BYOD : comment concilier les souhaits des salariés, des DSI et des DRH ?

Le Bring your own device (BYOD) est plus qu'un thème  à la mode, pour en avoir le coeur net, IDC et Bouygues Télécom Entreprises publient la 2ème édition de leur Observatoire (*). Elle met à jour les sentiments contradictoires des salariés et de leur entreprise, des salariés eux-mêmes et de leur direction

 

Pour conduire cet Observatoire, IDC a interrogé deux panels, un de salariés, au nombre de 795, l'autre de responsables informatiques, 240, uniquement du secteur privé. Confronter est bien le terme qui convient. Des salariés émane une forte pression pour utiliser les outils personnels. Une pression récente.  Les salariés font également preuve de craintes avec l'empiètement sur leur vie personnelle. Inversement, les entreprises se montrent hésitantes, bousculées par leurs salariés, mais prudentes quant à l'encadrement des nouvelles activités ou l'ouverture des SI.

Cette étude a le grand mérite de mettre des chiffres derrière ce qui restait un concept. Côté salariés, 40% d'entre eux ont demandé à leurs DSI d'ouvrir l'accès du SI à leurs outils personnels. « Une ouverture qui peut être de différents niveaux, explique Nathalie Feeney d'IDC (en photo), les salariés veulent d'abord accéder aux outils collaboratifs, comme l'agenda, ensuite c'est le décisionnel, après, troisième niveau, c'est l'ouverture possible aux applicatifs spécifiques ».

72% travaillent en dehors de leurs horaires de travail

Mais ce BYOD n'est pas une simple question de technologies. Il concerne aussi bien  les usages que les outils, la DRH que la DSI. Le cadre de travail par exemple s'élargit encore plus. Le travail remarque l'étude s'effectue aussi bien au bureau, 80% des cas, qu'au domicile, 6%, dans les déplacements professionnels, 11%, ou lors des trajets domicile/travail. C'est un salarié sur deux, 44%, qui travaille pendant son trajet domicile / travail. Et 72% des salariés travaillent en dehors de leurs horaires de travail. 61% de leur domicile, même ponctuellement, 45% régulièrement.

Dans ce cadre, les outils de mobilité (smartphones, PC portables, tablettes) permettent, selon 49% des salariés interrogés, de travailler mieux et plus efficacement. La médaille a évidemment son revers : le « allways on ». Deux salariés sur trois estiment que le travail déborde sur leur temps de loisirs. Pour 45% des répondants sur leurs voyages personnels, 3 sur 4 sur le week-end, 2 sur 3 en vacances, 1 sur 3 au petit déjeuner, 41% devant la télé. L'enquête n'a pas franchi la porte de la chambre à coucher, il y aurait pourtant beaucoup à dire.

51% utilisent leurs propres outils

Des outils de plus en plus d'origine personnelle. 51% des salariés interrogés vont dans ce sens. 20% d'entre eux utilisent régulièrement leurs outils personnels pour des activités professionnelles, 16% de manière occasionnelle, 15% rarement. Un total de 51%. 29% ne le font jamais, car ce n'est pas autorisé, 19% parce qu'ils s'y refusent.

Inversement, les entreprises ont du mal à entrouvrir la porte. Dans 65% des réponses, l'utilisation d'un terminal personnel n'est pas autorisée par l'entreprise. Parfois c'est toléré. Dans des cas infimes, l'entreprise accepte mais ne rembourse rien (ni l'achat ni l'utilisation). Cas encore plus limités, ceux où l'entreprise encourage en prenant en charge tout ou partie des frais d'acquisition ou d'utilisation.

En devenant plus mature, le BYOD devient aussi plus contradictoire. Les salariés poussent, car leurs usages personnels sont plus développés et leurs outils souvent plus performants. En même temps, ils craignent d'être encore plus envahis dans leur espace personnel. L'entreprise, elle, hésite à ouvrir ses applicatifs ou ses règlements. Pour des raisons également contradictoires. L'efficacité sera peut être au rendez-vous, mais par exemple, si le salarié utilise ses outils personnels dans le cadre de son travail, le fait-il toujours pour des activités professionnelles ou aussi pour d'autres qui n'ont rien à voir avec l'entreprise ? Et dans ce cas, est-ce le prix à payer pour accepter cette tendance dans l'entreprise ? Est-ce un combat d'arrière garde ou une avancée ? Qui finance, qui sécurise, qui répare, dans quelles tanches horaires ? Autant de questions sans réponse tranchée.

(*) Observatoire de l'informatique et des télécoms au service des nouvelles organisations du travail.

 

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