Les risques de faillite de Bull affolent la bourse

(27/06/03) - C'est désormais la crainte de la faillite qui s'est emparée d'une grande partie des actionnaires de Bull. Jeudi, le titre du constructeur français s'est effondré, perdant 33,62% à 0,77 € à la clôture de la Bourse de Paris. A l'origine de la débandade, un discours alarmiste de Pierre Bonelli devant l'assemblée générale du groupe. Le PDG de Bull a annoncé la sortie de l'Etat, actionnaire à hauteur de 16,3% du capital, et la difficulté à trouver de nouveaux investisseurs. Pire, selon lui, faute de solutions le groupe pourrait envisager un dépôt de bilan. Une absence de garanties financières qui se double d'une grande difficulté à honorer les dettes contractées auprès de l'Etat. Le 17 juin était la date limite fixée par la Commission européenne pour que le groupe Bull rembourse l'avance de trésorerie de 450 M€ consentie par le gouvernement de Lionel Jospin, les intérêts étant à compter en sus. A ce jour, aucun remboursement n'a eu lieu. Chez Bull, à la date fatidique, on se voulait serein : "Conformément à ce qui avait été annoncé suite au conseil d'administration du 30 avril dernier, le remboursement sera effectué dans le cadre de la recomposition du capital de l'entreprise. Cette recapitalisation suit son cours et sera bouclée d'ici à la fin de l'été. Plusieurs solutions sont actuellement envisagées : franco-française, franco-européenne et américaine. Bruxelles a été tenu informé de la situation et nous espérons que la Commission européenne n'engagera pas de procédure à notre encontre. Nous travaillons avec elle dans un esprit de parfaite coopération". Et Bercy de confirmer : "L'Etat français a dit, lors du conseil d'administration du 30 avril dernier, qu'il n'entendait pas exiger de Bull le remboursement de sa dette avant la concrétisation effective des discussions engagées sur la recapitalisation qui devrait intervenir dans le courant de l'été. Nous travaillons dans un esprit de coopération avec la Commission européenne pour résoudre le problème le plus rapidement possible". Il s'avère cependant que "l'esprit de coopération", invoqué côté français, ne souffle que dans un seul sens. En effet, bien que restant très diplomatique dans son expression, Tilman Lueder, porte-parole du commissaire européen à la concurrence, chargé des aides d'Etat, s'est étonné que Bull admette officiellement ne pas avoir remboursé sa dette. Il a rappelé le principe associé aux aides à la restructuration, à savoir qu'il ne peut s'agir que d'une aide unique justifiée par une restructuration garantissant l'absence de nécessité de toute nouvelle aide durant dix ans. Or, dans le cas de Bull, l'aide de 450 M€ était une avance de trésorerie qualifiée de "sauvetage" qui venait s'ajouter à une précédente aide de restructuration. Difficulté à tenir ses obligations financières et à attirer de l'argent frais, désengagement de l'Etat programmé, risque de voir France Télécom - autre actionnaire de référence avec 16% du capital - quitter le navire dès que possible : l'avenir de Bull s'assombrit de jour en jour. Seules lueurs d'espoir dans le ciel du constructeur : une base installée GCOS d'autant plus stratégique qu'elle concerne directement la DSI de Bercy et surtout un retour à la rentabilité d'exploitation et à un cash flow positif annoncé début juin.

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