Quelle est la réalité du cloud privé dans les entreprises françaises ?

De gauche à droite, Karine Brunet, de Steria, Jean-Marc Defaut, de HP France, et Patrice Duboé, de Capgemini, en débat sur le cloud privé, ce matin à Paris. (crédit photo : D.R.)

De gauche à droite, Karine Brunet, de Steria, Jean-Marc Defaut, de HP France, et Patrice Duboé, de Capgemini, en débat sur le cloud privé, ce matin à Paris. (crédit photo : D.R.)

Le cloud privé semble se cantonner à un rôle d'infrastructure, la construction d'un catalogue de services étant encore peu répandu. Un débat organisé ce matin par le nouveau club de la presse informatique B to B (le CPI-B2B).

Tous les fournisseurs IT vendent du cloud privé aux entreprises, mais quelle est la réalité du terrain. Si sous l'appellation « cloud privé », on doit trouver un modèle en self-service, élastique à la hausse et à la baisse et fourni par un acteur de confiance, la DSI, à même de faire du « capacity management » et de commissionner et dé-commissionner des serveurs, on n'y est pas encore vraiment, faisait remarquer ce matin Karine Brunet, directrice des lignes de services industrielles chez Steria, à l'occasion d'un débat organisé sur le sujet par le CPI-B2B (club de la presse informatique B2B).

Propos tempéré par Jean-Marc Defaut, directeur de l'activité cloud chez HP France, qui reconnaît néanmoins qu'il y a dans ce domaine un vrai problème dans les DSI, dans la mesure où construire un catalogue de services implique de passer à une culture de marchands. Avec notamment une pression sur les délais. Comment, par exemple, faire accepter la livraison d'une machine virtuelle en six semaines, « ce qui représente le délai moyen », alors que les utilisateurs veulent une application mobile en deux semaines. D'où l'existence d'une IT cachée, qualifiée de « shadow IT », certains se tournant dès lors vers le cloud public. « A cause des délais, trop longs, il y a des millions qui passent dans le cloud public et qui ne sont pas assumés par la IT », assure Jean-Marc Defaut. Pourtant, livrer des environnements à la volée, en cinq minutes, construire un catalogue de services pour les clients, ou instaurer un service de portail complet et livrer cela sur une architecture mutualisée en provisionnant et en dé-commissionnant, « cela existe aujourd'hui, mais peu le font », admet-il.

L'obsession de la combinaison coût/valeur/délai 

Ce qui relève du cloud privé, c'est plutôt l'infrastructure, estime pour sa part Patrice Duboé, responsable de la communauté des architectes de Capgemini au niveau mondial. Il fait remarquer que les clients du cloud privé se trouvent du côté de la DSI, alors que ce sont plutôt les métiers qui se tournent vers le cloud public et le SaaS. « Pour transformer l'existant, on est plutôt sur du cloud privé ». Avec des réserves, bien entendu. « Il n'y a aucun intérêt à y mettre un CRM existant », pointe à sa suite Karine Brunet en confirmant : « l'intérêt du cloud privé, c'est l'IaaS et le PaaS ». On mutualise, les serveurs de fichiers et autres, on fait du burst dans le cloud public pour faire appel à des ressources complémentaires, etc.

Pour Jean-Marc Defaut, le cloud doit être 100% automatisé, savoir ajuster le nombre de systèmes sur le nombre d'accès simultanés, en tenant le SLA de bout en bout. Or, tant que la DSI ne se pose pas en broker de services avec une obsession coût/valeur/délai... Néanmoins, les DSI sont en train de changer, poursuit le directeur de l'activité cloud chez HP France. « Ils pensent services mais ils n'ont pas encore fait le chemin. Ce ne sont pas encore des marchands. Quand ils exposent un catalogue de services, ils commencent à être benchmarkés par les utilisateurs qui disent trouver moins cher sur le cloud. Quand on se met à vendre en interne, on s'expose à la concurrence et on devient obsédé par la combinaison coût/valeur/délai. ».

En complément, Karine Brunet souligne qu'il convient d'être très vigilant, dans l'évolution du catalogue applicatif, sur tous les aspects de middleware qui sont pour l'instant cachés. « Nous savons montrer des ROI rapides sur les couches basses. Par contre, on ne regarde pas d'autres points comme le TCO ou la gestion du patrimoine applicatif ».

Des compétences middleware et des profils d'architecte

Autre question abordée ce matin, le passage au cloud va-t-il induire de nouveaux métiers. « Sur la partie exploitation, toutes les compétences middleware vont devenir hyper critiques », insiste Karine Brunet en ajoutant que nous n'avons pas en France d'usines à former des ingénieurs dans ce domaine. « Cela révolutionne aussi le métier des architectes qui doivent avoir une vision très large du système d'information et de l'infrastructure pour comprendre comment on va pouvoir jouer avec le privé/public. »

Patrice Duboé confirme : « Nous n'avons pas pléthore de personnes qui comprennent à la fois les applications et l'infrastructure. Et il y aura moins d'emplois dans l'administration, c'est évident. L'idée, c'est d'avoir un système d'information dans lequel on arrête de redévelopper des composants qui existent. Les perspectives sont énormes et les architectes sont au coeur de cette problématique. »       

 



Le rôle du RSSI

Le RSSI a été l'alibi n°1 pour passer en cloud privé. « Lui est conscient qu'il y a du SaaS et du PaaS et qu'il va devoir changer les compétences de ses équipes et devoir être fort sur les capacités d'audit pour être sûr que tout l'écosystème respecte les standards de sécurité définis », notait ce matin Karine Bunet, directrice des lignes de services industrielles chez Steria.

s'abonner
aux newsletters

suivez-nous

Publicité

Derniers Dossiers

Publicité