La nouvelle du projet de rachat entre SFR-Numericable et Bouygues Telecom a fortement déplu au ministre de l'Economie Emmanuel Macron. (crédit : D.R.)
Le propriétaire de SFR, Numericable, a offert plus de 10 milliards d'euros pour racheter son concurrent. Bouygues Télécom a convoqué un conseil d'administration pour ce mardi qui tranchera. Le gouvernement s'est déclaré hostile à cette possibilité de rachat et les syndicats sont montés au créneau pour alerter des conséquences sur l'emploi.
Numericable-SFR, propriété du groupe Altice a confirmé ce lundi avoir déposé une offre de rachat du groupe Bouygues Telecom et annoncé que si celle-ci aboutissait, elle envisageait de revendre certains actifs à Iliad, propriétaire de l'opérateur Free. Aucune des entreprises n'a précisé le montant des sommes en jeu. Mais d'après plusieurs sources évoquées par le Journal du dimanche, elle porterait sur plus de 10 milliards d'euros. Les négociations seraient toujours en cours, avec une première échéance fixée à mardi prochain, date à laquelle un conseil d'administration du groupe Bouygues aurait été convoqué pour statuer sur les suites à accorder à cette offre.
Selon le JDD, le schéma en cours prévoirait d'associer Free qui récupérerait une partie des fréquences, des antennes et des boutiques de Bouygues Telecom, le journal a également évoqué le fait qu'Orange - dont l'Etat détient 25% du capital - « reprendrait plusieurs centaines de salariés » de Bouygues Telecom. L'opérateur historique devra en effet face à un vrai choc démographique, avec 30 000 départs en retraite attendus d'ici 2020. Toutefois, un démenti n'a pas tardé à tomber dimanche après-midi. « Orange ne fait pas partie de ce deal et il n'y a pas de discussions aujourd'hui », a souligné un porte-parole de l'opérateur à l'AFP, en ajoutant qu'être ouvert « aux discussions avec les autres acteurs pour voir si nous pouvons faciliter un accord ». « Il est évident que Orange n'acceptera pas la reprise des salariés si ceci ne fait pas partie d'un accord créateur de valeur pour le groupe », a-t-il également précisé à l'agence de presse.
Une annonce qui déplait à Bercy
Si elle aboutit, cette offre va bouleverser le paysage des télécoms français, en particulier celui de la téléphonie mobile. Elle a d'ailleurs été très mal été accueillie par le gouvernement français. « Je dis et répète que la consolidation n'est pas aujourd'hui souhaitable pour le secteur », a réagi dimanche Emmanuel Macron, ministre de l'Economie, dans un courrier adressé à l'AFP. « L'emploi, l'investissement et le meilleur service aux consommateurs sont les priorités. Or les conséquences d'une consolidation sont à ces égards négatives, comme l'ont prouvé les cas récents en Europe ». « Que chacun se concentre sur les engagements pris en matière d'investissement, sur l'innovation, sur l'attribution imminente de la bande (de fréquences) 700 MHz et sur les opérations. C'est cela qui est bon pour l'emploi dans le secteur, pour la production et l'équipement du pays », a-t-il ajouté. Cette offre de rachat a également suscité de fortes inquiétudes chez les représentants syndicaux. Lors du Grand Jury RTL / Le Figaro / LCI, Laurent Berger le secrétaire général de la CFDT, a qualifié le rachat de Bouygues Telecom par SFR de « catastrophe sociale » et de vraie opération financière sans stratégie industrielle ».
Issu du rapprochement entre Numericable Group et SFR, le groupe Numericable-SFR propose une offre de services complets d'accès à Internet, de téléphonie fixe et mobile et de services audiovisuels. Le groupe compte 22,5 millions de clients mobile et 6,5 millions de foyers abonnés au haut débit. Il opère sous les marques SFR Business Team, Completel et Telindus, au service de plus de 190 000 entreprises. Coté sur Euronext Paris et détenu à 78% par le groupe Altice, l'opérateur a réalisé un chiffre d'affaires proforma de 11,4 milliards d'euros en 2014 et rassemble 16 500 collaborateurs.
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