Hans-Christoph Quelle, directeur général de Secusmart, a dévoilé la SecuTablet lors du Cebit 2015. (crédit : D.R.)
Au salon de Hanovre consacré aux technologies informatiques et du numérique, les poids-lourds Blackberry, Samsung et IBM ont uni leurs forces pour lancer une tablette faisant la part belle au chiffrement. Cette dernière repose sur un modèle spécial de Galaxy Tab S 10.5.
Blackberry fait son retour sur le marché des tablettes. Mais cette fois, contrairement à la Playbook, le constructeur canadien a décidé de ne se jeter seul dans la bataille en s'aidant de Samsung Electronics, IBM et du spécialiste allemand en chiffrement Secusmart qu'il a racheté à l'été 2014. La tablette en question n'a cependant rien à voir avec la PlayBook 2, sur laquelle le constructeur canadien était, d'après certaines rumeurs, censé travailler.
La SecuTablet, développée à l'origine par Secusmart et IBM pour un ministère du gouvernement allemand, est ainsi une tablette Samsung Galaxy Tab S 10.5 LTE de 16 Go dotée de logiciels d'IBM et d'une carte MicroSD spéciale de Secusmart. Celle-ci contient plusieurs coprocesseurs de chiffrement qui protègent les données et gèrent le chiffrement voix/données (128-bits AES). Quant à Samsung, sa technologie de démarrage sécurisée Knox sert à vérifier que le système d'exploitation tournant sur la tablette est intact. Dans cette chaîne de sécurité, la contribution d'IBM consiste à « envelopper » certaines applications dans une couche de code supplémentaire qui intercepte et crypte les flux de données en utilisant le hardware de Secusmart.
Une tablette pour répondre à la classification sécurité de l'OTAN
Hans-Christoph Quelle, directeur général de Secusmart, espère qu'avant de fin de l'année, l'agence fédérale allemande de sécurité informatique, la BSI, accordera au couple Knox-Secusmart la certification de sécurité qui répond à la classification de l'OTAN « Nato Restricted ». « Le projet avait débuté bien avant l'acquisition de Secusmart par BlackBerry », a déclaré le directeur général, qui est également vice-président senior de BlackBerry. « L'accord a suscité de nombreux débats au plus haut niveau au sein de BlackBerry, IBM et du ministère allemand, pour savoir s'il fallait ou non poursuivre le projet », a encore déclaré Hans-Christoph Quelle.
La question s'est aussi posée après le rapprochement entre IBM et Apple qui se sont associés pour offrir des applications d'entreprise. Finalement, malgré leur union, le projet de tablette sécurisée a survécu. Entre autres choses, le constructeur canadien, dont les parts sur le marché du smartphone se sont considérablement réduites, souhaitait vendre ses services de sécurité sur le plus de plates-formes possibles. Au mois de novembre, BlackBerry a annoncé que son logiciel de gestion serait compatible avec les appareils Samsung, et le mois dernier, au Mobile World Congress de Barcelone, le constructeur canadien a annoncé que son système de chiffrement data/voix SecuSUITE et son outil de gestion WorkLife seraient disponibles sur les appareils Samsung équipés de Knox.
Un projet initialement développé par le gouvernement allemand
« Les entreprises ou institutions équipées de la tablette sécurisée pourront, dans leurs politiques de contrôle, définir quelles applications peuvent tourner sur les terminaux, et décider si ces applications doivent être enveloppées ou non », a déclaré le porte-parole d'IBM Allemagne, Stefan Hefter. Ce processus « d'enveloppement » consiste à ajouter des bibliothèques supplémentaires à une application téléchargée sur un app store public pour chiffrer le trafic réseau et empêcher certaines actions d'Android comme le couper/coller des données.
« Dans le cas d'une application téléchargée sur un app store privé, l'enveloppement permet de garantir que les données de l'entreprise sont protégées dans toutes conditions d'utilisation », a ajouté le porte-parole. Par exemple, il est possible d'empêcher le copier/coller de données contenues dans un courriel sécurisé vers l'application Facebook installée sur l'appareil, mais de permettre l'opération dans un environnement de collaboration sécurisé, ou vers toute autre application faisant partie du même groupe, a-t-il encore déclaré.
Secusmart vendra le terminal en Allemagne, IBM sur d'autres territoires. Initialement, le projet avait été développé pour le gouvernement allemand, mais le directeur général de Secusmart pense que des clients d'IBM pourraient également être intéressés par le produit. Évidemment, il ne faut pas s'attendre à ce qu'un tel produit soit bon marché. « La SecuTablet coûtera 2250 euros environ avec la carte de chiffrement MicroSD de Secusmart, le logiciel d'emballage et de gestion, et un an de maintenance », a-t-il déclaré. Comparativement, la tablette non modifiée Galaxy Tab S 10.5 de Samsung coûte autour de 450 euros.
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