Autorisation 5G temporaire pour Huawei en France

Les opérateurs télécoms français utilisant des équipements du constructeur chinois Huawei (Bouygues Telecom et SFR en tête) pour leurs futurs services commerciaux 5G pourront recevoir de la part de l'ANSSI une autorisation d'exploitation comprise entre 3 et 8 ans. Sans bannir strictement Huawei du territoire française, cette décision favorise les solutions 5G Nokia et Ericsson.

La France fermerait-elle un peu plus les portes du marché 5G à Huawei ? La décision de l'Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d'Information d'annoncer que les opérateurs télécoms français utilisant des équipements 5G du constructeur chinois pourront recevoir des autorisations d'exploitation limitées :  entre 3 et 8 ans, sans exclure pour autant des refus. Annoncée par le directeur général de l'ANSSI  Guillaume Poupard aux Echos, cette décision ne devrait pas manquer d'agacer un peu plus Bouygues Telecom et SFR qui utilisent déjà des équipements Huawei (coeur de réseau et antennes) pour fournir leurs services 4G et pensaient bien s'appuyer dessus pour des services 5G non standalone. « L'opération de changement des antennes d'un opérateur doit forcément s'étaler dans la durée. Ce sont d'ailleurs eux qui ont exigé cela », a pointé Guillaume Poupard qui assure par ailleurs que l'ANSSI n'est pas dans une posture de « Huawei bashing » et qu'elle entretient avec cette société « de bonnes relations ».

La décision de l'ANSSI d'accorder des autorisations d'exploitation limitées dans le temps pour les équipements Huawei 5G des opérateurs français a été prise sur la base d'une analyse des risques. « Nous sommes prudents vis-à-vis des équipementiers non-européens, évidemment, tout comme nous le serions aussi par exemple si tous les opérateurs avaient recours au même équipementier, même s'il était français, ce serait catastrophique [...] Le risque n'est pas le même avec des équipementiers européens qu'avec des non-européens. Il ne faut pas se mentir », a fait savoir Guillaume Poupard. L'ANSSI n'est pas seule à avoir soulevé les risques cyber induits par le recours à des équipements 5G non européens. Dans un rapport sorti en octobre 2019, c'était également le cas de l'Union européenne qui avait quelques mois plus tard lancé un plan d'action pour sécuriser la 5G.

Bouygues Telecom et SFR prêts à poursuivre l'Etat en justice L'annonce de la délivrance de ces autorisations devrait sans doute être diversement appréciée parmi les opérateurs télécoms français. Pour Orange, qui a fait le choix de se tourner vers Nokia et Ericsson pour déployer son futur réseau 5G sur le territoire, cela ne devrait pas poser de problème. Mais concernant Bouygues Telecom et SFR, c'est une autre histoire, les deux opérateurs utilisant pour près de la moitié de leur réseau des équipements du constructeur chinois, ces derniers avaient même menacé de poursuivre l'Etat en justice en cas d'interdiction des équipements Huawei pour le déploiement de leur réseau 5G.

On voit là toute la subtilité de l'annonce de l'ANSSI qui, au lieu de sonner l'hallali de l'interdiction, a choisi d'annoncer une autorisation d'utilisation à géométrie variable. Une façon comme une autre de faire avaler la pilule et laisser le temps aux opérateurs de se retourner sans les mettre au pied du mur. « Le plus mauvais cadeau à leur faire serait de leur donner des autorisations pour un an. Ce serait criminel ! », a lancé Guillaume Poupard. Qui a parlé de ménager la chèvre et le chou ?

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