L'IA stimule les dépenses en serveurs, mais les livraisons continuent de chuter

Jusqu'en 2027, Omdia prévoit une croissance continue de la densité de puissance des racks, de l'amélioration des performances des serveurs et de la consolidation des parcs de serveurs. (Crédit photo : Unsplash)

Jusqu'en 2027, Omdia prévoit une croissance continue de la densité de puissance des racks, de l'amélioration des performances des serveurs et de la consolidation des parcs de serveurs. (Crédit photo : Unsplash)

L'empressement des entreprises à disposer de capacités d'IA basées sur des processeurs très onéreux fait grimper les prix des serveurs, constate le cabinet d'études Omdia.

Selon les projections du cabinet d'études Omdia, les livraisons de serveurs pourraient chuter de 17 % à 20 % en 2023 par rapport à l'année passée. Toutefois, les fabricants devraient voir leurs revenus parallèlement progresser, preuve que les configurations qu'ils commercialisent sont plus robustes et dont plus onéreuses. Omdia s'attend plus précisément à une hausse en valeur du marché de 6 % à 8 % nourrie par l'essor de « l'informatique hétérogène ». Ce signifie qu'au lieu d'acquérir des serveurs embarquant uniquement des puces X86, les clients optent pour des modèles qui intègrent en plus des GPU, DPU, puces de traitement et d'inférence de l'IA et autres silicium. Omdia estime qu'avec l'intégration dans les serveurs d'une telle quantité de composants coûteux, les CPU et les coprocesseurs représenteront 30 % des dépenses des data centers d'ici à 2027, contre moins de 20 % au cours de la décennie précédente. Par ailleurs, le fait que cette évolution soit stimulée par l'IA n'est pas surprenant. Selon Omdia, les priorités d'investissement dans les centres de calcul ont connu un changement radical cette année, à la suite d'une ruée vers les capacités d'IA, rendant les prévisions pour 2023 terriblement difficiles.

Nvidia pris dans des difficultés de livraisons de ses GPU

Nvidia est le fournisseur de GPU le plus populaire en matière de traitement de l'intelligence artificielle, même si ses deux concurrents Intel et AMD sont aussi très à l'affût sur ce marché. Au dernier trimestre, Nvidia a vendu près d'un demi-million de GPU destinés à des data centers, ces produits s'étant vendus aux alentours de 40 000 dollars par carte, si l'on en croit les rumeurs. Même si, lors de sa dernière conférence téléphonique sur les résultats, Nvidia n'a pas fait de commentaires sur la situation de ses capacités à délivrer ses GPU, il semble que l'entreprise rencontre des difficultés sur ce point. Résultat, selon Omdia, les principaux fabricants de serveurs comme Dell, Lenovo et HPE ne sont pas encore en mesure d'honorer les commandes de serveurs GPU de leurs clients. Les OEM ont indiqué que le délai de livraison pour les serveurs configurés avec les GPU Nvidia H100 était de 36 à 52 semaines. Cette situation s'explique en partie par le fait qu'un petit nombre d'acteurs accaparent toute l'offre. Omdia indique par exemple que Microsoft et Meta sont en passe de recevoir 150 000 accélérateurs H100 de Nvidia d'ici à la fin de l'année, soit trois fois plus que les autres grands clients du fabricant de processeurs graphiques, à savoir Google, Amazon et Oracle.

Ces serveurs surpuissants stimulent également la demande pour une meilleure efficacité énergétique et une meilleure gestion de l'énergie. Les opérateurs de data centers ont besoin de plus de puissance de calcul dans la même enveloppe électrique en raison des contraintes en termes d'alimentation. Selon Omdia, au premier semestre 2023, le chiffre d'affaires lié à l'efficacité énergétique des racks a augmenté de 17 % par rapport à l'année dernière, tandis qu'au premier semestre 2023, la croissance des revenus des onduleurs a augmenté de 7 % par rapport à l'an dernier. Le cabinet d'études, qui prévoit dans son rapport « une montée en puissance des services professionnels d'IA générative en vue de leur large adoption par les entreprises en 2024 et au-delà », ajoute que « la seule chose susceptible de freiner le taux actuel de déploiement de l'IA est la disponibilité de l'énergie ». L'IA stimule également la demande pour les systèmes de refroidissement liquide, ceux offrant un refroidissement par air n'étant tout simplement plus efficaces pour les processeurs très chauds utilisés dans l'IA. Les vendeurs de systèmes de refroidissement et les fabricants de serveurs ont indiqué à Omdia que la demande en systèmes de refroidissement liquide direct montait en puissance, en accord avec sa prévision de croissance (+80 %) du chiffre d'affaires issu des ventes de ces dispositifs. Le fabricant de serveurs Super Micro a aussi déclaré récemment que 20 % des équipements qu'il livrera au quatrième trimestre de l'année 2023 seraient équipés d'un système de refroidissement liquide direct.

Vers une consolidation notable des parcs de serveurs

Jusqu'en 2027, Omdia prévoit une croissance continue de la densité de puissance des racks, de l'amélioration des performances des serveurs et de la consolidation des parcs de serveurs. L'accent sera mis sur les performances informatiques pour accompagner la commercialisation de l'IA. Les modèles d'IA, parce qu'ils mobiliseront toujours beaucoup de travail de recherche, nécessiteront beaucoup de réglages, voire de bibliothèques de modèles pré-entraînés. En raison du rythme des progrès, Omdia prévoit des cycles de rafraîchissement significatifs des serveurs, au cours desquels les entreprises donneront la priorité à la consolidation des équipements et à l'amélioration de l'utilisation. La tendance à l'informatique hyper hétérogène, avec des serveurs comportant 1 à 2 CPU et jusqu'à 20 coprocesseurs personnalisés et optimisés pour les charges de travail, devrait assurer une consolidation notable des parcs de serveurs.

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