(13/06/03) - Rester un éditeur de progiciels indépendant, chef de file de son marché et doubler de taille en augmentant sa profitabilité. C'est l'objectif de SAP, d'ici trois à cinq ans, tel que le définit Léo Apotheker, président des ventes mondiales de l'éditeur allemand de progiciels de gestion. Surtout, le numéro un mondial du marché entend montrer un visage serein et faire montre de constance au moment où le secteur clôt l'une de ses semaines les plus folles. Se sentant agressés par la surenchère d'Oracle (n°2) qui cherche à contrer leur fusion, JD Edwards (n°4) et PeopleSoft (n°3) montrent désormais les dents. Le premier assigne la société de Larry Ellison en justice, réclamant 1,7 Md$ de dommages et intérêts au cas où Oracle ferait échouer le rapprochement avec PeopleSoft. Le conseil d'administration du second s'est quant à lui rallié à la position de son PDG Craig Conway, refusant de céder aux avances de Larry Ellison. SAP en embuscade Commentant ces remous, Léo Apotheker regrette la façon dont les choses se passent. Estimant que la déclaration de Larry Ellison indiquant qu'il cesserait les développements sur l'offre PeopleSoft en cas de rachat, est pour le moins inhabituelle dans l'industrie du progiciel. "Cela ne s'était jamais passé ainsi sur notre secteur", déplore le patron des ventes de SAP. "De nombreux clients de PeopleSoft et de J.D. Edwards sont déstabilisés. La confiance que les entreprises placent dans la qualité du travail des éditeurs qu'ils ont choisis s'en trouve ébranlée et cela déstabilise l'industrie du progiciel dans son ensemble. In fine, c'est mauvais pour tout le monde. Nous pouvons en tout cas rassurer nos clients : cela n'arrivera pas chez nous". Et SAP de jouer sa carte à fond : estimant "avoir des responsabilités sur ce secteur qu'il a créé", le numéro un des PGI a lancé mardi, au niveau mondial, une opération de communication vers les clients de PeopleSoft et de J.D. Edwards, prenant lui-même contact avec certains d'entre eux. Il fera des propositions de migration vers ses propres solutions à ceux qui le souhaiteront. "Les clients de J.D. Edwards ont un problème encore plus grand que ceux de PeopleSoft", explique Léo Apotheker. A ceux de PeopleSoft, Oracle présente une solution de rechange, alors que ceux de J.D. Edwards n'en ont pas". Au final, quelle que soit l'issue des tractations, la situation devrait profiter à SAP. Si le rachat de PeopleSoft par Oracle n'aboutit pas, ces deux éditeurs en ressortiront affaiblis (Oracle ayant implicitement fait l'aveu qu'il avait besoin de PeopleSoft). "Si la fusion se fait, nous resterons simplement concurrents d'Oracle". L'éditeur allemand estimait détenir fin mars 54 % de parts sur son marché au niveau mondial (en se basant sur les ventes de licences des quatre derniers trimestres). Il n'envisage pour l'instant aucune croissance externe. "Cela n'a jamais été notre stratégie de développement, rappelle Léo Apotheker, nos rachats ont toujours été motivés par l'acquisition d'une technologie. On peut toujours changer d'avis, mais ce n'est pas à l'ordre du jour".
SAP prévoit de doubler de taille d'ici trois à cinq ans sur un marché tourmenté
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