Le gouvernement japonais veut rattraper son retard dans les semi-conducteurs en investissant massivement. (Crédit Photo: Nanoslavic/Pixabay)
Le gouvernement japonais a décidé d'accroître le financement de son marché des semi-conducteurs à hauteur de 13,3 milliards de dollars. Ces fonds s'adresseront à la R&D et au soutien de l'activité de certaines sociétés comme TSMC et Rapidus.
Au terme d'une année d'investissements déjà élevés dans l'industrie japonaise des semi-conducteurs, le gouvernement a annoncé un financement supplémentaire pour soutenir les efforts du secteur dans la fabrication et la R&D. Il a alloué 13,3 milliards de dollars supplémentaires (deux trillions de yens) pour stimuler . Selon le Japan Times, ces fonds devraient être répartis entre la fabrication et la recherche et développement, en précisant que la majeure partie de l'argent servira probablement à soutenir TSMC et Rapidus. Environ 376 millions de dollars (570 milliards de yens) seront affectés à un fonds distinct destiné à améliorer la stabilité de l'approvisionnement du Japon en processeurs, indique encore le média.
Une industrie fortement subventionnée
Cette décision intervient à la fin d'une année au cours de laquelle les subventions gouvernementales et les investissements et innovations des entreprises ont cherché à renforcer de manière significative les capacités de fabrication de puces du pays et à le placer à la pointe de la technologie des semi-conducteurs. En avril, le gouvernement japonais s'est engagé à consacrer 532 millions de dollars à des projets de développement et de fabrication de puces de dernière génération dans le pays, y compris un accord avec Rapidus pour fabriquer des puces de 2 nm au Japon d'ici à 2025.
En juin, le fabricant japonais d'équipements pour semi-conducteurs, JSR, a accepté une offre de rachat de 6,4 milliards de dollars (909,3 milliards de yens) de la part du gouvernement japonais, ce qui a permis au Japon de mieux contrôler la fabrication de résines photosensibles, les produits chimiques utilisés pour l'impression des schémas de circuits sur les plaquettes de puces. De leur côté, Micron et TSMC ont également annoncé des investissements dans l'industrie japonaise des semi-conducteurs. TSMC s'est engagé à investir environ 7,4 milliards de dollars pour créer une seconde usine de fabrication de semi-conducteurs au Japon, tandis que Micron a fait part de son intention d'investir jusqu'à 3,6 milliards de dollars pour introduire la lithographie extrême ultraviolet ou lithographie EUV (Extreme Ultraviolet Lithography, EUV) au Japon. Le mois dernier, la société japonaise Canon a annoncé le lancement d'une machine de lithographie par nano-impression (Nanoimprint Lithography, NIL) qui, selon elle, est capable de produire des puces à 5 nm au plus, et pourrait éventuellement produire des noeuds de 2 nm dans les futures évolutions de la technologie.
Au carrefour de la guerre Etats-Unis et Chine
Le Japon se trouve impliquée dans la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. Au début de l'année 2023, le Japon a accepté d'interdire l'exportation de puces informatiques avancées, d'appareils qui les intègrent et de certains matériels de fabrication de semi-conducteurs, notamment les machines de lithographie extrême ultraviolet. Par conséquent, en plus de soutenir financièrement son industrie des semi-conducteurs, le Japon cherche aussi à former des partenariats avec d'autres instances et à renforcer sa position mondiale dans le domaine des puces. En juillet, le partenariat numérique UE-Japon a été créé pour améliorer la coopération entre les deux régions sur les questions numériques.
Ces partenariats porteront en particulier sur la connectivité par câble sous-marin, l'investissement dans l'informatique quantique et haute performance (HPC), et la réglementation de l'IA. Les gouvernements se sont aussi engagés à surveiller la chaîne d'approvisionnement mondiale en puces et à fournir un soutien aux sociétés japonaises de semi-conducteurs qui cherchent à opérer au sein de l'UE. « Nous pensons qu'il est extrêmement important de sécuriser la chaîne d'approvisionnement des semi-conducteurs », avait alors déclaré à Reuters le commissaire européen Thierry Breton, ajoutant que l'UE cherchait à « réduire les risques » de ses propres chaînes d'approvisionnement en technologies en mettant en oeuvre des politiques visant à réduire sa dépendance à l'égard des technologies fabriquées en Chine, dont les puces.
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