En la personne d'Alcatel, Nokia se paye un champion français du numérique

Le centre de recherche d'Alcatel-Lucent à Vélizy-Villacoublay. Crédit: D.R

Le centre de recherche d'Alcatel-Lucent à Vélizy-Villacoublay. Crédit: D.R

L'acquisition d'Alcatel-Lucent par son concurrent Nokia a été actée cette nuit par le conseil d'administration de l'équipementier français. Après Thomson ou Alstom, c'est un autre géant français qui disparaît.

Trop petit, pas assez investi sur les créneaux porteurs comme les réseaux mobiles, Alcatel-Lucent (ALU) va bien être racheté par le Finlandais Nokia. Il s'agit bien d'un rachat et non pas d'un rapprochement comme tentent de l'expliquer les services de communication.  En mai dernier, nous vous annoncions déjà des discussions entre les deux équipementiers.

ALU compte 53 000 collaborateurs dans le monde, Nokia 55 000 dont 20 000 en R&D chez le premier et 16 000 chez le second. La firme d'Espoo propose 0,55 action Nokia pour chaque titre Alcatel-Lucent, ce qui valorise le groupe franco-américain à 15,6 milliards de dollars, soit 4,48€ par titre. Les actionnaires de Nokia détiendront 66,5% du groupe et ceux d'Alcatel-Lucent 33,5%. Selon un communiqué de presse d'ALU, « chaque conseil d'administration a approuvé les termes de la transaction proposée, qui devrait être finalisée au premier semestre 2016. » Le siège de l'entreprise, tout simplement baptisée Nokia Corporation, sera basé en Finlande. Pour contribuer à financer l'intégration et la réorganisation, le géant finlandais n'exclut pas de céder son activité de cartographie et de navigation GPS Here, valorisée un peu plus de 2 Md€.

La CFDT très inquiète pour l'emploi
 

Les inquiétudes sur l'emploi en France et en Finlande ont immédiatement percé. La CFDT Métallurgie FGMM a tout de suite réagi avec un communiqué indiquant que le rachat faisait l'objet de rumeurs depuis des mois en interne chez ALU. « Les salariés et la CFDT, organisation majoritaire dans le groupe ALU en France, sont inquiets d'une telle annonce ». Alcatel-Lucent sort tout juste d'une sérieuse réorganisation, le fameux plan Shift porté par le directeur général Michel Combes, qui a vu le recentrage de l'activité de l'équipementier autour de deux axes, réseaux IP et accès haut débit, et la suppression de 15 000 postes, avec une réduction nette de 10 000 postes d'ici fin 2015. Toutes les zones géographiques étaient concernées avec 4 100 suppressions de postes en Europe, Moyen-Orient et Afrique (zone EMEA), 3 800 en Asie-Pacifique et 2 100 sur le continent américain. « Ce plan a provoqué en France la fermeture de 4 sites (Orvault, Rennes, Toulouse, Ormes) avec des mobilités contraintes pour environ 400 salariés, la suppression de 600 emplois et l'externalisation de près de 500 emplois » déclare la CFDT.

Au sujet de l'acquisition d'ALU par Nokia, le syndicat pointe que « les activités commerciales (Sales), support, centrales (General), administratives (dont le siège) sont très menacées, puisque ce rachat [...] provoquerait des doublons et, au passage, la disparition du groupe français pourtant centenaire et probablement la disparition de son siège à Paris ». L'idée d'un autre champion européen des télécoms, avec Ericsson, peut certes séduire mais on assiste de nouveau à la disparition d'un géant français après Thomson, Areva, Alstom... « La France devient de plus en plus comme l'Angleterre des années 80, on y fabrique de moins en moins, et ce qui y est fabriqué, l'est par des filiales des entreprises étrangères », nous a expliqué un journaliste britannique, spécialisé dans les nouvelles technologies.

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