être trop impacté par l'inflation et la hausse des taux.

Ce bilan de l'industrie française de l'édition des logiciels n'apporte toutefois que peu de surprises concernant le palmarès. On retrouve en première position, Dassault Systèmes l'indétrônable - en progression de 16,2 % - suivi de Cegid et Murex. Sopra Steria qui était à la 2e place est ainsi relégué à la quatrième place. 85 % des sociétés du classement affichent des résultats en croissance ou stables, et 11 % d'entre elles sont en décroissance contre seulement 3 % l'année dernière. Enfin, 6 éditeurs dont 2 membres de la French Tech 120 (FT 120) enregistrent un bond de plus de 10 places, majoritairement lié à des opérations de croissances externes.

Trois tendances technologiques qui perdurent

Côté tendances, le cloud, la cybersécurité et l'intelligence artificielle sont les trois principales tendances technologiques qui tireront le marché en 2023. Toujours bien accroché à la première place, le cloud (SaaS, PaaS, IaaS) semble atteindre un palier à 77 % après quelques années de croissance de 20 % à 50 % par an. Cette année, c'est l'intelligence artificielle qui enregistre la plus forte progression (+7 points) et rejoint ex-aequo la cybersécurité demeure le 2e sujet de préoccupation à 54 %. L'IA et le ML représentent en effet des tendances de fond qui devraient continuer à progresser fortement les prochaines années, à l'instar du potentiel supposé de ChatGPT et consors.

Avec les avancées de l'ordinateur quantique qui nécessite une couche logiciel spécifique, l'informatique quantique fait également son apparition dans le classement. Si ces éditeurs sont encore peu nombreux dans le paysage, le potentiel de croissance de ce segment est lié au développement d'applications de l'IA dans tous les domaines. Deux tendances non technologiques viennent également contribuer à la demande. Il s'agit de la dématérialisation des factures qui passe de 39 % à 53 % et pour laquelle un nombre croissant d'entreprises a commencé et va continuer à se préparer avec en ligne de mire l'échéance de la réforme de 2024 ainsi que la responsabilité sociétale des entreprises (RSE).

Relever le défi des compétences et du financement

« La crise a fait de l'international un levier de croissance privilégié par les entreprises » indique le rapport. Mais cette année, les sociétés envisagent davantage se tourner vers le développement de nouvelles offres. Pour ce faire, 78 % des éditeurs de logiciels prévoient de recruter, avec les difficultés que cela inclut. Dans le secteur des éditeurs de logiciels, l'effectif en R&D a plus que doublé en 10 ans, atteignant 32 000 personnes, et 2/3 des entreprises sont impactées par la pénurie de compétences, qui s'accentue d'année en année. L'effectif R&D pèse désormais 16,7 % de l'effectif total contre 17 % un an plus tôt. Ainsi, alors qu'ils étaient 56 % à voir leur développement impacté en 2021, ils sont 66 % en 2022.

Enfin, à la question de savoir si les éditeurs ont une R&D et un support applicatif offshore en 2022, ils sont 33 % à répondre oui. Parmi les 100 entreprises du palmarès, 30 ont une R&D en France contre 27 en Europe et 28 ont répondu « ailleurs ». Seulement 10 d'entre elles ont un centre de développement à la fois en France, en Europe et dans le reste du monde. À cela s'ajoute le fait que pour financer leur développement, les éditeurs se tournent de moins en moins vers l'introduction en bourse. En 2022, seulement 19 éditeurs sont cotés en bourse, soit le niveau le plus bas depuis 2004. Toutefois, cela pourrait changer à l'avenir si le gouvernement réussit à maintenir son objectif de 10 introductions en bourse d'entreprises technologiques d'ici à 2025.

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