Intel : Itanium est-il menacé par l'arrivée du Xéon E7v2 ?

Aujourd'hui, Intel compare sa puce Xeon E7v2 à des processeurs Risc IBM ou Sun. Crédit Intel.

Aujourd'hui, Intel compare sa puce Xeon E7v2 à des processeurs Risc IBM ou Sun. Crédit Intel.

Selon les analystes du marché, la survie d'Itanium ne tient qu'aux obligations contractuelles d'Intel envers les clients actuels.

Il semble que le lancement cette semaine par Intel de sa puce serveur haute performance Xeon E7v2 avec 15 coeurs sonne le glas du processeur Itanium, laquelle équipe essentiellement les serveurs Hewlett-Packard tournant sous les systèmes d'exploitation HP-UX, OpenVMS ou Linux.

Basée sur le jeu d'instructions x86-64, la puce Xeon E7v2 empiète sur le marché occupé par Itanium, d'autant qu'Intel la présente comme une alternative haute performance capable de tourner sous Windows et Linux. Si bien que, selon les analystes, la puce Xeon E7v2 pousse un peu plus Itanium vers la sortie. Les Xeon E7 offrent le débit et les performances nécessaires pour faire tourner des applications in-memory, plus les caractéristiques de fiabilité, de disponibilité et de maintenabilité RAS (reliability, availability and serviceability), qui faisaient la force d'Itanium. « Les avantages qu'offrait la puissante puce Itanium ne sont plus des différentiateurs », a déclaré Jim McGregor, analyste principal chez Tirias Research. Désormais, « Itanium est en mode maintenance, c'est-à-dire qu'Intel continue à le soutenir pour répondre à ses obligations contractuelles », a ajouté l'analyste. « Ça sent la fin de vie ».

HP est le principal client d'Intel pour Itanium

Hewlett-Packard est le seul client important à offrir des systèmes Itanium et le constructeur a conclu des contrats que le fondeur se doit d'honorer. Intel doit aussi aider les clients à passer de l'architecture Itanium vers le x86. « C'est une mort lente et douloureuse », a encore déclaré Jim McGregor. Intel a sorti la dernière puce Itanium, nom de code Poulson, fin 2012, et la prochaine version, nom de code Kittson, ne sera pas prête avant 2015. Kittson pourrait bien être aussi le dernier produit de la gamme. Intel a déjà revu ses projets à la baisse pour Kittson : la puce sera fabriquée selon l'ancien processus de gravure à 32 nm, au lieu du dernier processus à 22 nm prévu initialement, comme le Xeon E7v2. « À long terme, les clients ont intérêt à programmer le passage au x86. Ces puces ont repris le dessus dans les serveurs et sont très compétitives en terme de performance », a déclaré l'analyste.

C'est en 2011 que la question de la pérennité d'Itanium a été mise sur le tapis. Oracle considérait à l'époque que la puce « approchait de sa fin de vie » et l'éditeur avait décidé de ne plus développer de logiciels pour cette architecture spécifique. HP avait déposé plainte contre Oracle pour obtenir des dommages-intérêts et obliger l'éditeur à continuer à soutenir la plateforme. Microsoft a également arrêté de développer des logiciels pour les systèmes Itanium. « Les achats de puces Itanium ont baissé et le report s'est fait sur les puces Xeon », a déclaré Patrick Moorhead, analyste principal chez Moor Insights and Strategy. « Oracle a accéléré le déclin du système en abandonnant le support logiciel. Les investissements pour améliorer la plateforme ont énormément chuté », a ajouté l'analyste. Selon lui, on peut considérer « qu'Itanium est mort », mis à part les engagements qu'Intel doit tenir vis-à-vis des clients actuels.

Une montée en puissance inexorable du Xeon

Selon Patrick Buddenbaum, directeur du segment Enterprise, Datacenter and Connected Systems Group d'Intel, « Itanium reste un élément essentiel du portefeuille d'Intel, et le fondeur continuera à entretenir ce patrimoine ». Le fondeur va privilégier les puces Xeon, mais Intel continuera à vendre Itanium aux clients qui font tourner des systèmes basés sur Unix et des piles d'applications associées. « Il est difficile de sortir des systèmes Unix », a déclaré Patrick Buddenbaum. « À ce stade, cela devient une question de choix », a-t-il ajouté. « HP va continuer à investir dans les serveurs Unix Integrity NonStop construits autour des puces Itanium », a déclaré pour sa part Kate O'Neill, directrice du marketing mondial, Servers Group de HP. « Nous proposons toujours Itanium à nos clients, même si une majorité opte pour les serveurs x86 », a-t-elle ajouté.

En début de semaine, HP a lancé un serveur Proliant DL580 Gen8 intégrant la dernière puce v2 Xeon E7. HP a également mis des puces Xeon dans les serveurs Integrity NonStop, à la place des puces Itanium traditionnellement utilisées. « Les serveurs Itanium jouent un rôle important dans la stratégie de HP en matière de serveurs critiques dans l'entreprise, en particulier pour les charges de travail basées sur les systèmes d'exploitation HP-UX et OpenVMS », a ajouté Kate O'Neill. « Mais, parallèlement, on constate que certains clients cherchent à unifier leur centre de calcul autour du x86 », a-t-elle précisé. « Nous avons ajouté des capacités de mise à l'échelle et des fonctions de résilience dans notre ligne x86, si bien que les clients peuvent aussi envisager ces solutions pour leurs charges de travail exigeantes ».

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