Huit ans après le lancement de S/4HANA, SAP a enfin comblé l'écart de capacité entre la version cloud privé et son ancien ERP Central Component. (crédit : Freepik)
Pour inciter les clients à passer à la version cloud privé de S/4HANA et à terme adopter son offre Rise, SAP, abat ses cartes. Migration gratuite, mises à jour de fonctionnalités plus fréquentes et deux ans de maintenance supplémentaire sont proposées.
SAP fait passer de un à deux ans l'intervalle entre les versions majeures de la version cloud privée de S/4HANA, mais promet de publier des packs de fonctionnalités tous les six mois environ pour maintenir le rythme de l'innovation. L'entreprise étend également la durée de la maintenance à sept ans, contre cinq aujourd'hui. Ces changements prennent effet avec la version 2023 du logiciel disponible dès maintenant. La bonne nouvelle pour l'éditeur allemand, c'est que beaucoup d'entreprises optant pour l'offre cloud de S/4HANA sont de nouveaux clients, ce qui est à même de faire grandir sa part de marché. La mauvaise nouvelle, c'est que la masse de clients qui utilisent encore l'ancien système ECC ou son système S/4HANA sur site ne migre pas aussi rapidement que le souhaiterait l'entreprise vers des offres cloud comme Rise with SAP, son offre d'abonnement de licences, d'hébergement et de gestion d'applications.
En étendant à deux ans le rythme des versions majeures de l'édition privée de S/4HANA Cloud, SAP espère rendre l'offre plus attractive car ce délai facilite le travail de mise à jour des systèmes pour les DSI. Mais ce seul changement aurait envoyé un message contradictoire après la récente déclaration de Christian Klein, CEO de SAP, selon laquelle seuls les clients achetant les éditions cloud de ces produits par le biais de l'offre Rise bénéficieraient d'innovations majeures, en particulier dans le domaine de l'IA générative. La promesse de livrer des packs de fonctionnalités semestriels entre les versions majeures de la plateforme va contribuer à rassurer les clients sur le fait que le cloud est bien l'environnement sur lequel aller. « Un pack de fonctionnalités est moins perturbant qu'une mise à niveau, car il est simplement ajouté à la version actuelle », a déclaré Eric van Rossum, directeur du marketing et des solutions pour SAP Cloud ERP.
Un écart dans les capacités
Huit ans après le lancement de S/4HANA, SAP a enfin comblé l'écart de capacité entre la version cloud privé et l'ancien ERP Central Component (ECC). « Il n'y a vraiment aucune raison fonctionnelle de ne pas passer à l'action maintenant », a déclaré Eric van Rossum. Et c'est tant mieux, car SAP ne promet de prendre en charge l'ECC que jusqu'à la fin de l'année 2027. La plus grande différence qui subsiste entre les deux plates-formes concerne la gestion des services, qui permet aux entreprises de suivre et de facturer les abonnements, les contrats de service ou de maintenance. « Nous avons comblé l'écart sur toutes les capacités fonctionnelles, ce que chacun exigerait d'un processus de gestion des services, et nous l'avons modernisé pour mieux refléter la façon dont est gérée une entreprise de services aujourd'hui », fait savoir Eric van Rossum.
Le premier objectif de SAP est d'amener les clients à utiliser les éditions cloud public ou privé de S/4HANA, puis de faire en sorte qu'ils adhèrent à son offre Rise. Mais pour cela, le fournisseur va devoir convaincre les entreprises qui ont acheté une licence perpétuelle pour leur système ERP il y a plusieurs années et dont le coût de la maintenance est indexé sur cette licence. Car le passage à Rise implique de l'abandonner et de souscrire un abonnement. De plus, les clients qui ne seront pas satisfaits de Rise devront racheter leur licence perpétuelle s'ils veulent rester sur la plateforme de SAP. « SAP ne va pas rendre la revente de la licence perpétuelle attractive après son abandon », a mis en garde de son côté David Lees, directeur technique chez le fournisseur de services SAP Basis Technologies, estimant par ailleurs qu'il « faudra être très confiant sur l'apport de Rise, sur le long terme, et sur le fait que SAP ait à coeur les intérêts des clients, ce qui est pour moi l'un des plus grands risques de Rise ». Basis, qui a récemment interrogé 200 entreprises utilisant SAP en Europe et aux États-Unis sur leurs plans de mise à niveau, a découvert que 50 % d'entre elles repoussaient la migration vers S/4HANA parce qu'elles avaient l'impression que la date de fin de vie de l'ECC, fixée à 2027, était encore loin. En réalité, quatre ans, ce n'est pas si long pour planifier et exécuter une migration d'un système à un autre, tout en passant au cloud.
L'IA générative à la rescousse
Parallèlement au changement du calendrier de mise à jour de l'édition privée de S/4HANA Cloud, SAP cherche à activer de nouveaux leviers pour surmonter ces doutes et améliorer l'adoption de Rise. Le groupe a notamment introduit un nouveau framework d'adoption pour aider les entreprises à planifier leur conversion. Celui-ci est soutenu par l'utilisation de son outil Signavio d'analyse des processus pour la mise en place d'une analyse de rentabilisation du changement. D'autre part, le fournisseur propose ce qu'il appelle un « kit d'évolution du client » assorti de sessions avec des experts SAP pour élaborer rapidement un plan de transformation personnalisé. L'aide supplémentaire sera disponible pour les clients qui utilisent encore ECC, ou qui utilisent déjà S/4HANA, mais sur site. « Nous allons travailler avec nos clients dans le cadre d'ateliers individuels pour voir où ils en sont, et leur proposer une offre spécifique et une feuille de route pour les aider à évoluer », a déclaré Eric van Rossum.
« SAP cherche également comment utiliser l'IA pour à réduire le temps et le coût du processus de migration », poursuit Eric van Rossum, en particulier pour des tâches d'automatisation des tests ou de création de documents. « L'IA générative peut être d'une grande aide à cet égard », a-t-il ajouté. L'introduction de cette technologie dans Rise with SAP se traduira aussi par l'introduction d'un niveau de tarification Premium Plus, qui, selon le dirigeant, « permettra aux clients d'accéder à de nouvelles capacités comme l'automatisation des réceptions de marchandises pour la gestion du transport ».
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