L'enseigne de distribution de produits informatiques dispose d'une période de six mois d'observation pour proposer un plan de sortie de crise au tribunal de commerce. Bien qu'il en soit convaincu, difficile de croire que les fournisseurs du distributeur vont continuer de l'approvisionner dans sa situation.
Comme le révélait hier notre confrère Channelnews, Surcouf vit des heures difficiles. Le distributeur de produits informatiques propriété d'Hugues Mulliez, un des héritiers du groupe Auchan, a été placé en redressement judiciaire le 29 février. L'entreprise bénéficie d'une période d'observation de six mois qui doit lui permettre de poursuivre son activité et d'élaborer un plan de redressement. « L'approvisionnement de nos magasins sera assuré comme par le passé tout comme les commandes des clients seront honorées », a expliqué un porte-parole de Surcouf à Distributique.com. Mais, un doute plane bien évidemment sur la capacité de l'enseigne à continuer d'achalander ses linéaires. En effet, le plan de redressement judiciaire dont elle fait l'objet a pour effet de geler les créances de ses fournisseurs et, sans doute, de la priver de tout ou partie de ses encours. « Jusqu'ici, Surcouf ne bénéficiait que d'un encours très bas de la part des assurances crédit. Nous y avions ajouté un encours maison pour travailler avec eux, explique un cadre d'un des fournisseurs du distributeur. Au vue de sa situation actuelle, il n'est pas question que nous poursuivions notre collaboration avant d'avoir récupéré les sommes qui nous sont dues. »
Pour ce fournisseur, les déboires de Surcouf ne sont pas vraiment une surprise : « Lorsqu'il était encore dans le giron du groupe PPR, Surcouf allait mal depuis des années. Quand l'enseigne a été rachetée en juin 2009 par les magasins Youg's [Ndlr : propriété de Hugues Mulliez], l'entreprise continuait de perdre de l'argent. » Les choses ne se sont donc pas arrangées depuis. Ainsi, lors de son exercice 2011 le distributeur a vu son chiffre d'affaires plonger de 20% à 170 M€ et ses pertes atteindre 34 M€, selon des membres de son comité d'entreprise joints par Channelnews. En réaction, Surcouf avait dû être recapitalisé pour un montant de 20 M€. La même année, Surcouf avait fermé deux de ses magasins durant l'été, l'un à Belle Epine (94), l'autre à Strasbourg.
Une stratégie destructrice de marges
Il est donc loin le temps où Hugues Mulliez, alors tout nouveau dirigeant de l'enseigne, annonçait vouloir « repositionner Surcouf en tant que leader sur son marché. » A l'époque, ce dernier misait notamment sur une nouvelle stratégie qui consistait à proposer les mêmes prix en magasins et en ligne alors que les structures de coûts de ses deux canaux de distribution sont différentes. Une option difficile à tenir quand on connaît les faibles marges sur lesquelles vivent les distributeurs informatiques grand public. Résultat, Surcouf est revenu par la suite à une politique de prix plus en adéquation avec son métier de revendeur en magasins. En outre, selon Channelnews, les salariés de Surcouf reprochent à leur direction notamment les licenciements de 174 collaborateurs en 2010, parmi lesquels figuraient bon nombre de personnes détentrices du savoir-faire de l'entreprise.
Reste maintenant à savoir comment Surcouf va remonter la pente. Hugues Mulliez pourrait-il compter sur la solidarité familiale et voir son enseigne reprise par le groupe Auchan ? Peu d'observateurs du marché croient à cette option, si elle ne devait dépendre que de son efficacité économique. Déjà détenteur des magasins Boulanger, le géant de la distribution aurait, en effet, peu d'intérêt à reprendre les points de ventes Surcouf. Pas plus qu'il ne devrait être intéressé par Surcouf.com dont il est un des concurrents à travers le site de commerce électronique GrosBil.com.
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