Pour Pascal Brier, vice-président du Syntec, l'industrie doit rapidement rattraper son retard dans le domaine de la transformation numérique.
Dans un contexte de transformation numérique frénétique, le Syntec Numérique constate que les industriels français sont à la traîne. A travers 10 propositions, le syndicat patronal souhaite y remédier.
Les secteurs ne sont pas tous égaux face à la transformation numérique. « Si tout le monde s'accorde pour dire qu'elle est nécessaire, force est de constater que l'industrie accuse aujourd'hui un certain retard par rapport au secteur tertiaire, tiré notamment par les banques et la finance », déclare Pascal Brier, vice-président du Syntec Numérique, lors d'un évènement organisé par le syndicat le mercredi 16 novembre à la Maison de la Mutualité. Et pour preuve, seules 38% des entreprises industrielles ont entamé une initiative de transformation numérique contre 77% dans les domaines de la banque, de la finance et des assurances. Pire encore, 59% d'entre elles n'ont même pas entamé de phase de réflexion.
Il y a pourtant de nombreux axes à développer. « Nous voyons aujourd'hui arriver de très nombreuses innovations dont les robots, la réalité virtuelle, l'IoT, le big data ou encore l'impression 3D qui ont une véritable légitimité dans le monde de l'industrie. Nous constatons toutefois que les entreprises peinent à s'engager dans cette voie », explique Pascal Brier. C'est pourquoi le Syntec Numérique va pousser auprès des autorités publiques 10 propositions censées accélérer l'accès des industries à la transformation numérique. Les plus marquantes concernent surtout l'écosystème, la fiscalité et la formation.
Créer des écosystèmes régionaux
Les trois premières propositions insistent ainsi sur la création d'écosystèmes régionaux pérennes et dynamiques, permettant aux différents acteurs de mutualiser leurs travaux et de mieux identifier les sources de financement et de développement. « Aujourd'hui, les expérimentation restent très complexes dans le domaines. En facilitant la co-création, nous pourrons faciliter le développement et l'adoption des technologies innovantes », explique Pascal Brier.
Pour ce qui est de la fiscalité, le Syntec demande une meilleure définition du Crédit Impôt Recherche (CIR), dans sa quatrième proposition. « Il doit être stabilisé et clarifié pour que les entreprises sachent à quoi s'en tenir. Elles sont trop nombreuses aujourd'hui à ne pas oser l'utiliser, de peur de voir leur budget retoquer », explique Godefroy de Bentzmann, président du Syntec. Dans le même registre, le syndicat recommande la création de crédit d'impôt cyber sécurité. « Aujourd'hui, la sécurisation des PME et des ETI industrielles est une des problématiques majeures du secteur. Elle demande des recherches et des investissements constants », argue Pascal Brier. Il demande en outre à ce que les investissements des industries dans le domaine de la transformation numérique bénéficient de plus de mesures de suramortissement. Le but est la encore de pérenniser l'environnement fiscal.
Des normes et des standards trop divers
La question des normes et des standards a aussi été largement évoquée. « Nous devons aujourd'hui agir au niveau européen, notamment avec l'Allemagne, sur les sujets de l'IoT ou des chaines industrielles, sans quoi nous risquons de nous faire dépasser et contraindre par des normes imposées par les géants américains et asiatiques », déclare Godefroy de Bentzmann. Enfin, la dernière proposition notoire porte sur l'emploi et la formation. Le Syntec demande la mise en place de commissions régionales d'aide au recrutement. Elles devront permettre de mieux accorder l'offre et la demande dans le domaine, que ce soit après des formations courtes ou longues.
Le Syntec mise énormément sur l'élection présidentielle à venir pour pousser ces propositions au plus haut sommet de l'État. « Nous n'avons jamais eu une oreille si attentive de la part des candidats », se réjouit Godefroy de Bentzmann.
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