Quelques mois après les révélations d'Edward Snowden, Juniper signale la présence de code-espion, une back door, dans ses firewalls.
Hier, le fabricant d'équipements réseaux Juniper a fait savoir qu'il avait trouvé du code suspect dans certains modèles de pare-feu de la marque. Cette découverte inquiétante semble faire écho aux soupçons de piratage des firewalls de Juniper par la NSA avec une back door, dont il était fait mention dans les documents fuités par Edward Snowden.
Les produits affectés tournent avec ScreenOS, l'un des systèmes d'exploitation de Juniper, fonctionnant sur une série d'appliances utilisées comme pare-feu et comme support pour le VPN. Selon l'avis publié par l'équipementier, les versions 6.2.0r15 à 6.2.0r18 et 6.3.0r12 à 6.3.0r20 de ScreenOS sont vulnérables. « Le code non autorisé a été découvert pendant un audit récent mené en interne », a expliqué Bob Worrall, le CIO de Juniper. Mais le fabricant n'a pas donné d'information sur l'origine possible de ce code. L'équipementier a livré des correctifs critiques pour réparer le problème. « Pour l'instant, aucun rapport n'indique que ces vulnérabilités ont été exploitées. Cependant, nous recommandons vivement aux clients de mettre à jour leurs systèmes et d'appliquer les versions corrigées sans délai », a écrit le dirigeant.
Une porte dérobée installée en 2012
L'audit interne a mis en évidence deux problèmes. L'un pourrait permettre l'accès à distance en mode administration à une appliance sous ScreenOS en Telnet ou en SSH. Les logs peuvent indiquer une tentative de connexion, mais « un attaquant doué pourrait sans doute supprimer ces entrées et masquer toute trace d'intrusion », a écrit Juniper. La seconde vulnérabilité peut permettre à un attaquant de surveiller et de décrypter le trafic VPN. Les connexions VPN entre un utilisateur et un autre ordinateur sont souvent utilisées par les entreprises pour permettre aux salariés en déplacement un accès distant sécurisé à leurs systèmes. Fait inquiétant : Juniper a écrit « qu'il n'était pas possible de savoir si la vulnérabilité avait été exploitée ».
La première version affectée de ScreenOS, la version 6.2.0r15, a été livrée en septembre 2012, comme l'indique l'avis. Ce qui laisse penser que les attaquants ont pu pirater les pare-feu et les connexions VPN des entreprises utilisatrices de ces matériels depuis longtemps. Les pare-feu sont des cibles très intéressantes pour les pirates quels qu'ils soient, puisque ces appareils surveillent tout le trafic entrant et sortant de l'entreprise. Le piratage d'un fournisseur de premier plan comme Juniper, avec un code spécialement conçu pour espionner le trafic, fait étrangement penser aux opérations de la NSA décrites dans les documents divulgués en 2013 par l'ancien consultant Edward Snowden.
Juniper, Cisco et Huawei ciblés par la NSA ?
Un article paru en décembre 2013 dans le quotidien allemand Der Spiegel parle d'un document de 50 pages répertoriant une liste d'outils matériels et logiciels utilisés par la NSA pour infiltrer les équipements. Dans cette liste figurent les appliances NetScreen de Juniper. Le document mentionne une technique surnommée FEEDTROUGH, utilisée pour implanter de façon durable deux types de logiciels sur un pare-feu NetScreen de Juniper. La technique permet au code-espion de rester sur l'appliance même si elle est redémarrée ou si elle est mise à jour. À l'époque, le Spiegel avait également affirmé que la NSA avait ciblé d'autres grands équipementiers réseaux, dont Cisco et Huawei.
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