Meg Whitman, CEO de HP, va devoir répondre aux questions du juge Charles Breyer, de la cour du district nord de Californie, au sujet de l'acquisition d'Autonomy. Crédit D.R.
Hewlett-Packard et sa CEO, Meg Whitman, vont devoir répondre devant la justice au recours collectif des actionnaires qui reprochent à l'entreprise et à sa dirigeante de ne pas les avoir clairement informé sur l'acquisition d'Autonomy. Mais le juge qui a statué a également déclaré que les plaignants devraient limiter leurs requêtes aux déclarations faites après le 23 mai 2012.
En octobre 2011, HP avait déboursé plus de 10 milliards de dollars pour acheter l'éditeur de logiciels britannique Autonomy. Mais, fin 2012, lors de l'annonce d'une perte record de plus de 12 milliards de dollars sur l'année en cours, le groupe avait imputé une charge de 8,8 milliards de dollars pour couvrir une perte résultant de ce que HP avait qualifié « de graves irrégularités comptables de la part des dirigeants d'Autonomy avant la transaction ». Le recours collectif déposé en novembre 2012 au nom du demandeur principal PGGM Vermogensbeheer BV fait valoir que HP et d'autres défendeurs désignés « savaient ou auraient dû savoir » que « des gouvernances d'entreprise, des auditeurs, des médias et des analystes avaient mis en doute la valeur d'Autonomy, soupçonnaient des pratiques comptables frauduleuses et se demandaient notamment si les taux de croissance et les marges de l'entreprise britannique n'avaient pas été artificiellement gonflés ».
Mardi, Charles Breyer, juge de la cour du district nord de Californie, a jugé la plainte recevable. Mais sa décision n'est pas entièrement favorable aux plaignants. « En premier lieu, la plainte n'avance aucune raison cohérente pour expliquer pourquoi les défendeurs auraient acheté, en connaissance de cause, une entreprise à un prix égal à plusieurs fois sa valeur réelle ou qu'ils savaient que la comptabilité d'Autonomy présentait des irrégularités », a déclaré le juge Breyer. « Il est peu vraisemblable que les défendeurs aient eu connaissance de la fraude avant la finalisation du rachat, et qu'ils aient décidé de maintenir leur offre ». Charles Breyer a également estimé que l'affaire ne pouvait se baser que sur les déclarations faites par les défendeurs sur l'état d'Autonomy après le 23 mai 2012. Selon la plainte, c'est à cette date qu'un ancien cadre dirigeant d'Autonomy a dénoncé certaines pratiques et que l'ancien CEO de l'éditeur, Mike Lynch, était démissionné de la direction de la division Information Management de HP. « Cela implique que c'est seulement à partir de cette date que Meg Whitman a pu prendre connaissance des allégations de l'informateur n°4 » écrit-il.
Cependant, selon la plainte, lors d'une conférence téléphonique ultérieure, quand elle a évoqué la performance financière d'Autonomy, la CEO d'HP aurait « omis une information importante dont elle aurait disposé à l'époque, à savoir qu'elle n'excluait pas une fraude comptable pour expliquer la faible performance de l'entreprise », a écrit le juge Breyer. « Meg Whitman savait que si les allégations de l'informateur n°4 étaient vraies, le manque de performance d'Autonomy pouvait s'expliquer par une fraude et non par « une gestion d'entreprise défaillante n'ayant pas su s'adapter aux nouveaux défis » », a-t-il ajouté. « Or, la décision de la CEO d'HP de mettre en avant des défauts de gestion pour expliquer les mauvaises performances de l'entreprise, sans évoquer la possibilité d'une fraude comptable qu'elle savait plausible, est une omission importante ». Par ailleurs, Charles Breyer a rejeté les plaintes déposées contre l'ancien CEO de HP, Leo Apotheker, Myke Lynch et trois autres personnes également citées. Hier, un porte-parole de HP a refusé de commenter cette décision à nos confrères d'IDG NS à San Francisco.
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